L’Encyclopédie/1re édition/ACACIA

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* ACACIA, s. m. c’est une sorte de petit sac ou de rouleau long & étroit. Les Consuls & les Empereurs depuis Anastase l’ont à la main dans les médailles. Les uns veulent que ce soit un mouchoir plié qui servoit à l’Empereur pour donner le signal de faire commencer les jeux : les autres, que ce soit des mémoires qui lui ont été présentés ; c’est l’avis de M. du Cange : plusieurs, que ce soit un petit sac de terre que les Empereurs tenoient d’une main, & la croix de l’autre, ce qui les avertissoit que tout grands qu’ils étoient, ils seroient un jour réduits en poussiere. Le sac ou acacia fut substitué à la nappe, mappa, que l’Empereur, le Consul, ou tout autre Magistrat avoit à la main, & dont il se servoit pour donner le signal dans les jeux.

Acacia, s. m. en latin pseudo-acacia, arbre à fleurs légumineuses & à feuilles rangées ordinairement par paires sur une côte. Le pistil sort du calice & est enveloppé par une membrane frangée : il devient dans la suite une gousse applatie qui s’ouvre en deux parties, & qui renferme des semences en forme de rein. Les feuilles de l’acacia sont rangées par paires sur une côte qui est terminée par une seule feuille. Tournefort Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Acacia, acacia nostras, s. m. est celui que l’on appelle l’acacia commun de l’Amérique ; il ne s’éleve pas bien haut ; son bois est dur & raboteux, son feuillage long & petit donnant peu d’ombrage ; ses branches sont pleines de piquans. Il est propre à planter des berceaux, croît fort vite, & produit dans le printems d’agréables fleurs à bouquets. Cet arbre est sujet à verser ; & l’usage où l’on est de l’étêter, le difforme beaucoup : il donne de la graine. (K)

Acacia, suc épaissi, gommeux, de couleur brune à l’extérieur, & noirâtre ou roussâtre, ou jaunâtre en-dedans ; d’une consistance ferme, dure, s’amollissant dans la bouche ; d’un goût austere astringent, non desagréable, formé en petites masses arrondies du poids de quatre, six, huit onces, & enveloppé de vessies minces. On nous l’apporte d’Egypte par Marseille ; on estime le meilleur celui qui est récent, pur, net, & qui se dissout facilement dans l’eau. On tire ce suc des gousses non mûres d’un arbre-appellé acacia folio scorpioidis leguminosæ, C. B. P. C’est un grand arbre & fort branchu, dont les racines se partagent en plusieurs rameaux, & se répandent de tous côtes, & dont le tronc a souvent un pié d’épaisseur, & égale ou même surpasse en hauteur les autres especes d’acacia. Il est ferme, garni de branches & armé d’épines ; ses feuilles sont menues, conjuguées, & rangées par paires sur une côte de deux pouces de longueur : elles sont d’un verd obscur, longues de trois lignes, & larges à peine d’une ligne. Les fleurs viennent aux aisselles des côtes qui portent les feuilles, & sont ramassées en un bouton sphérique porté sur un pédicule d’un pouce de longueur ; elles sont d’une couleur d’or & sans odeur, d’une seule piece en maniere de tuyau grêle, renflé à son extrémité supérieure, & découpé en 5 quartiers. Elles sont garnies d’une grande quantité d’étamines & d’un pistil qui devient une gousse semblable en quelque façon à celle du lupin, longue de cinq pouces plus ou moins, brune ou roussâtre, applatie, épaisse d’une ligne dans son milieu, plus mince sur les bords, large inégalement, & si fort retrécie par intervalle, qu’elle représente 4. 5. 6. 8. 10. & même un plus grand nombre de pastilles applaties liées ensemble par un fil. Elles ont un demi-pouce dans leur plus grande largeur, & la partie intermédiaire a à peine une ligne : l’intérieur de chacune est rempli par une semence ovalaire, applatie, dure, mais moins que celle du cormier ; de couleur de chataigne, marquée d’une ligne tout autour comme les graines de tamarins, & enveloppée d’un mucilage gommeux, & un peu astringent ou acide, & roussâtre. Cet arbre est commun au grand Caire ; on arrose d’eau les gousses qui ne sont pas encore mûres ; on les broie : on en exprime le suc qu’on fait bouillir pour l’épaissir, puis on le met en petites masses. Ce suc analysé donne une portion médiocre de sel acide, très-peu de sel alkali, beaucoup de terre astringente, & beaucoup d’huile ou subtile ou grossiere. On le place entre les astringens incrassans & repercussifs : il affermit l’estomac, fait cesser le vomissement, arrête les hémorrhagies & les flux de ventre : on le donne depuis 3 β. jusqu’à 3 j. sous la forme de poudre ou de bol, ou dans une liqueur convenable. Les Egyptiens en ordonnent tous les matins à ceux qui crachent le sang la quantité d’un gros dissoûte dans une liqueur, &c.

Le suc d’acacia entre dans la thériaque, le mithridat, les trochisques de Karabé, & l’onguent styptique de Charas.

Il sert aux Corroyeurs du grand Caire pour noircir leurs peaux. A cet acacia vrai on substitue souvent l’acacia nostras. Voyez Acacia nostras. Le suc de l’acacia nostras est plus acide que l’autre ; on le tire des cerises de cette plante récentes & non mûres : il a à peu près les mêmes propriétés que l’acacia vrai.