L’Encyclopédie/1re édition/ANANISAPTA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 406).
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ANANISAPTA, terme de Magie, espece de talisman ou de préservatif contre la peste & les autres maladies contagieuses, qui consiste à porter sur soi ce mot écrit ananisapta.

Delrio le regarde comme un talisman magique, & fondé sur un pact avec le démon, & le met au nombre de ceux qu’on portoit comme des préservatifs contre les fievres pestilentielles, & qui étoient conçûs en trois vers écrits d’une certaine maniere qu’il n’explique point, & dont il ne cite que celui-ci.

Ananischapta ferit, mortem quæ lædere quærit

Il en cherche l’origine dans le Chaldéen ou l’Hébreu חנני, choneni, miserere mei, & שופט, schophet, par lesquels on implore la miséricorde d’un Juge, mais non pas celle de Dieu. Ana, אנא, ajoûte-t-il, dans les mysteres de la cabale, signifie un esprit où sont les notions innées, & auquel préside l’ange que les cabalistes appellent ענים, anim, qui manifeste à l’homme la vérité ; d’où vient le mot תכע, henag, que d’autres prononcent ana, & qui signifie idole ; d’où vient ענני, anani, divination, & schaphat, שפּמ, qui signifie que cette idole ou ce mauvais ange, juge que la maladie naît de maléfice, & en indique le remede. Il dit encore que les cabalistes ont voulu mettre dans le mot ananisapta, autant de mots différens, qu’il y a de lettres, & qu’ainsi ce mot signifie A. antidotum, N. Nazareni, A. auferat, N. necem, I. intoxicationis, S. sanctificet, A. alimenta, P. pocula, T. Trinitas, A. alma. Qui signifient que la mort de Jesus-christ qui a été injuste de la part des Juifs, frappe de la part de Dieu la mort, c’est-à-dire, le démon, &c. & il traite cette explication de rêverie : la sienne est un peu plus savante ; c’est au lecteur à juger si elle est plus sensée. Delrio, disquisit. magicar. Lib. III. part. II. quæst. 4. sect. viij. pag. 463. & 464. (G)