L’Encyclopédie/1re édition/ARABESQUE ou MORESQUE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 569).
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ARABESQUE ou MORESQUE, s. m. ouvrage de peinture ou de sculpture, qu’on nomme ainsi des Arabes & des Mores, qui employoient ces sortes d’ornemens au défaut de réprésentations humaines & d’animaux que leur religion défendoit d’employer. On fait encore usage de ces ornemens, que l’on exécute en peinture seulement & non en sculpture, tels qu’on en voit au château de Meudon, à celui de Sceaux, de Chantilly, à la Ménagerie, à Trianon, &c. peints par Audran avec beaucoup d’art, de feu, & d’invention. Berin, Gillot & Vateau ont aussi excellé dans ce genre d’ornement, dont on s’est servi pour fabriquer aux Gobelins & à la Savonerie quelques tapisseries des appartemens du Roi, des portieres, des paravens, & autres meubles de cette espece, auxquels ces sortes d’ornemens sont propres, & non ailleurs ; aussi nos meilleurs architectes n’en font-ils usage que là, ou tout au plus dans de petits appartemens, comme chambre & salle des bains, cabinets de toilette, garde-robes, &c. & méprisent le mauvais goût de ces sculpteurs qui prodiguent ces ornemens chimériques & imaginaires dans les appartemens qui demandent de la gravité ; au lieu de leur préférer ce que la nature nous offre de plus beau dans ses productions. (P)