L’Arc d’Ulysse/La Gavotte

L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 139-140).
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LA GAVOTTE

Au souvenir de M. Louis Duval.


Les moutons du Hameau par l’Idylle fondé
Ont pour bergers Rohan, Montmorency, Condé.
Un ballet pastoral groupe autour de cet axe :
— Une laitière au nez impérieux — le clan
Des ducs de porcelaine et des Marquises en
Saxe.

On danse, sur un air de Grétry, la Gavotte
De Céphise, et la Reine à ce pas est dévote,
Car il veut des baisers, des bouquets de gala ;
Si bien qu’Amour, passant, embarqué pour Cythère,
Se croit au terme, et crie aux bateliers : « À terre,
« Là ! »

Dépêchez-vous d’aimer, Belles. Dansez encor.
La Terreur va ruer dans ce frêle décor
Ses rhéteurs, les fourriers des assassins épiques.
Lamballe, oh ! prends les bras de l’amour pour licou.
Demain le Couperet. Doigts hideux sur ton cou !
Piques !

En ce parc d’opéra qui tremble aux airs de violes,
Les Mégères viendront danser les carmagnoles.
Au soufflet du bourreau répondront leurs clameurs.
Joue et gorge de lys, Grâces Autrichiennes,
Entendez-vous là-bas ce que hurlent ces chiennes ?
— « Meurs ! »

Marraine du doux bransle, ô Marie Antoinette,
Les nuits de lune, aux sons fêlés de l’épinette,
Revenez-vous danser sur l’herbe à Trianon ?
Dans la robe à bouquets des hautaines bergères
Ressusciter l’antan des grâces bocagères ?
— « Non ».