L’Art de greffer/Restauration des arbres par la greffe

G. Masson Éditeur (p. 400-425).

X. — Restauration des arbres par la greffe

Le greffage permet de rectifier la charpente défectueuse d’un arbre ou de modifier, par la transformation de l’espèce, la nature de son bois, de ses fleurs ou de ses fruits. Examinons les moyens d’y réussir.

[1]

restauration de la charpente de l’arbre

La charpente irrégulière d’un arbre sera rétablie, du moins en partie, au moyen de certains procédés de greffage décrits précédemment. Nous les résumons dans le cas actuel.

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Fig. 138. — Greffe par approche pour réparer une tige défectueuse.

[1.1]Réparation de la tige. — Le sujet (X, (fig. 138), dont la tige est chancreuse et garnie de rameaux à la base, sera réparé au moyen de ses rameaux (Y) que l’on greffera en arc-boutant (fig. 43) pendant la végétation, sur la tige même, au-dessus de la plaie. Le cours de la sève, interrompu par la meurtrissure, se trouvera rétabli.

À défaut de rameau à prendre sur l’arbre vicié, on plante un sujet robuste (Z.fig. 138) à proximité du premier. Après une année ou deux de bonne végétation, on coupera la tête du greffon-arbre (Z) et on l’introduira. au-dessus du chancre de la tige, par le greffage en arc-boutant, décrit page 84 et suivantes.

Quand un seul arbre ne suffit pas pour cette régénération, on en plante plusieurs autour de l’ancien et on les greffe de la même manière. Par suite de cette coopération, on pourrait retrancher la base malade de la première tige.

Déjà, vers 1754, l’agronome Duhamel, dans sa propriété du Monceau, transfusait par ce système la sève d’une jeune tige dans les vaisseaux d’arbres caducs, et leur donnait une vie nouvelle. N’est-ce pas un procédé analogue qui, en 1824, inspirait à Pirolle cette parole sentimentale : « Ô mes bons parents ! pourquoi n’ai-je pu trouver aussi le moyen de prolonger vos jours ? »

De son côté André Michaux, l’explorateur des forêts du nouveau monde, étudiait en 1780, dans les bois de Satory, l’application de la greffe en approche pour obtenir avec les arbres quelques dispositions ou tournures utilisées par l’industrie.

Voici un autre exemple de tige à réparer.

Une décortication annulaire (B, fig. 139) sera atténuée dans son effet par l’introduction, sur son périmètre, de rameaux-greffons (E) placés de bas en haut, dans l’incision (D), sous écorce et sur aubier (au-dessus et au-dessous des lignes ponctuées CC) ; chaque extrémité du greffon est taillée en biseau plat aussi allongé que possible ; l’œil ménagé au revers bourgeonnera et facilitera la soudure. L’opération sera faite au début de la sève avec des rameaux de l’année précédente, ou à la fin de l’été avec des rameaux de l’année courante ; on les préserve du hâle par un badigeonnage de boue ou d’argile. Les courants séveux ne tardent pas à être rétablis.

À la suite de l’invasion de 1870, Duval père a réparé de cette façon, à Versailles, des arbres décortiqués en partie par les chevaux de l’armée. Le greffage vient aider encore à compléter l’ossature d’une forme symétrique.

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Fig. 139. — Réfection d’une tige ulcérée ou décortiquée.

Ainsi des Pommiers (fig. 140) de vigueur analogue peuvent être soudés par la greffe en approche (sans que cela soit nécessaire à leur existence). Si la vigueur était inégale, il vaudrait mieux les attacher l’un à l’autre avec un lien.

Il pourrait se faire que, par suite d’un accident ou d’une faible végétation, le rapprochement naturel de deux sujets devînt impossible. On remédie à cet état de choses par la greffe de raccord ou en rallonge (fig. 141) signalée en 1860 par Jules Ricaud, de Beaune, après un essai dû à Gorget, pépiniériste.

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Fig. 140. — Cordon de Pommiers soudés par la greffe en approche.

Le sujet (A) ne pouvant atteindre son voisin (B), nous prenons un rameau (C) bien constitué de l’année courante si nous opérons en août, et de l’année précédente si l’on est au mois d’avril. La base du greffon est taillée en double biseau (E) ; nous l’introduisons sous l’incision (D), pénétrant l’aubier du sujet, par le procédé de la greffe de côté dans l’aubier (fig. 65, p. 130).

L’autre extrémité du greffon est entamée en F, à l’endroit qui doit porter sur le second sujet et s’y agrafera (G) par la greffe en approche anglaise (fig. 39), ou se glissera sous son écorce par la greffe en arc-boutant (fig. 43, p. 86).

[1.2]Restauration des membres de charpente. — Chez les arbres fruitiers, la charpente peut avoir des lacunes qu’il importe de renouveler ou de réparer.

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Fig. 141. — Greffe en rallonge ou de raccord, pour deux arbres qui ne pouvaient se joindre.

Lorsqu’il s’agit d’obtenir un membre entier, sans que l’on puisse approcher un deuxième arbre, on peut insérer des greffons sur la tige dénudée. Quand la tige est jeune, l’écusson suffit ; mais avec des écorces épaisses, il faut un greffage par rameau : 1o en placage avec lanière (fig. 58) ; 2o par rameau simple sous écorce (fig. 48 et 49) ; en œil-de-bœuf ou en coulée (p. 100) ; 3o par rameau avec embase (fig. 50) ; 4o en incrustation latérale (fig. 61). Si l’écorce ne se prête pas au greffage de côté, on tranche le membre au vif et on lui applique la greffe en couronne.

Un moyen assez prompt de réparer la perte partielle d’un membre sur une palmette candélabre (fig. 142), consiste à planter à ses côtés un jeune sujet qui simule, par son port et son allure, la branche charpentière absente.

Quand il y a possibilité de greffer par approche en arc-boutant (fig. 43) les deux sujets, on pratique ce greffage au moins une année après la plantation du jeune arbre.

[fig142]


Fig. 142. — Sujet greffé par approche, pour suppléer à l’absence d’un membre de palmette candélabre.

Une branche cassée sera remplacée au moyen des greffages par rameau pratiqués sur le moignon de la branche meurtrie.

La greffe par approche en tête (fig. 42) vient aider à rétablir une tige ou une flèche brisée. Si l’on en croit Columelle, il faudrait faire remonter cette application à Varron, il y a deux mille ans.

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Fig. 143. — Greffe par rameau-bouture.
Lorsqu’une branche manque sur une tige encore vivace, la greffe-bouture peut rendre quelques services. Le sujet (B, fig. 143) a, vers sa base, une lacune ; à la montée de la sève, on plantera (en F) à proximité du sujet, le rameau (A) retardé à l’ombre et en jauge. On l’entaillera en face d’un œil (C) pour le plaquer dans l’incision (D) du sujet. Ligaturer (E), butter de terre jusqu’à la greffe et embouer la tête du greffon.

Si l’insuffisance de la longueur du greffon ne permet pas à la fois de le bouturer dans le sol et de le marier au sujet, nous y suppléerons par l’introduction de la base du greffon dans une fiole pleine d’eau ou dans un vase rempli de terre.

Le greffage mutuel des membres de charpente n’a pas donné les résultats promis au début ; contrairement aux espérances, le fort anéantit le faible. Le cas est rare où il y ait utilité à relier, par la greffe, les branches charpentières d’un arbre. Nous avons vu Alphonse Mas, à Bourg, chercher ainsi le moyen de ne plus tailler les membres de ses pyramides ailées, et Louis Verrier unir ses fuseaux, ses vases, ses palmettes contre l’action du vent, assez violent sur le plateau de la Saulsaie, dans la Bresse.

Alexis Lepère fils, de Montreuil, soudait de cette façon les sommités des branches verticales du Pêcher (fig. 144), alors que son père exécutait des « tours de force » comme celui que nous figurons ici (fig. 146), d’après photographie.

[fig144][fig145]

Fig. 144. — Greffe des membres de charpente.   Fig. 145. — Caractères de l’alphabet formé dans un arbre.

Les dessins et les inscriptions (fig. 145) obtenus avec des arbres torturés, mis à la mode par F. Simon, amateur à Crécy-en-Brie, sont du domaine de la fantaisie.

[1.3]Garniture de branches dénudées. — Une série de procédés permet de garnir de brindilles et de ramifications les branches dénudées.

[fig146]


Fig. 146. — Disposition obtenue par le greffage et le palissage d’un groupe de Pêchers.

D’abord, s’il y a des rudiments de bourgeon, nous excitons leur développement au moyen de crans (C, fig. 147) ouverts à 0m,001 ou 2 millim. au-dessus d’eux, ou de petites incisions longitudinales (i, i, fig. 148) pénétrant l’écorce au-dessus de l’œil jusque sur le coussinet. Pendant le cours de la sève, l’incision s’est élargie et cicatrisée (I, I) ; les bourgeons sont devenus rameaux.

[fig147][fig148]

Fig. 147. — Cran au-dessus d’un œil, pour exciter sa végétation. Fig. 148. — Incision sous un œil, pour exciter son développement.

Si les yeux naturels sont absents, la greffe peut remédier à cet état de choses. Nous laissons de côté l’écussonnage, qui ne saurait convenir aux vieilles tiges ; les greffes par rameau sous écorce (fig. 48, 49, 50), placage à l’anglaise (fig. 56) ou avec lanière (fig. 58), trouveraient ici leur emploi.

Nous avons remarqué, au jardin de la Société d’horticulture de Reims, la tige nue de Pommiers garnie au moyen de rameaux greffons insérés sous écorce, en coulée, la tête en bas. Le développement de la greffe se redresse après une légère courbure du bourgeon terminal.

Un procédé assez fréquent est l’emprunt de rameaux aux branches voisines ; on les dirige suivant leur destination, pour les greffer en mai-juin, par approche ordinaire ou en arc-boutant.

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Fig. 149. — Greffe par approche, pour garnir une branche charpentière de Pêcher.

La figure 149 représente une branche de Pêcher à regarnir. Au commencement de l’été, nous prenons un rameau herbacé (D), et l’appliquons sur la branche pour le greffer par approche en placage (voir fig. 37). Le greffon sera entamé en face d’un œil (C) et on l’enchâssera dans l’incision du sujet ; l’extrémité (B) continuera à se développer. Il en résultera une bonne branche fruitière, après sevrage, l’année suivante.

Au lieu d’entamer la branche charpentière du Pêcher, on pourrait se contenter de soulever l’écorce par une triple incision (C, fig. 150), si l’état de sève le permet, et l’on y appliquerait le greffon préparé en D, à l’opposé d’un œil.

[fig150]


Fig. 150. — Greffe par approche du Pêcher sous écorce.

À défaut d’un rameau placé dans le sens de la branche dénudée, nous avons inséré obliquement celui qui pouvait y être amené, traversant la couche d’écorce en travers, sans pénétrer l’aubier, système Forsyth (voir page 77).

Le greffage en arc-boutant, par œil (fig. 151) ou par rameau (fig. 44), est avantageux à la restauration des branches dégarnies de brindilles.

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Fig. 151. — Rameau greffé par approche en arc-boutant sur une branche de Pêcher.


Avec le Pêcher, si le greffon (H, fig. 151) est terminé par un œil (I) commençant à bourgeonner, on mutilera la feuille (F) placée au talon pour maintenir rapprochés ses premiers yeux, condition essentielle du traitement rationnel appliqué à la branche fruitière du Pêcher.

L’arboriculteur Antoine Piedloup a, l’un des premiers, recommandé cette greffe (fig. 43).

En 1850, Touchard, du Havre, la complique avantageusement par l’adjonction du rameau anticipé, ainsi qu’on le voit figure 44, page 87.

La Vigne (fig. 152) se prête au greffage en approche de sarments sur les parties dépourvues de coursons. Nous avons réussi en juin 1868, par la greffe en approche herbacée (A), avec légère encoche à l’anglaise (fig. 39 et 40, p. 80 et 81).

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Fig. 152. — Greffe par approche, pour garnir une branche de Vigne.

Le sevrage a lieu, après soudure complète, vers la fin de l’été ou au printemps suivant.

[2]

renouvellement de l’espèce de l’arbre

Quand l’espèce d’un arbre ne convient pas, s’il est vigoureux, sain et relativement jeune, on le greffera sans crainte ; la nouvelle variété donnera promptement ses produits, sans qu’ils aient rien emprunté aux défauts ou aux qualités des précédents.

L’arbre fruitier étant ici principalement en cause, nous bornerons nos conseils aux sujets de cette catégorie, bien qu’ils soient applicables aux essences forestières ou ornementales.

La Vigne peut être modifiée dans la nature de son cépage. On plante au pied de la souche à modifier, soit un sarment bouture (fig. 153), soit mieux encore un plant racine (fig. 154) ; au réveil de la sève, le greffon légèrement écorcé vient se caser dans une rainure pratiquée en tête du cep. Il serait préférable, souvent, d’opérer sur un jeune sarment tenant à la souche.

[fig153][fig154]

Fig. 153. — Greffe par approche en tête, avec sarment-bouture.   Fig. 154. — Greffe par approche en tête, avec plant raciné.

[3]Dans le greffage des gros arbres, il faut tenir compte du développement du sujet.

Plus un arbre est fort, plus nombreux y seront les greffons. La figure 155 représente un arbre assez fort, prêt à recevoir les greffons en nombre proportionné à l’ampleur du branchage.

[fig155]
Fig. 155. — Gros arbre préparé au greffage.
Ici, nous adoptons la greffe en couronne (fig. 51) ; elle n’oblige pas à fendre le sujet. Si les couches corticales de l’arbre sont trop rugueuses, nous employons la greffe en tête, dans l’aubier (fig. 63, 64. p. 128) ou par placage (fig. 57).

En même temps que l’on greffe de gros arbres, on attache des tuteurs sur les moignons pour y accoler plus tard les nouveaux rameaux qui pourraient être brisés par le vent (fig. 106, p. 196).

On nettoie l’écorce du sujet, on y passe ensuite un lait de chaux et on renouvelle la terre végétale autour des racines. Ces travaux seront faits pendant l’hiver, en même temps que l’on pratiquera l’amputation préalable et sommaire des branches à greffer.

Les arbres en basse tige seront restaurés d’après les mêmes principes.

Les buissons, évidés par la suppression des branches inutiles ou trop rapprochées, seront greffés à la naissance des bifurcations.

Les vases ou gobelets devront être regreffés sur les membres qui forment la charpente du sujet, à une hauteur semblable.

L’éventail sera greffé sur ses ramifications principales ; le tronçonnement des branches est calculé de façon que, raccourcies, elles continueront à figurer la ramure de l’éventail.

[fig156]


Fig. 156. — Regreffage d’un arbre formé en candélabre.

Le cordon vertical ou oblique, pourrait être regreffé aussi bas que possible. Le cordon horizontal sera renouvelé à la hauteur du coude formé par la tige simple ou bifurquée.

La palmette à branches horizontales ou obliques sera restaurée sur chacun de ses membres. Quand la charpente comporte un certain nombre d’étages de branches, on en retranche environ le tiers supérieur et on coupe la tige à cette hauteur. Les branches seront raccourcies graduellement, celles de la base plus allongées.

Le candélabre (fig. 156) est regreffé sur ses membres principaux. En A, le greffon couronné par son œil terminal a fourni un rameau direct de prolongement. En B et en D, il a produit deux rameaux ; celui de la base constituera la branche charpentière, l’autre ayant été pincé.

Si une greffe manque (C), on forcera, au printemps, le dressage d’un rameau (e) et, vers le mois d’août, on lui placera un ou deux écussons à la hauteur présumée de la taille future ; enfin, on inoculera quelques bourgeons semblables sur les brindilles secondaires, taillées dans ce but.

Quand il s’agit de changer la variété d’un arbre soumis à la forme pyramidale (fig. 157), on commence par abattre totalement le tiers supérieur de cet arbre, puis on coupe les branches charpentières, — plus court celles du sommet (de 0m,05 à 0m,10), plus long celles de la base (de 0m,25 à 0m,40), — les moignons conserveront entre eux une disposition de cône ou de fuseau. On inoculera alors, sur la tige et sur les branches tronquées, la variété nouvelle.

Les membres de l’arbre à tige élevée, surmontée d’un branchage sous forme pyramidale

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Fig. 157. — Regreffage d’un arbre soumis à la forme dite pyramide ou cône.
(fig. 158), seront soumis à cette mutilation graduée et greffés en fente ou en couronne.

[fig158]


Fig. 158. — Regreffage d’un arbre à branchage pyramidal.
[4]

restauration, par la greffe, des arbres gelés

De toutes les expériences tentées après l’hiver de 1879-1880, pour faire revivre les végétaux atteints par le froid, le recepage et le greffage ont seuls donné quelques résultats, toutes les fois que le sujet était encore vivace au collet.

La figure 159 reproduit la coupe d’un arbre gelé à la greffe. Le greffon (G) Abricotier a gelé, alors que le sujet (V) Prunier restait vivace, garanti en outre par la couche de neige.

Cette partie vive du sujet a été le point de départ de sa reconstruction.

Le recepage est le tronçonnement de l’arbre au niveau de cette partie vive.

Le greffage, est l’insertion de greffons sur le tronc, lorsqu’il s’agit d’espèces « greffables ».

[fig159]
Fig. 159. — Coupe longitudinale de la greffe d’un arbre gelé sur un sujet resté vivace.
Les systèmes en couronne, par placage en tête, en fente ou dans l’aubier ont été avantageux.

Voici quelques exemples dessinés d’après nature, sur les arbres de nos jardins et de nos pépinières.

Le Poirier (fig. 160), gelé au-dessous de la greffe, a été tronçonné au vif (A) et greffé (en a) avec une variété résistante au froid, Beurré Baltet père, les greffons étant restés intacts. Le jeune arbre (b), dressé en palmette, ne tarda pas à couvrir le treillage occupé jadis par le Poirier Comte Lelieur, victime du froid.

Le Pommier (fig. 161) Calville blanc, gelé sur sa première greffe (E), avait le bourrelet (d) trop près du sol pour que l’opération précédente lui soit appliquée ; alors il fut surgreffé (en e) avec une variété vigoureuse, indemne du froid.

Le nouvel arbre (F), Transparente de Croncels, rustique, bravant les rudes hivers, sera tenu à basse-tige, le rapprochement des bourrelets étant susceptible de calmer les végétations luxuriantes et d’en accroître la fécondité.

[fig160][fig161]

Fig. 160. — Restauration par la greffe d’un poirier gelé.   Fig. 161. — Regreffage d’un pommier gelé.

Si le greffage modifie la variété de l’arbre, il peut changer aussi son espèce ou son genre.

En pépinière, des carrés d’Abricotiers et de [fig162]
Fig. 162. — Transformation d’un Abricotier gelé en Prunier Reine-Claude.
Pêchers ont été détruits au-dessous de la greffe jusqu’à la couche de neige ; fin avril, le greffage en couronne (c, fig. 162) en fit des Pruniers de Reine-Claude, espèce robuste ayant conservé sains ses rameaux-greffons.

La flèche (a) se développa en 1880. L’année suivante, le branchage (b) vint couronner la tige (a) parfaitement saine.

Parmi les faits cités dans notre Mémoire relatif à l’Action du froid sur les végétaux pendant l’hiver de 1879-1880, nous en retiendrons deux qui sont particuliers au greffage :

1o Un groupe de Pruniers Damas en pépinière, demi-gelés, furent greffés en tête et constituèrent de bons arbres après une année de sève ; mais tandis que le greffon développait des pousses robustes, la tige n’émettait aucun bourgeon, et le pied, précédemment couvert de neige, lançait de nombreux gourmands, promptement réprimés. Le mouvement de sève, avec ses forces aérienne et souterraine, suscita la formation d’une couche cylindrique de cambium durci, sous l’écorce de la tige touchée par le froid.

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Fig. 163. — Reconstitution d’un Rosier tige, gelé.

2o Des touffes d’Aucuba et de Rhododendron ayant subi − 25°, il leur fut coupé, immédiatement, des rameaux-greffons qui furent aussitôt utilisés à chaud, sous verre. La greffe réussit, des plantes vigoureuses se formèrent pendant que les touffes mères ou étalons périssaient.

Plusieurs circonstances se présentèrent où le tronc développa quelques rameaux qui furent écussonnés au mois d’août de l’année 1880 ou de 1881.

Le Rosier tige gelé a été l’objet d’un travail particulier.

Le Rosier (fig. 163) est perdu ; la tête est détruite et la tige (A) gelée. Au printemps 1880, une série de rejets émergent des racines et du collet ; l’ébourgeonnement et la suppression des drageons ont conservé le mieux placé (C) ; le palissage l’a accolé (l, l) à la tige morte et au mois de septembre, l’écimage a contribué à la lignification de ses tissus.

En 1881, la nouvelle tige donnait des rameaux latéraux (B, B) qui furent écussonnés. Les pluies d’août, succédant aux chaleurs tropicales de juillet (+ 40°), firent sortir les écussons (e) ; c’est pourquoi les rameaux (B, B) furent écourtés à 0m,25, puis à 0m,10 de la tige, enfin au printemps 1882 retranchés (en o). La tige primitive (A), étant ensuite coupée (en a), le Rosier fut définitivement reconstruit.