L’Encyclopédie/1re édition/ANANAS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 405-406).
ANANDAL  ►

ANANAS, (Hist. nat.) genre de plante observé par le P. Plumier : sa fleur est monopétale, faite en forme d’entonnoir, divisée en trois parties, & posée sur les tubercules d’un embryon ; qui devient dans la suite un fruit charnu, plein de suc, & fait comme une pomme de pin. Voyez Planche XXVIII. fig. 5. il renferme de petites semences faites en forme de rein, & couvertes d’une coëffe. Tournefort, Inst. rei herb. app. Voyez Plante. (I)

* On en distingue six especes, selon Miller, où l’on peut voir leurs descriptions. La premiere qu’il appelle ananas aculeatus, fructu ovato, carne albidâ, est, selon lui, la plus commune en Europe : mais il ajoûte que l’ananas aculeatus, fructu pyramidato, carne aureâ, qui est la seconde espece, est préférable à la premiere, parce que son fruit est plus gros, & d’un meilleur goût, & que son suc est moins astringent. Cette espece pousse ordinairement de dessous son fruit six ou sept rejettons, ce qui la fait multiplier aisément, & peut la rendre, dit Miller, commune en peu d’années.

Les curieux cultivent la troisieme espece, ananas folio vix serrato, pour la variété seulement ; car le fruit n’en est pas si bon que celui des especes précédentes.

La cinquieme espece, ananas aculeatus, fructu pyramidato, virescente, carne aureâ, est maintenant fort rare en Europe ; elle passe pour la meilleure ; en Amérique les curieux la cultivent préférablement aux autres : on la peut faire venir des Barbades ou du Montferrat.

La sixieme qu’on appelle en Botanique, ananas, fructu ovato, ex luteo virescente, carne luteâ, est venue de la Jamaïque ; elle n’est pas encore commune en Angleterre, dit Miller ; ceux qui ont goûté de son fruit, assûrent qu’il a beaucoup de saveur. Mais comme elle est tardive, elle s’accommode plus difficilement de notre climat. Son fruit est un mois de plus à mûrir que le fruit des autres.

J’ai oüi parler, continue le même Botaniste, d’une autre espece d’ananas, dont la chair est jaune en dehors, & verte en dedans ; mais je ne l’ai jamais vûe.

L’ananas, fruit dont la saveur surpasse celle de tous les fruits qui nous sont connus, est produit par une plante, dont la feuille ressemble à celle de l’aloès, pour l’ordinaire dentelée comme elle, mais moins épaisse & moins pleine de suc.

Elle a été apportée des établissemens des Indes orientales dans ceux des Indes occidentales, où elle est devenue très-commune & d’un excellent acabit. Il n’y a pas long-tems qu’on la cultive en Europe, & qu’elle y donne du fruit. M. le Cour de Leyde est le premier qui l’ait cultivée avec succès ; après plusieurs tentatives inutiles, il a enfin trouvé un degré de chaleur propre à lui faire porter un fruit, plus petit à la vérité qu’aux Indes occidentales, mais aussi bon, au jugement de personnes qui ont vécu long-tems dans l’une & l’autre contrée.

Le tems de la maturité des bons ananas est depuis le commencement de Juillet jusqu’au mois de Septembre. Ce fruit est mûr, lorsqu’il répand une odeur forte, & qu’il cede sous le doigt : il ne conserve son odeur sur la plante, que trois ou quatre jours ; & quand on le veut manger parfait, il ne faut pas le garder plus de vingt-quatre heures après l’avoir cueilli. Dict. de Miller.

On tire par expression de l’ananas un suc dont on fait un vin excellent, qui fortifie, arrête les nausées, réveille les esprits, provoque les urines, mais dont les femmes enceintes doivent s’abstenir. On confit les ananas, & cette confiture est bonne pour les personnes d’un tempérament foible. Lémery.