L’Autre monde (Cyrano de Bergerac)/Les Mazarinades/Notice

Texte établi par Frédéric Lachèvre, Garnier (p. 267-268).


LES MAZARINADES

DE CYRANO DE BERGERAC


Paul Lacroix n’a connu, en dehors de la Lettre contre les Frondeurs des Œuvres diverses, 1654, qu’une mazarinade (253) en vers sig. D. B. : Le Ministre d’État flambé, 1649, et n’a pas recherché celles en prose qui portaient ces initiales. Pierre Brun a refusé Le Ministre d’État flambé à Cyrano, sous le prétexte que ce pamphlet ne cadrait pas avec la Lettre contre les Frondeurs, qui est d’avril 1651. L’argument est inopérant. Dans les premiers mois de 1649, Cyrano ne pouvait être qu’anti-mazariniste (voir la notice biographique) et, en 1651 sa situation était tout autre : Désabusé, n’ayant eu aucun succès près des Princes, en mal d’impécuniosité, s’est-il adressé à Mazarin en lui offrant le secours de sa plume, ou le Cardinal a-t-il fait appel à son ancien adversaire, se donnant ainsi la satisfaction de se voir célébrer par celui-là même qui l’avait attaqué avec une violence inouïe ? Cette dernière hypothèse est assez vraisemblable, le factum de Cyrano n’ayant pas été imprimé à l’époque de sa composition.

Aux deux mazarinades ci-dessus, nous en ajoutons six autres :

Deux, en quelque sorte de condoléances intéressées, signées B. D. (Bergerac Dyrcona) pour les distinguer de ses pièces politiques :

Lettre de consolation envoyée à madame la duchesse de Rohan sur la mort de feu monsieur le duc de Rohan, son fils, surnommé Tancrède, Paris, Claude Huot, 1649.Lettre de consolation envoyée à madame de Chastillon pour la mort de monsieur de Chastillon, Paris, Jean Brunet, 1649.

Et quatre signées D. B. (de Bergerac) comme Le Ministre d’État flambé :

Le Gazettier des-intéressé. Paris, Jean Brunet, 1649. — La Sibylle moderne ou l’oracle du temps, id., 1649. — Le Conseiller fidèle, Paris, id., 1649. — Remontrances des trois États à la Reyne régente pour la paix, id., 1649.

Ces petits pamphlets, dont le style est remarquable, ayant perdu beaucoup de leur intérêt, nous ne reproduisons que Le Ministre d’État flambé, un extrait de la Remontrance des trois États (celle du Peuple) et la Lettre contre les Frondeurs.


Notes

253. Les mazarinades en prose comme en vers, portées dans un panier, étaient criées dans les rues et principalement sur le Pont-Neuf, devant l’horloge de la Samaritaine, qui était le rendez-vous des badauds et des aigrefins.