L’Encyclopédie/1re édition/ALIMENTAIRE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 269-270).
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ALIMENTAIRE, adj. (Physiolog.) ce qui a rapport aux alimens ou à la nourriture. Voyez Nourriture, &c.

Les anciens Medecins tenoient que chaque humeur étoit composée de deux parties ; une alimentaire & une excrementitielle. Voyez Humeur & Excrément.

Conduit Alimentaire, est un nom que Tyson & quelques autres Auteurs donnent à cette partie du corps, par où la nourriture passe depuis qu’elle est entrée dans la bouche, jusqu’à sa sortie par l’anus ; & qui comprend le gosier, l’estomac, les intestins. Voyez Estomac, &c.

Morgagni regarde tout le conduit alimentaie (qui comprend l’estomac, les intestins, & les veines latées) comme formant une seule glande, qui est de la même nature, qui a la même structure & les mêmes usages que les autres glandes du corps. Voyez Glande.

Chaque glande a ses vaisseaux différens, secrétoires & excrétoires, & aussi son réservoir commun, où la matiere qui y est apportée reçoit sa premiere préparation par voie de digestion, &c.

Dans cette vaste & importante glande que forme le conduit alimentaire, le gosier & l’œsophage sont le vaisseau déférent ; l’estomac est le réservoir commun ; les veines lactées sont les vaisseaux secrétoires ; autrement les couloirs ; & les intestins depuis le pylore jusqu’à l’anus, sont le canal excrétoire. Ainsi les fonctions de cette glande, comme de toutes les autres, sont principalement quatre ; savoir, la solution, la séparation, la secrétion, & l’excrétion.

Conduit alimentaire, s’entend aussi quelquefois du canal thorachique. Voyez Thorachique. (L)

Loi Alimentaire (Jurisprud.) étoit une loi chez les Romains qui enjoignoit aux enfans de fournir la subsistance à leurs pere & mere. V. Alimens. (H)

Alimentaires, adj. pris subst. (Hist. anc.) nom que donnoient les Romains à de jeunes garçons & de jeunes filles qu’on élevoit dans des lieux publics, comme cela se pratique à Paris dans les hôpitaux de la Pitié, des Enfans-rouges, &c. Ils avoient comme nous des maisons fondées où l’on élevoit & nourrissoit des enfans pauvres & orphelins de l’un & de l’autre sexe, dont la dépense se prenoit ou sur le fisc ou sur des revenus certains laissés par testament à ces établissemens, soit par les Empereurs, soit par les particuliers. On appelloit les garçons alimentarii pueri ; & les filles alimentariæ puellæ. On les nommoit aussi souvent du nom des fondateurs & fondatrices de ces maisons. Jule Capitolin, dans la vie d’Antonin le Pieux, rapporte que ce Prince établit une maison en faveur des filles orphelines, qu’on appella Faustiniennes, Faustinianæ, du nom de l’Impératrice épouse d’Antonin ; & selon le même auteur, Alexandre Severe en fonda une autre pour des enfans de l’un & de l’autre sexe, qu’on nomma Mamméens & Mamméennes, du nom de sa mere Mammée : Puellas & pueros, quemadmodum Antoninus Faustinianas instituerat, Mammæanas & Mammæanos instituit. Jul. Capitol. in Antonin. & Sever. (G)