Léon Chailley (p. 246-272).


CHAPITRE X


LA RACE


Le grief ethnologique. — L’inégalité des races. — Sémites et Aryens. — La supériorité aryenne. — La lutte des Sémites et des Aryens. — L’apport sémitique dans les civilisations dites aryennes. — La colonisation sémitique. — Les premières années de l’ère chrétienne et les judéo-chrétiens. — Les éléments juifs dans les nations européennes. — L’idée de race chez le Juif. — La supériorité juive. — Les origines de la race juive. — Les éléments étrangers dans la race juive. — Le prosélytisme juif. — Dans l’antiquité païenne. — Après l’ère chrétienne. — Les infiltrations ouroaltaïques dans la race juive — Les Khazars et les peuples du Caucase. — Les diverses variétés de Juifs. — Dolichocéphales et Brachycéphales. — Askenazim et Séphardim. — Juifs de Chine, de l’Inde d’Abyssinie. — La modification par le milieu et par la langue. — L’unité juive. — La nationalité.


Le Juif est un Sémite, il appartient à une race étrangère, nuisible, perturbatrice et inférieure : tel est le grief ethnologique des antisémites. Sur quoi repose-t-il ? Il repose sur une théorie anthropologique qui a engendré, ou tout au moins justifié, une théorie historique : la doctrine de l’inégalité des races dont il nous faut parler tout d’abord.

Depuis le dix-huitième siècle, on a essayé de classer les hommes, et de les distribuer dans certaines catégories déterminées, distinctes et séparées. Pour cela, on s’est basé sur des indices bien différents : sur la section des cheveux, section ovale (chez les nègres à chevelure laineuse) ou section ronde[1] ; sur la forme du crâne, large ou allongé[2] ; enfin sur la couleur de la peau. Cette dernière classification a prévalu : désormais on distingue trois races humaines : la race noire, la race jaune et la race blanche. À ces races on attribue des aptitudes différentes et on les range par ordre de supériorité, la race noire au plus bas degré d’une échelle dont la race blanche occupe l’échelon supérieur. De même, pour expliquer mieux encore cette hiérarchie des races humaines, on repousse la doctrine religieuse du monogénisme, doctrine qui déclare que le genre humain descend d’un couple unique, et on lui oppose le polygénisme qui admet l’apparition simultanée de nombreux couples différents ; conception plus logique, plus rationnelle et plus conforme à la réalité.

Cette classification a-t-elle des bases sérieuses et réelles ? La croyance au monogénisme ou celle du polygénisme permettent-elles d’affirmer qu’il est des races élues et des races réprouvées ? En aucune façon. Si l’on admet le monogénisme, il est bien évident que les hommes descendant tous d’un couple commun, ont les mêmes propriétés, le même sang, la même constitution physique et psychique. Si au contraire on accepte le polygénisme, c’est-à-dire l’existence initiale d’un nombre indéfini et considérable de bandes hétérogènes peuplant le globe, il devient impossible de soutenir l’existence de races originairement supérieures ou inférieures, car les premiers groupements sociaux se sont effectués par l’amalgame de ces bandes humaines hétérogènes dont nous ne saurions déterminer et encore moins classer les qualités et les vertus respectives. « Toutes les nations, dit M. Gumplowicz[3], les plus primitives qui nous apparaissent aux premières lueurs des temps historiques, seront pour nous les produits d’un processus d’amalgamation (déjà terminé aux temps préhistoriques) entre des éléments ethniques hétérogènes. » Donc, si on se place au point de vue de l’identité d’origine, la hiérarchie ethnologique est inadmissible, et l’on peut affirmer, avec Alexandre de Humboldt, qu’il « n’y a pas de souches ethniques qui soient plus nobles que les autres. »

La race est d’ailleurs une fiction. Il n’existe pas un groupe humain qui puisse se vanter d’avoir deux ancêtres initiaux et de descendre d’eux sans que jamais l’apport primitif ait été adultéré par un mélange ; les races humaines ne sont point pures, c’est-à-dire, à proprement parler, qu’il n’y a pas de race. « L’unité manque, affirme M. Topinard[4], les races se sont divisées, dispersées, mêlées, croisées en toutes proportions, en toutes directions depuis des milliers de siècles ; la plupart ont quitté leur langue pour celle de vainqueurs, puis l’ont abandonnée pour une troisième, sinon une quatrième ; les masses principales ont disparu et l’on se trouve en présence, non plus de races, mais de peuples. » Par conséquent, la classification anthropologique de l’humanité n’a aucune valeur.

Il est vrai que les partisans de la hiérarchie ethnologique s’appuient, à défaut de caractères anthropologiques, sur des caractères linguistiques. Les langues étant classées en monosyllabiques, agglutinantes, flexionnelles et analytiques, d’après leur évolution, on a établi, selon ces diverses formes du langage, l’élection ou la réprobation de ceux qui les parlent.

Toutefois cette prétention n’est pas soutenable, car les Chinois, dont la langue est monosyllabique, ne sont inférieurs ni aux Yakoutes ni aux Kamtchalades, dont la langue est agglutinante, ni aux Zoulous qui parlent un idiome flexionnel, et il serait facile de démontrer que les Japonais et les Magyars, dont la langue est agglutinante, ne sont nullement inférieurs à certains peuples dits aryens, dont la langue est flexionnelle. Du reste, nous savons que le fait de parler un même idiome n’implique pas l’identité d’origine ; des tribus victorieuses ayant imposé de tout temps leur langue à d’autres tribus étrangères, sans que ces tribus y aient eu des aptitudes natives ; donc la classification des langues ne peut en rien déterminer la classification ethnique du genre humain.

Néanmoins et quelque insoutenable que soit la doctrine de l’inégalité des races, soit au point de vue linguistique, soit au point de vue anthropologique, elle n’en a pas moins dominé notre temps, et les peuples ont poursuivi et poursuivent encore cette chimère de l’unité ethnologique qui n’est que l’héritage d’un passé mal informé et, à vrai dire, une forme de régression. L’antiquité eut les plus grandes prétentions à la pureté du sang, et aujourd’hui c’est chez les nègres africains et chez certains sauvages que l’idée de race est la plus répandue et la plus enracinée.

Cela se comprend. Les premiers liens collectifs furent les liens du sang ; la première unité sociale, la famille, fut fondée sur le sang ; la cité fut considérée comme un élargissement de la famille, et à l’aurore de chaque ville, la légende plaça un couple ancestral, de même que dans certaines religions on plaça un couple initial aux débuts de l’humanité[5]. Lorsque des éléments humains nouveaux arrivèrent dans ces agglomérations, on eut besoin de perpétuer cette croyance à l’identité originelle, on y arriva par la fiction de l’adoption et, dans ces civilisations lointaines il n’y eut place que pour l’enfant de la tribu et de la cité, ou pour l’adopté. L’étranger, dans toutes les législations primitives, fut l’ennemi, celui dont il fallait se garer, le perturbateur, celui qui troublait les croyances et les idées. Cependant, à mesure que les collectivités s’agrandirent, elles devinrent moins unes. Si l’on considère comme marque exclusive de l’unité la filiation sans rupture, nous avons vu que déjà, dans la préhistoire, les vastes hordes furent formées par l’agglomération de bandes hétérogènes, et les états, les premiers états historiques, furent à leur tour constitués par l’agglomération de ces hordes, qui déjà ne pouvaient réclamer le même ancêtre pour chacun de leurs membres. Malgré tout, jusqu’à nos jours, cette idée de la communauté d’origine s’est perpétuée. C’est qu’elle dérive d’un besoin essentiel : le besoin d’homogénéité, d’unité, besoin qui pousse toutes les sociétés à réduire leurs éléments dissemblables, et cette croyance à la pureté du sang n’est que la manifestation extérieure de ce besoin d’unité, c’est une façon d’en exprimer la nécessité, façon nette, simpliste et satisfaisante pour l’inconscient et pour le sauvage mais en tout cas insuffisante et surtout indémontrable pour celui qui ne se contente pas du décor des choses.

De même la théorie de l’inégalité des races repose sur un fait réel ; elle devrait se formuler : l’inégalité des peuples, car il est de toute évidence que la destinée des différents peuples n’a pas été semblable, mais cela ne veut pas dire que l’inégalité de ces peuples fut originelle. Cela veut dire simplement que certains peuples se trouvèrent dans des conditions géographiques, climatériques et historiques, plus favorables que celles dont jouirent d’autres peuples, qu’ils purent par conséquent se développer plus complètement, plus harmoniquement, et non qu’ils eurent des dispositions meilleures, ni une cervelle plus heureusement conformée. La preuve en est que certaines nations appartenant à la race blanche, dite supérieure, ont fondé des civilisations de beaucoup inférieures aux civilisations des jaunes ou même des noirs. Il n’y a donc pas de peuples ni de races originairement supérieurs, il y a des nations qui « dans certaines conditions ont fondé des empires plus puissants et des civilisations durables »[6].

Quoi qu’il en soit, et dans le cas qui nous occupe, ces principes ethnologiques, vrais ou faux, ont été, par le seul fait de leur existence, une des causes de l’antisémitisme ; ils ont permis de donner à une manifestation que nous reconnaîtrons plus tard nationaliste et économique, une apparence scientifique, et grâce à eux, les griefs des antisémites se sont fortifiés de raisons pseudo-historiques et pseudo-anthropologiques. En effet, non seulement on a admis l’existence des trois races nègre, jaune et blanche rangées par ordre hiérarchique, mais dans ces races mêmes on a établi des subdivisions, des catégories. On a affirmé d’abord que seule la race blanche et quelques familles de la race jaune étaient capables de créer des civilisations supérieures ; on a ensuite divisé cette race blanche en deux rameaux : la race aryenne et la race sémitique ; enfin on a assuré que la race aryenne devait être considérée comme la plus parfaite. De nos jours même, la race aryenne a été subdivisée en groupes, ce qui a permis aux anthropologistes et aux ethnologistes chauvins de déclarer que, soit le groupe celte, soit le groupe germain, devait être considéré comme le pur froment de cette race aryenne déjà supérieure. A la base de l’histoire de l’antiquité orientale, les historiens modernes placent ce problème qu’ils tiennent pour capital, d’autant plus qu’il est insoluble. A quelle souche appartiennent les peuples anciens ? sont-ils Aryas, Touraniens ou Sémites ? Telle est la question qui est posée aux débuts de toutes les recherches sur les nations de l’Orient. On modèle ainsi l’histoire, consciemment ou inconsciemment, sur les tableaux ethniques de la Genèse — tableaux que l’on retrouve chez les Babyloniens et les Grecs primitifs — qui expliquaient rudimentairement la diversité des groupes humains, par l’existence de rejetons issus de parents uniques, rejetons ayant chacun engendré un peuple. Ainsi c’est la Bible qui est encore l’auxiliaire des antisémites, car, on en est encore, en ethnographie et en histoire, aux explications de la Genèse à Sem, Cham et Japhet remplacés par le Sémite, le Touranien et l’Arya, bien que ces divisions soient impossibles à justifier, soit linguistiquement, soit anthropologiquement, soit historiquement[7].

Sans nous arrêter à discuter si les races nègres sont capables ou non de civilisation[8], il nous faut voir ce que l’on entend par Aryens et par Sémites.

On appelle Aryens tous les peuples dont l’idiome dérive du sanscrit, langue que parlait un groupe humain qu’on nommait arya. Or, ce groupe « ne présente d’unité scientifiquement démontrable qu’au point de vue exclusivement linguistique »[9] ; toute unité anthropologique est indémontrable : les mensurations crâniennes, les indices, les nombres ne fournissent aucune preuve. Dans ce chaos aryen, on trouve des types sémitiques, des types mongols, tous les types et toutes les variétés de types, depuis celui qui est propre à se développer moralement, intellectuellement et socialement, jusqu’à celui qui reste dans une durable médiocrité. On y observe des dolichocéphales et des brachycéphales, des hommes à peau brune, d’autres à peau jaunâtre et d’autres à peau blanche. Cependant, malgré que certaines de ces tribus de langue aryenne n’aient pas eu un développement sensiblement supérieur à celui de certaines agglomérations de nègres, on n’en affirme pas moins avec énergie que la race aryenne est la plus belle et la plus noble des races, qu’elle est productrice et créatrice par excellence, qu’à elle on doit les plus admirables métaphysiques, les plus magnifiques créations lyriques, religieuses et éthiques et que nulle autre race ne fut et n’est susceptible d’un pareil épanouissement. Pour arriver à un tel résultat, on fait naturellement abstraction de ce fait indiscutable que tous les organismes historiques ont été formés par les éléments les plus dissemblables, dont la part respective dans l’œuvre commune est impossible à déterminer.

Donc, la race aryenne est supérieure et elle a manifesté sa supériorité en s’opposant à la domination d’une race fraternelle et rivale : la race sémitique. Celle-ci est une race féroce, brutale, incapable de création, dépourvue d’idéal, et l’histoire universelle est représentée comme l’histoire du conflit entre la race aryenne et la race sémitique, conflit que nous pouvons encore aujourd’hui constater. Chaque antisémite apporte une preuve de ce séculaire combat. C’est la guerre de Troie qui est représentée par les uns comme la lutte de l’arya et du sémite, et Pâris devient, pour les besoins de la cause, un brigand sémitique ravissant les belles aryennes. Plus tard ce sont les guerres médiques qui figurent une phase de ce grand combat, et l’on peint le grand roi comme le chef de l’orient sémitique se ruant sur l’occident aryen ; c’est ensuite Carthage disputant à Rome l’empire du monde ; c’est l’Islam marchant contre le Christianisme, et l’on se plaît à montrer le Grec vainqueur du Troyen et d’Artaxerxès, Rome triomphant de Carthage et Charles Martel arrêtant Abd-er-Rhaman. Les apologistes des aryas, de même qu’ils reconnaissent des sémites dans les Troyens, ne veulent que voir des aryens dans ces hordes hétérogènes et barbares qui assiégèrent l’opulente Ilion et dans ces Mèdes qui subjuguèrent l’Assyrie, ces Mèdes dont une seule tribu — celle des Arya-Zantha — était aryenne, tandis que la majorité était sans doute touranienne ; ils veulent prouver que Sumer et Accad, les éducateurs des sémites, étaient des aryens, et quelques-uns même ont attribué cette noble origine à l’antique Égypte. Ils ont fait mieux encore, ils ont, dans les civilisations sémitiques, fait la part du bon et du mauvais, et c’est désormais un article du catéchisme antisémite que tout ce qui est acceptable, ou parfait dans le sémitisme, a été emprunté aux aryens.

Les antisémites chrétiens ont ainsi concilié leur foi avec leur animosité, et n’hésitant pas devant l’hérésie ils ont admis que les prophètes et Jésus étaient des aryens[10], tandis que les antisémites antichrétiens considèrent le Galiléen et les nabis comme de condamnables et inférieurs sémites.

Ce que nous savons de l’histoire des nations antiques et modernes, nous autorise-t-il à accepter pour réelle cette rivalité, cette lutte, cette opposition instinctive de la race aryenne et de la race sémitique ? En aucune façon, puisque sémites et aryens se sont mêlés d’une façon continuelle et que l’apport sémitique dans toutes les civilisations dites aryennes est considérable. Dix siècles avant l’ère chrétienne, les villes phéniciennes de la Méditerranée envoyèrent leurs émigrés dans les îles et successivement, après avoir fondé des cités qui couvrirent le côté nord de l’Afrique depuis Hadrumète et Carthage jusqu’aux îles Canaries, elles colonisèrent la Grèce que les envahisseurs aryens trouvèrent peuplée d’aborigènes jaunes et de colons sémites, à tel point qu’Athènes fut une ville toute sémitique. Il en fut de même en Italie, en Espagne, en France où les Phéniciens navigateurs fondèrent Nîmes, par exemple, comme ils avaient fondé Thèbes en Béotie, et vinrent à Marseille de même qu’ils atterrirent en Afrique. Ces éléments divers s’amalgamèrent plus tard, et ils s’harmonisèrent par l’effet du climat, du milieu mental, intellectuel et moral, mais ils ne restèrent pas inactifs. Les sémites transformèrent le génie hellène, c’est-à-dire qu’ils lui permirent de se modifier, en introduisant en lui des éléments étrangers. L’histoire des mythes helléniques est à ce point de vue curieuse et instructive, et en comparant Héraclès à Melqarth, ou Aschtoreth à Aphrodite on saisira cet apport sémitique ; de même, les coupes et les vases phéniciens, exportés en grand nombre par les commerçants de Tyr et de Sidon, en servant de modèle aux artistes grecs, permirent au subtil esprit des Ioniens et des Doriens d’interpréter les mythes dont ils offraient les images et l’imagerie phénicienne aida beaucoup la mythologie iconologique grecque[11]. Ce sont encore les Phéniciens qui apportèrent aux Hellènes l’alphabet emprunté aux hiéroglyphes de la vieille Égypte ; ils les instruisirent dans l’industrie minière et dans le travail des métaux, comme l’Asie Mineure, élève de l’Assyrie, les initia à la sculpture, et nous avons encore des monuments qui témoignent de cette influence, ainsi les lions de l’Acropole de Mycènes et ces déesses helléniques qui ont conservé le type des terres cuites babyloniennes. Les Grecs, avec leur sens merveilleux de l’harmonie, de la beauté, avec leur science de l’ordre, de l’orchestration, si je puis dire, malaxèrent ces idées orientales, les transformèrent et les épurèrent, mais le peuple grec n’en fut pas moins un amalgame de races bien diverses, aryennes, touraniennes et sémitiques, peut-être chamites, et c’est à d’autres causes qu’à la noblesse et à la pureté de son origine qu’il dut son génie.

Cependant, les antisémites modernes admettraient à la rigueur l’importance du sémitisme dans l’histoire de la civilisation, en faisant, là encore, une classification. Il y a, disent-ils, des sémites supérieurs et des sémites inférieurs. Le Juif est le dernier des sémites, celui qui est improductif par essence, celui dont les hommes n’ont rien reçu et qui ne peut rien donner. Il est impossible d’accepter cette assertion. Il est vrai que la nation israélite n’a jamais manifesté de grandes aptitudes pour les arts plastiques, mais elle a accompli par la voix de ses prophètes une œuvre morale dont tout peuple a bénéficié : elle a élaboré quelques-unes des idées éthiques et sociales, qui sont le ferment de l’humanité ; si elle n’a pas eu des sculpteurs et des peintres divins, elle a eu de merveilleux poètes, elle a eu surtout des moralistes qui ont travaillé pour la fraternité universelle, des pamphlétaires vaticinateurs qui ont rendu vivante et immortelle la notion de la justice, et Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, malgré leur violence, leur férocité même, ont fait entendre la grande voix de la souffrance qui veut non seulement être protégée contre la force abominable, mais encore être délivrée.

Du reste, si l’élément phénicien s’incorpora à l’élément pélasgique et hellène, à l’élément latin, à l’élément celte et à l’élément ibère, l’élément juif contribua aussi, en se mélangeant à d’autres, à former les agglomérations qui se sont alliées plus tard pour constituer les nations modernes. Dans ce vaste creuset que fut l’Asie Mineure, creuset où se fondirent les peuples les plus divers, le Juif vint aussi s’abîmer et disparaître. A Alexandrie les Juifs, lentement hellénisés, firent de la cité un des centres les plus actifs de la propagande chrétienne. Ils furent parmi les premiers à se convertir, ils formèrent le noyau de l’Église primitive, à Alexandrie, à Antioche, à Rome et, lorsque les Ébionites disparurent, ils furent absorbés partout par la masse des convertis grecs ou romains.

Durant tout le moyen âge, le sang juif se mêla encore au sang chrétien. Les cas de conversion en masse furent extrêmement nombreux et le relevé serait intéressant à faire, de ceux qui, comme les Juifs de Braine[12], comme ceux de Tortose[13], comme ceux de Clermont convertis par Avitus, comme les vingt-cinq mille baptisés, dit-on, par saint Vincent Ferrer, disparurent au milieu des peuples parmi lesquels ils vivaient. L’Inquisition, si elle empêcha la judaïsation, ou si, du moins elle essaya de l’empêcher, favorisa cette absorption des Juifs et si les antisémites chrétiens étaient logiques, ils maudiraient Torquemada et ses successeurs, qui aidèrent à souiller la pureté aryenne par l’adjonction du Juif. Le nombre des Marranes, en Espagne, fut énorme. Dans presque toutes les familles espagnoles on trouve, à un point de la généalogie, le Juif ou le Maure ; « les maisons les plus nobles sont pleines de Juifs », disait-on[14], et le cardinal Mendoza y Bovadilla écrivit au seizième siècle un pamphlet sur les macules des lignages espagnols[15]. Il en fut ainsi partout, et nous avons constaté[16] par le nombre des apostats adversaires de leurs anciens coreligionnaires, que les Juifs furent accessibles à la séduction chrétienne.

Nous avons ainsi répondu à ceux qui affirment la pureté de la race aryenne ; nous avons indiqué que cette race fut, comme toutes les races, le produit d’innombrables mélanges. Sans parler des temps préhistoriques, nous avons fait voir que les conquêtes perses, macédoniennes et romaines aggravèrent la confusion ethnologique qui s’accrut encore en Europe au temps des invasions. Les races dites Indo-germaines, déjà chargées d’alluvions, se mêlèrent aux Tchoudes, aux Ongriens, aux Ouro-Altaïques. Ceux des Européens qui croient descendre en droite ligne des ancêtres aryas ne songent pas aux pays si divers que ces ancêtres traversèrent en leurs longs exodes, ni à toutes les peuplades qu’ils entraînèrent avec eux, ni à toutes celles qu’ils trouvèrent établies partout où ils séjournèrent, peuplades de races inconnues et d’origine incertaine, tribus obscures et ignorées dont le sang coule encore dans les veines des hommes qui se disent les hoirs des légendaires et nobles aryas, comme le sang des jaunes Dacyas et des noirs Dravidiens coule sous la peau des blancs Aryo-Indous.

Mais pas plus que l’idée de la supériorité aryenne, l’idée de la supériorité sémitique n’est justifiée, et cependant on l’a soutenue avec autant de vraisemblance. Il s’est rencontré des théoriciens pour affirmer, et même pour prouver, que les Sémites étaient la fleur de l’humanité et que ce qu’il y avait de bon dans l’aryanisme venait d’eux ; on trouvera assurément un jour, si ce n’est déjà fait, quelque ethnologue dont le patriotisme démontrera, avec la même évidence, que le Touranien doit occuper le plus haut rang dans l’histoire et dans l’anthropologie.

Aujourd’hui, ceux qui se considèrent comme la plus haute incarnation du sémitisme, les Juifs, contribuent à perpétuer cette croyance à l’inégalité et à la hiérarchie des races. Le préjugé ethnologique est un préjugé universel, et ceux-là mêmes qui en souffrent, en sont les conservateurs les plus tenaces. Antisémites et philosémites s’unissent pour défendre les mêmes doctrines, ils ne se séparent que lorsqu’il faut attribuer la suprématie. Si l’antisémite reproche au Juif de faire partie d’une race étrangère et vile, le Juif se dit d’une race élue et supérieure ; il attache à sa noblesse, à son antiquité la plus haute importance et maintenant encore, il est en proie à l’orgueil patriotique. Bien qu’il ne soit plus un peuple, bien qu’il proteste contre ceux qui veulent voir en lui le représentant d’une nation campée parmi des nations étrangères, il n’en garde pas moins au fond de lui-même cette vaniteuse persuasion et, ainsi, il est semblable aux chauvins de tous les pays. Comme eux, il se prétend d’origine pure, sans que son affirmation soit mieux étayée, et il nous faut examiner de près l’assertion des ennemis d’Israël et d’Israël lui-même : à savoir que les Juifs sont le peuple le plus un, le plus stable, le plus impénétrable, le plus irréductible.

Les documents nous manquent pour déterminer l’ethnologie des Bené-Israël nomades, mais il est probable que les douze tribus qui, selon les traditions, composaient ce peuple, n’appartenaient pas à une souche unique ; c’étaient sans doute des tribus hétérogènes car, pas plus que les autres nations, la nation juive ne peut se vanter, en dépit de ses légendes, d’avoir été engendrée par un couple unique, et la conception courante qui représente la tribu hébraïque se divisant en sous-tribus[17] n’est qu’une conception légendaire et traditionnelle, celle de la Genèse qu’ont acceptée, à tort, une partie des historiens des Hébreux. Déjà composés d’unités diverses, parmi lesquelles étaient sans doute des groupes touraniens et kouschites, c’est-à-dire jaunes et noirs[18], les Juifs s’adjoignirent encore d’autres éléments étrangers pendant leur séjour en Égypte et dans ce pays de Chanaan qu’ils conquirent. Plus tard, Gog et Magog, les Scythes, en venant sous Josias aux portes de Jérusalem, laissèrent peut-être leur trace en Israël. Mais c’est à partir de la première captivité que les mélanges augmentent. « Pendant la captivité de Babylone, dit Maïmonide[19], les Israélites se mêlant à toutes sortes de races étrangères, eurent des enfants qui, grâce à ces alliances, formèrent une sorte de nouvelle confusion des langues », et cependant cette Babylonie, dans laquelle il existait des villes comme Mahuza, presque entièrement peuplée de Perses convertis au judaïsme, était considérée comme contenant des Juifs de plus pure race que les Juifs de Palestine. « Pour la pureté de la race, disait un vieux proverbe, la différence entre les Juifs des provinces romaines et ceux de la Judée est aussi sensible que la différence entre une pâte de médiocre qualité et une pâte de fleur de farine ; mais la Judée elle-même est comme une pâte médiocre, par rapport à la Babylonie. »

C’est que la Judée avait connu bien des vicissitudes. Elle avait toujours été un pays de passage pour Miçraïm et pour Assur ; puis quand les Juifs étaient revenus de captivité, ils s’étaient alliés avec les Samaritains, avec les Edomites et les Moabites ; après la conquête de l’Idumée, par Hyrcan, il y avait eu des alliances juives et iduméennes, et pendant la guerre avec Rome, les vainqueurs latins, avaient, affirmait-on, engendré des fils. « Sommes-nous bien sûrs, disait mélancoliquement Rabbi Ulla à Juda ben Yehisquil, de ne pas descendre des païens qui, après la prise de Jérusalem, ont déshonoré les jeunes filles de Sion ? »

Mais ce qui favorisa le plus l’introduction du sang étranger dans la nation israélite, ce fut le prosélytisme. Les Juifs furent par excellence un peuple de propagandistes, et, à partir de la construction du second Temple, à partir de la dispersion surtout, leur zèle fut considérable. Ils furent bien ceux dont l’Évangile dit qu’ils couraient « la terre et la mer pour faire un prosélyte[20] », et Rabbi Eliézer pouvait à bon droit s’écrier : « Pourquoi Dieu a-t-il disséminé Israël parmi les nations ? Pour lui recruter partout des prosélytes[21]. » Les témoignages attestant cette ardeur prosélytique des Juifs abondent[22] et, durant les premiers siècles avant l’ère chrétienne, le judaïsme se propagea avec la même puissance qui caractérisa plus tard le christianisme et l’islamisme. Rome, Alexandrie, Antioche, où presque tous les Juifs étaient des gentils convertis, Damas, Chypre furent des centres de fusion : je l’ai montré déjà[23]. De plus, les conquérants Haschmonides obligèrent les Syriens vaincus à se faire circoncire ; des rois, entraînant leurs sujets avec eux, se convertirent, comme la famille de l’Adiabène, et, dans certains cantons de la Palestine même, la population fut très mêlée, ainsi en Galilée, dans ce « cercle des gentils » où devait naître Jésus.

Après l’ère chrétienne, la propagande juive ne cessa pas, elle s’exerça même par la force et quand sous Héraclius, Benjamin de Tibériade conquit la Judée, les chrétiens palestiniens se convertirent en masse. C’est la persistance, la continuité de cette propagande qui fut, comme je l’ai dit, une des causes de l’antisémitisme théologique. Pendant des siècles, les conciles légiférèrent et des mesures furent prises pour empêcher les Juifs d’attirer les fidèles à eux, pour leur défendre de circoncire les esclaves, pour leur interdire de se marier à des chrétiens. Mais jusqu’au moment des persécutions générales, c’est-à-dire quand il devint par trop dangereux d’être juif, les prescriptions canoniques furent impuissantes à arrêter ce prosélytisme, et parfois, lorsqu’un gros événement surgit, lorsqu’un scandale éclate, nous pouvons voir la propagande juive à l’œuvre. C’est un évêque qui se convertit en 514, plus tard c’est le diacre Bodon[24] qui demande la circoncision et prend le nom d’Eliézer. Souvent les papes interviennent par des bulles, ainsi Clément IV en 1255 et Honorius IV en 1288 ; les rois eux-mêmes agissent, comme fit Philippe le Bel qui, en 1298, mandait aux justiciers du royaume, de « punir les Juifs qui amènent les chrétiens à leur religion par des présents ».

Dans l’Europe entière les Juifs attirèrent à eux des prosélytes, rajeunissant ainsi leur sang par l’adjonction d’un sang nouveau. Ils convertirent en Espagne, où les successifs conciles de Tolède défendent les mariages mixtes, en Suisse où un décret du quatorzième siècle condamne des jeunes filles à porter des chapeaux juifs pour avoir mis au monde des enfants de pères israélites ; en Pologne, au seizième siècle, malgré les édits de Sigismond Ier, au dire de l’historien Bielski[25]. Et non seulement, ils firent alliance en Europe avec les nations dites aryennes, mais encore avec les Ouro-Altaïques, avec les Touraniens ; là, l’infiltration fut plus considérable.

Sur le littoral de la mer Noire et de la Caspienne, les Juifs étaient établis fort anciennement. On conte qu’Artaxerxès Ochos, pendant la guerre qu’il fit à l’Égypte et au roi Tachos (361 av. J.-C.), arracha des Juifs de leur pays et les transporta en Hyrcanie, sur les bords de la Caspienne. Si leur établissement en cette région n’est pas aussi ancien que le prétend cette tradition, ils y étaient néanmoins fixés bien avant l’ère chrétienne, comme en témoignent les inscriptions grecques d’Anape, d’Olbia et de Panticapéia. Au septième et au huitième siècle ils émigrèrent de Babylonie et arrivèrent dans les villes tartares, Kerstch, Tarku, Derbend, etc. Là, en 620 environ, ils convertirent une peuplade entière, peuplade dont le territoire se trouvait dans le voisinage d’Astrakan : les Khazars[26], La légende s’est emparée de ce fait qui émut beaucoup les Juifs d’Occident, mais il ne peut, malgré cela, être mis en doute. Isidore de Séville, contemporain de la chose, en parle, et plus tard, au Xe siècle, Hasdaï ibn Schaprout, ministre du kalife Abd-el-Rhaman III, correspondit avec Joseph, dernier Chagan des Khazars, dont le royaume fut détruit par le prince Swiatilaw de Kiew. Les Khazars exercèrent une grande influence sur les tribus tatares voisines, celles des Poliane, des Séveriane et des Wiatitischi entre autres et firent parmi elles de nombreux prosélytes.

Au douzième siècle, des peuples tatares du Caucase se convertissent encore au judaïsme, ainsi que le rapporte le voyageur Pétahya de Ratisbonne[27]. Au quatorzième siècle, dans les hordes qui, ayant à leur tête un certain Mamaï, envahirent les contrées entourant le Caucase, se trouvaient de nombreux Juifs. Ce fut dans ce coin de l’Europe orientale que s’opéra activement la fusion des Juifs et des ouro-altaïques, c’est là que le Sémite s’allia au Touranien et aujourd’hui encore, en étudiant les peuples du Caucase, on trouve les traces de ce mélange parmi les trente mille Juifs de ce pays et parmi les tribus qui les entourent[28].

Aussi, cette race juive, présentée par les Juifs et les antisémites comme la plus inattaquable, la plus homogène des races, est-elle fort diverse. Les anthropologistes pourraient tout d’abord la diviser en deux parties bien tranchées : les dolichocéphales et les brachycéphales. Au premier type appartiennent les Juifs Sephardim, Juifs espagnols et portugais, ainsi que la majeure partie des Juifs d’Italie et du Midi de la France ; au deuxième on peut rattacher les Juifs Askenazim, c’est-à-dire les Juifs polonais, russes et allemands[29]. Mais les Sephardim et les Askenazim ne sont pas les deux seules variétés de Juifs connus, ces variétés sont nombreuses.

En Afrique, on trouve des Juifs agriculteurs et nomades, alliés aux Kabyles et aux Berbères près de Sétif, de Guelma et de Biskra, aux frontières du Maroc, ils vont en caravane jusqu’à Tombouctou, et quelques-unes de leurs tribus, sur les confins du Sahara, sont des tribus noires[30], ainsi les Daggatouns, comme sont noirs les Falachas Juifs de l’Abbyssinie[31]. Dans l’Inde, on trouve des Juifs blancs à Bombay, et des Juifs noirs à Cochin, mais les Juifs blancs ont du sang mélanien. Ils s’établirent dans l’Inde au Ve siècle, après les persécutions du roi perse Phéroces qui les chassa de Bagdad ; toutefois, on rapporte leur établissement à une date plus reculée : à la venue des Juifs en Chine, c’est-à-dire avant Jésus. Quant aux Juifs de Chine, ils sont non seulement apparentés aux Chinois qui les entourent, mais encore ils ont adopté les pratiques de la religion de Confucius[32].

Donc le Juif a été incessamment transformé par les milieux différents dans lesquels il a séjourné. Il a changé parce que les langues diverses qu’il a parlées ont introduit en lui des notions différentes et opposées, il n’est pas resté tel qu’un peuple uni et homogène, au contraire, il est à présent le plus hétérogène de tous les peuples, celui qui présente les variétés les plus grandes, et cette prétendue race dont amis et ennemis s’accordent à vanter la stabilité et la résistance nous présente les types les plus multiples et les plus opposés, puisqu’ils vont du Juif blanc au Juif noir, en passant par le Juif jaune, sans parler encore des divisions secondaires, celles des Juifs aux cheveux blonds ou rouges, et celles des Juifs bruns, aux cheveux noirs.

Par conséquent, le grief ethnologique des antisémites ne s’appuie sur aucune base sérieuse et réelle. L’opposition des Aryens et des Sémites est factice ; il n’est pas vrai de dire que la race aryenne et la race sémitique sont des races pures, et que le Juif est un peuple un et invariable. Le sang sémite s’est mélangé au sang aryen et le sang aryen au sang sémite ; Aryens et Sémites ont tous deux reçu encore l’adjonction du sang touranien et du sang chamite, nègre ou négroïde, et dans la Babel de nationalités et de races qu’est actuellement le monde, la préoccupation de ceux qui cherchent à reconnaître dans leurs voisins quel est l’Aryen, le Touranien et le Sémite, est une préoccupation oiseuse.

Malgré cela, il est une part de vérité dans le grief que nous avons examiné, ou plutôt les théories des antisémites sur l’inégalité des races et sur la supériorité aryenne, les préjugés anthropologiques, en un mot, sont le voile qui couvre quelques-unes des réelles causes de l’antisémitisme.

Nous avons dit qu’il n’y a pas de races mais il existe des peuples et des nations ; ce qu’on appelle improprement une race n’est pas une unité ethnologique, mais c’est une unité historique, intellectuelle et morale. Les Juifs ne sont pas un ethnos, mais ils sont une nationalité, ils sont de types variés, cela est vrai, mais quelle est la nation qui n’est pas diverse ? Ce qui fait un peuple, ce n’est pas l’unité d’origine, c’est l’unité de sentiments, de pensée, d’éthique ; voyons si les Juifs ne présentent pas cette unité, et si nous ne trouverons pas là, en partie, le secret de l’animosité qu’on leur témoigne.


  1. Ulotriques et Leïotriques.
  2. Brachycéphales et Dolichocéphales.
  3. L. Gumplowicz : La Lutte des races (Paris, 1893).
  4. Dr P. TOPINARD : L’Anthropologie, Paris, biblioth. des sciences contemporaines, Reinwald édit.
  5. Le dixième chapitre de la Genèse nous présente un des types les plus parfaits de cette croyance, dans la généalogie de la postérité des fils de Noé ; à la tête de chaque groupe humain de chaque nation est placé un ancêtre.
  6. Léon Metchnikoff : La Civilisation et les Grands Fleuves (Paris, 1889).
  7. Cette classification a à peu près la même valeur que cette prétention des classes féodales qui, au Moyen Âge, justifiaient leur tyrannie en se prétendant japhétiques, tandis que le paysan et le serf étaient chamites, ce qui légitimait les rapports de supérieur à inférieur.
  8. Nous savons que la civilisation si admirable de l’antique Égypte a été pour une bonne partie l’œuvre des nègres, auxquels vinrent en aide des rouges, des Sémites, des Touraniens, et quelques-unes de ces peuplades blanches, représentées encore de nos jours par ces Touaregs africains qui n’ont jamais fondé de société ni rien de durable. Il existe encore en Afrique des ruines grandioses qui témoignent de l’existence d’une civilisation nègre fort développée à un moment de l’histoire.
  9. Léon Metchnikoff : loc. cit.
  10. Cette théorie, qui a cet immense avantage de ne reposer sur aucun fondement, est née en Allemagne, et de là est passée en France et en Belgique. M. de Biez et M. Edmond Picard l’ont tour à tour soutenue ; mais ils n’ont étayé leurs assertions d’aucune preuve, même illusoire. (Voir Antisemiten-Spiegel, p. 132 et seq. Danzig, 1892.)
  11. Voir Clermont-Ganneau : L’imagerie phénicienne et la Mythologie iconologique chez les Grecs, Paris, 1880 ; et Les Antiquités orientales, Paris, 1890.
  12. Saint-Prioux : Histoire de Braine.
  13. Les Juifs de Tortose se convertirent par milliers à la suite de la Conférence ouverte à l’instigation de Jérôme de Santa-Fé.
  14. Centinela contra Judios.
  15. Francisco Mendoza y Bovadilla. El Tizon de la Nobleza Espanola o maculas y sambenitos de sus Linajes, Barcelone, 1880 (Bibliotheca de obras raras). — Voir aussi Llorente : Histoire de l’Inquisition (Paris, 1817).
  16. Chap. VII.
  17. Ernest Renan : Histoire du peuple d’Israël, t I.
  18. A la base de toute civilisation on trouve les trois éléments : le blanc, le jaune et le noir. Nous le voyons en Égypte, où ils s’adjoignirent un élément rouge, en Mésopotamie, dans l’Inde, partout où de grands empires se créèrent, et l’on pourrait presque affirmer que, pour fonder des civilisations durables, il faut la coopération de ces trois types humains.
  19. Maïmonide : Yad Hazaka (La Main puissante), Ire partie, chap. Ier, art. IV, 20.
  20. Math., xxiii.
  21. Talmud, Babli : Pessahim., f. 87.
  22. Horace, Sat. IV, 143. — Josèphe : Bell. Jud. vii, iii, 3. — Dion Cassius, xxxviii, xvii, etc.
  23. Voir ch. II, ch. III et chap. IV.
  24. Amolon. Liber contra Judaeos. — Migne, P. L., CXVI.
  25. Bielski : Chronicon rerum Polonicarum.
  26. Vivien de Saint-Martin : Les Khazars (Paris, 1851). — C. d’Ohsson : Les peuples du Caucase (Paris, 1828). — Revue des Études juives, t. XX, p. 144.
  27. Basnage : Histoire des Juifs, t. IX, p. 246, et Wagenseil : Exercitationes.
  28. Parmi les Tschetschnas établis à l’est et au nord-ouest du Caucase, le type juif est très répandu, de même que chez les Andis du Daghestan. Les Tats de la mer Caspienne sont considérés comme Juifs, et il existe beaucoup de Juifs parmi les tribus Tatares, les Koumiks, par exemple. (Voir Erckert : Der Kaukasus und seine Volker, Leipzig, 1887).
  29. Pour les Juifs dolichocéphales d’Afrique et d’Italie voir les travaux de Pruner-Bey : Mémoire de la Société d’anthropologie, II, p. 432, et III, p 82, et de Lombroso. — Pour les Juifs brachycéphales, voir Kopernicki et Mayer : Caractères physiques de la population de la Galicie, Cracovie, 1876 (en polonais).
  30. Mardochée Aby Serour : Les Daggatouns, Paris, 1880.
  31. Pour les Falachas, voir d’Abbadie : Nouvelles annales des Voyages, 1845, III, p. 84, et Ph. Luzatto : Archives israélites, 1851-1854.
  32. Elie Schwartz : Le Peuple de Dieu en Chine, Strasbourg, 1880. — Abbé Sionnet : Essai sur les Juifs de la Chine, Paris, 1837.