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Faut-il ajouter que pendant les quelques jours que nous passâmes encore en Danemark, Vasilicht ne nous quitta point. Il nous fallut boire avec lui bien des brocs de bière à la santé du czar, et, quand le moment de notre départ arriva, il eut presque les larmes aux yeux en nous serrant la main sur le pont du paquebot qui devait nous ramener à Lübeck. Bien longtemps nous l’aperçûmes debout sur le quai de la douane, agitant sa toque en signe d’adieu. Puis la ville se perdit dans l’éloignement, le bateau sortit des passes de Copenhague et s’élança vers la pleine mer.

Souvent, depuis notre rentrée à Paris, nos pensées se reportèrent vers cet ami que nous avions laissé en Danemark ; la singularité des circonstances de notre rencontre, les souvenirs de notre séjour à l’île de Hveen et la façon dont nous l’avions quittée, firent le sujet de bien des causeries. Mais le cœur de l’homme n’est fait que d’oubli, et, peu à peu, au souffle des préoccupations de chaque jour, l’aventure s’effaça de notre mémoire. Pour ma part, je n’y songeais plus, quand l’autre jour, on sonna à ma porte : j’allai ouvrir et je ne pus retenir une exclamation de surprise en apercevant Vasilicht qui me tendait la main : derrière lui une jeune femme se dissimulait en souriant, un peu timide, un peu gauche.

— Comment, Vasilicht, vous à Paris ?…

— Eh ! sans doute, reprit-il le plus tranquillement du monde : ne vous ai-je point fait pressentir que dans l’île de Tycho-Brahé j’avais découvert un trésor ?…

— Comment ? vous avez réussi ?…

— Sans doute, j’ai réussi… en voici la preuve.

En disant ces mots, Vasilicht me présentait sa compagne, et je reconnus, toute rougissante, très gracieuse dans sa simple toilette de voyage, Frida Federsen.

Vasilicht amenait son trésor à Paris… en voyage de noces.


FIN.

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