L’Arc d’Ulysse/Servante d’hôtel

L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 55-56).

SERVANTE D’HÔTEL

Tu ne sers pas Vénus, mais tu sers ses prêtresses,
Tu regardes monter les sacrificateurs…
Fais le lit du plaisir, mais crains que la froideur
De tes mains de Vestale offense la Déesse.

De ton sang nuptial tu lui dois les prémisses,
Ô corps nouveau. Veux-tu ? j’affranchirai tes flancs ?
Pour ma tempe fanée et pour mes cheveux blancs
Prends-moi, car un vieux maître est plus doux aux novices.

Irrite par le feux les nymphes. Dans ce vase
— Tant le jour fut brûlant — lave ton corps laineux,
Et fais l’ampoule éclore en un huit lumineux,
Qu’on te voie à cheval sur ce petit Pégase.

Ah ! que de jougs avec ta chemise tu ôtes …
Je t’offre des plaisirs sans amour, goûte-les.
La Passion veut des serments, fait des valets :
La riche Volupté, elle, n’a que des hôtes.

À ceux qui te jetaient une obole il faut prendre
Un tribut, n’épargnant que moi qui t’enseignai.
De ta vertu jamais tu n’auras un denier,
Tu peux tirer bon prix de tes péchés à vendre.