L’Arc d’Ulysse/Jour de marasme

L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 57).

I

JOUR DE MARASME

du vieux peintre amant de sa bonne.


Les écoliers de cinquante ans, et de soixante !
Toujours en quête, en vain fessés, d’autres leçons,
Rêvant de lac limpide où tremper leurs cuissons,
Se vont noyer aux yeux d’une fausse innocente.

Quand, leurs écus palpés, une main commerçante
Arme le vieux mousquet qui crache à leurs chaussons,
Qu’ont-ils pris ? Un chat maigre et qui sent le poisson.
Ils tiennent gros butin un connin de servante.

Une lourde gothon, sur leur bouche, que tord
Le malfaisant plaisir comme une affre de mort,
Flaire l’eau des vieux puits et la cendre de l’âtre.

Peintre, on voit sur ton lit deux coulombs s’épouser.
Plutôt, d’un ton cruel charge l’aile bleuâtre
D’un corbeau qui te creuse avec son bec rusé.


18 octobre 1914.