L’Emploi des mathématiques en économie politique/Préface
L’emploi des mathématiques en économie politique n’est pas une nouveauté, il est, en effet, comme l’a fait observer W. St. Jevons, aussi ancien que la science économique elle-même ; et l’économie mathématique ne constitue pas une curiosité académique, car, dès 1900, le Dr L. Winiarsky pouvait annoncer au « Congrès international de l’enseignement des sciences sociales » qu’elle était enseignée dans une vingtaine d’universités. Mais à l’heure où le génie étranger donne un nouvel essor à l’application des mathématiques aux sciences sociales dont les pionniers et les protagonistes, A.-N. Isnard, A. Cournot. E.-J. Dupuit et L. Walras, furent des Français, nous avons cru intéressant d’essayer de constituer le dossier d’une cause qui semble avoir été trop souvent jugée sans instruction préalable.
C’est le but que nous nous sommes proposé dans ce travail qui comprend trois parties ayant respectivement pour objet : l’opportunité, l’historique et la consistance de l’emploi des mathématiques en économie politique.
Dans la première partie, après avoir indiqué les raisons qui justifient cet emploi et le rendent même indispensable, nous avons examiné les diverses objections de principe qu’il a soulevées.
Dans la seconde partie, la plus délicate à traiter pour nous à raison de la grande notoriété de certains auteurs, nous avons rapidement passé en revue les principaux économistes mathématiciens, en nous efforçant de mettre en évidence les nouvelles conceptions qui se sont peu à peu dégagées de leurs différents travaux.
Enfin, dans la troisième partie, nous avons tenté de montrer, d’après leurs auteurs originaux, la consistance générale des résultats acquis. Dans ces deux dernières parties nous avons d’ailleurs accordé une large part à l’examen de diverses questions qui ont fait l’objet de controverses entre les économistes mathématiciens, parce que certains économistes littéraires ont conclu à la condamnation de l’emploi des mathématiques en économie politique du seul fait de l’existence de conflits entre les partisans de cet emploi eux-mêmes, sans se rendre compte que ces controverses ne témoignent nullement de véritables contradictions.
Ajoutons que si nous nous sommes appliqué à ne laisser dans l’obscurité aucun point essentiel, nous n’avons par contre nullement la prétention d’avoir révisé toutes les questions relatives à l’emploi des mathématiques en économie politique, ce qui nous aurait entraîné bien au delà du cadre que nous nous sommes tracé, pour ne donner que l’illusion d’une étude mieux documentée par suite du faible intérêt général des éléments qui seraient venus alourdir notre exposé.
N. B. — Eu égard à la multiplicité des indications bibliographiques qui figurent dans ce travail, nous n’avons, pour plus de simplicité, mentionné tout au long le titre de chaque ouvrage qu’une seule fois, à une page dont le numéro est indiqué entre crochets dans les autres citations.