L’Encyclopédie/1re édition/AGUI L’AN NEUF

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 191).

AGUI L’AN NEUF, (Hist. mod.) quête que l’on faisoit en quelques Diocèses le premier jour de l’an pour les cierges de l’Eglise. Il paroît que cette cérémonie instituée d’abord pour une bonne fin, dégénéra ensuite en abus. Cette quête se faisoit par de jeunes gens de l’un & de l’autre sexe : ils choisissoient un chef qu’ils appelloient leur follet, sous la conduite duquel ils commettoient même dans les Eglises des extravagances qui approchoient fort de la Fête des Fous. Voyez Fête des Fous.

Cette coûtume fut abolie dans le Diocèse d’Angers en 1595 par une ordonnance synodale : mais on la pratiqua encore hors des Eglises ; ce qui obligea un autre synode en 1668 de défendre cette quête qui se faisoit dans les maisons avec beaucoup de licence & de scandale, les garçons & les filles y dansant & chantant des chansons dissolues. On y donnoit aussi le nom de bacchelettes à cette folle réjoüissance, peut-être à cause des filles qui s’y assembloient, & qu’en langage du vieux tems on appelloit bachelettes. Thiers, Traité des Jeux.

Au gui l’an neuf, (Hist. anc.) cri ou refrain des anciens Druides, lorsqu’ayant cueilli le gui de chêne le premier jour de l’an, ils alloient le porter en pompe soit dans les villes, soit dans les campagnes voisines de leurs forêts. On cueilloit ce gui avec beaucoup de cérémonies dans le mois de Décembre ; au premier jour de l’an, on l’envoyoit aux Grands, & on le distribuoit pour étrennes au peuple, qui le regardoit comme un remede à tous maux, & le portoit pendu au cou, à la guerre, &c. On en trouvoit dans toutes les maisons & dans les temples. (G)