L’Encyclopédie/1re édition/ALLEGORIQUE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 280).
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ALLEGORIQUE, adj. (Théol.) ce qui contient une allegorie. Voyez Allegorie. Les Théologiens distinguent dans l’Ecriture deux sortes de sens en général, le sens littéral & le sens mystique. V. Sens Litteral & Mystique.

Ils subdivisent le sens mystique en allegorique, tropologique & anagogique.

Le sens allégorique est celui qui résulte de l’application d’une chose accomplie à la lettre, mais qui n’est pourtant que la figure d’une autre chose : ainsi le serpent d’airain élevé par Moyse dans le desert pour guérir les Israëlites de leurs plaies, représentoit dans un sens allégorique Jesus-Christ élevé en croix pour la rédemption du genre humain.

Les anciens Interpretes de l’Ecriture se sont fort attachés aux sens allégoriques. On peut s’en convaincre en lisant Origene, Clément d’Alexandrie, &c. mais ces allégories ne sont pas toûjours des preuves concluantes, à moins qu’elles ne soient indiquées dans l’Ecriture même, ou fondées sur le concert unanime des Peres.

Le sens allégorique proprement dit, est un sens mystique qui regarde l’Eglise & les matieres de religion. Tel est ce point de doctrine que S. Paul explique dans son Epître aux Galates : Abraham duos filios habuit, unum de ancillâ, & unum de liberâ : sed qui de ancillâ, secundum carnem natus est ; qui autem de liberâ, per repromissionem : quæ sunt per Allegoriam dicta. Voilà l’allégorie ; en voici le sens & l’application à l’Eglise & à ses enfans : Hæc enim sunt duo testamenta ; unum quidem in monte Sina, in servitutem generans ; quæ est Agar . . . . Illa autem quæ sursum est Jerusalem libera est, quæ est mater nostra . . . . Nos autem fratres, secundum Isaac promissionis filii sumus . . . . Non sumus ancillæ filii, sed liberæ ; quâ libertate Christus nos liberavit. Galat. cap. jv. vers. 23. 24. 25. 26. 29. 31. (G)