L’Antiquaire (Scott, trad. Ménard)/Chapitre I

Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 7p. 9-17).


L’ANTIQUAIRE.



CHAPITRE PREMIER.

LA DILIGENCE.


Appelez une voiture ; qu’une voiture soit appelée, et que l’homme qui l’appelle, en étant l’appeleur, n’appelle autre chose, en l’appelant, qu’une voiture. Une voiture, une voiture ! Ô dieux, une voiture !
Chromonhotonthologos[1].


C’était le matin d’un beau jour d’été, vers la fin du dix-huitième siècle, qu’un jeune homme d’une tournure distinguée, et qui se rendait au nord-est de l’Écosse, avait arrêté une place dans une des voitures publiques qui parcourent la route d’Édimbourg et de Queensferry, endroit où, comme le nom l’indique, tous mes lecteurs du nord savent qu’on trouve une barque pour traverser le détroit du Forth[2]. La voiture était destinée à contenir régulièrement six voyageurs, outre ceux que le cocher pouvait ramasser en route, et qui venaient empiéter sur les places des légitimes possesseurs. Les billets qui donnaient droit à un siège dans cette voiture peu commode étaient distribués par une vieille femme à l’œil perçant, et dont le nez long et effilé était surmonté d’une paire de lunettes. Elle habitait, dans High-Street, une boutique souterraine, c’est-à-dire une espèce de cave où l’on descendait par un escalier fort roide et fort étroit. Là, elle vendait du ruban, du fil, des aiguilles, des écheveaux de laine, de la grosse toile, et semblables articles de mercerie, à ceux qui avaient le courage et l’adresse de descendre dans les profondeurs de son habitation sans y tomber la tête la première et sans renverser aucun des nombreux articles qui, entassés de chaque côté de l’escalier ; indiquaient le genre de commerce qu’on faisait en bas.

L’affiche écrite à la main et qu’on avait collée sur une planche en saillie pour annoncer que la diligence de Queensferry, ou la Mouche de Hawes[3], partait à midi précis le mardi 15 juin 17…, afin d’assurer aux voyageurs le passage du Forth[4] avec la marée montante, était semblable à un bulletin ; car bien que midi fût sonné à l’horloge de Saint-Gilles et que celle de Tron l’eût répété[5], la voiture ne se montrait pas au lieu indiqué. Il est vrai que deux places seulement ayant été retenues, il était possible que la dame du logis souterrain se fût entendue avec son Automédon[6] pour qu’en cas semblable il laissât s’écouler quelques momens, afin d’avoir la chance de remplir les places vacantes, ou bien ledit Automédon avait pu être employé à la suite d’un enterrement, et se trouver retenu par la nécessité de dépouiller sa voiture de ses draperies lugubres ; ou peut-être s’était-il arrêté pour boire une demi-pinte extra avec son compère l’hôte : le fait est qu’il n’arrivait pas.

Le jeune homme, qui commençait à s’impatienter un peu, fut bientôt abordé par un compagnon d’infortune : c’était la personne qui avait retenu la seconde place. Celui qui va entreprendre un voyage se distingue en général aisément de ses autres concitoyens. Les bottes, la large redingote, le parapluie, le petit paquet qu’il tient à la main, le chapeau enfoncé sur son front, son air résolu, son pas ferme et important, la brièveté de ses réponses aux salutations des oisifs de sa connaissance, sont des marques auxquelles celui qui a l’habitude de voyager par la diligence ou la malle reconnaît de loin son compagnon de route lorsqu’il se hâte d’arriver au lieu du rendez-vous. C’est alors qu’avec une prudence un peu égoïste, le premier venu s’empresse de s’assurer la meilleure place dans la voiture, et d’arranger son bagage de la manière la plus commode avant l’arrivée de ses compétiteurs. Notre jeune homme, qui n’était pas doué de beaucoup de prévoyance, et qui d’ailleurs, par l’absence de la voiture, était dans l’impossibilité de profiter de son droit de priorité, s’amusa, pour se distraire, à faire des conjectures sur les occupations et le caractère de l’individu qui venait d’arriver.

C’était un assez bel homme d’environ soixante ans, peut-être plus ; mais son teint animé et la fermeté de sa démarche indiquaient que les années n’avaient altéré ni sa force ni sa santé. Sa physionomie avait le vrai caractère écossais ; des traits fortement prononcés et peut-être un peu durs, un coup d’œil vif et pénétrant, et une gravité habituelle animée par une teinte d’humeur satirique ; ses habits étaient d’une couleur uniforme et convenable à son âge et à sa gravité ; sa perruque, bien poudrée et surmontée d’un chapeau rabattu, lui donnait l’air d’appartenir à quelque profession sérieuse ; ce pouvait être un ecclésiastique, cependant son aspect avait quelque chose de plus mondain que celui des membres de l’église d’Écosse, et sa première exclamation ne laissa bientôt plus de doute.

Il arriva d’un pas pressé, et jetant un regard alarmé d’abord sur le cadran de l’église, puis sur l’endroit où aurait dû se trouver la voiture, il s’écria : « Le diable s’en mêle, je suis arrivé trop tard ! »

Le jeune homme le tira de son inquiétude en lui apprenant que la voiture n’avait pas encore paru. Le vieux gentilhomme, sentant apparemment qu’il avait lui-même manqué d’exactitude, ne se crut pas d’abord le droit de se plaindre de celle du cocher. Il prit un paquet, qui paraissait contenir un volumineux in-folio, des mains d’un petit garçon qui l’avait suivi, et lui donnant un léger coup sur la joue, il lui commanda de s’en retourner, et de dire à M. B… que s’il avait cru avoir autant de temps à lui, ils n’auraient pas terminé si facilement leur marché ; puis il engagea l’enfant à être laborieux et exact, lui disant qu’il ferait son chemin tout aussi bien qu’aucun autre épousseteur de livres. Le petit garçon semblait attendre, peut-être dans l’espoir qu’il lui donnerait une pièce de deux sous pour acheter des billes ; mais il n’en fut rien. Le vieux monsieur appuya son petit paquet sur un des poteaux qui étaient en tête de l’escalier ; et, se plaçant en face du jeune voyageur, il attendit en silence pendant environ cinq minutes, l’arrivée de la diligence.

À la fin, après avoir jeté une fois ou deux un regard impatient sur la grande aiguille de l’horloge, l’avoir comparée avec une vieille et lourde montre d’or à répétition qu’il avait tirée dans ce but ; après s’être composé le visage pour donner une expression plus énergique à deux ou trois exclamations de colère, il appela la vieille marchande de la boutique souterraine.

« Bonne femme ! diable soit de son nom ! Mistriss Macleuchar ! »

Mistriss Macleuchar, qui sentait bien qu’elle serait réduite à se tenir sur la défensive dans l’assaut qu’elle allait avoir à soutenir, et qui se souciait peu de voir s’entamer cette discussion, ne se pressait pas de répondre.

« Mistriss Macleuchar ! bonne femme ! » continua-t-il en élevant la voix ; puis la baissant, il ajouta : « La vieille sorcière, elle est sourde comme un pot, — n’est-ce pas, mistriss Macleuchar ?

— Je sers une pratique ! s’écria-t-elle. — En vérité, mon cœur ; je ne puis vous diminuer un liard.

— Et croyez-vous, poursuivit le voyageur, que nous ayons le temps de vous attendre ici jusqu’à ce que vous ayez attrapé cette pauvre fille de la moitié d’une année de ses gages et profits ?

— Attrapé ! répliqua mistriss Macleuchar, saisissant cette occasion de se quereller sur un point plus facile à défendre ; je méprise vos paroles, monsieur : mais vous êtes un incivil personnage, et je vous prie de ne pas vous tenir ainsi au haut de mon escalier pour venir me calomnier jusque chez moi.

— Cette femme, dit le vieux monsieur en jetant un regard malin sur son futur compagnon de route, n’entend pas les formes expéditives. Femme, dit-il en se retournant vers le caveau, je n’attaque pas ton caractère, je voudrais seulement savoir ce qu’est devenue ta voiture.

— Que demandez-vous ? dit mistriss Macleuchar, dont la surdité était revenue.

— Madame, dit le jeune étranger, nous avons retenu des places dans votre diligence de Queensferry.

— Qui devrait être à moitié route à l’heure qu’il est, continua le plus vieux et le plus impatient des deux voyageurs, dont la colère s’augmentait à mesure qu’il parlait ; et maintenant il est probable que nous manquerons la marée, tandis que j’ai une affaire importante de l’autre côté, et votre maudite voiture…

— La voiture ? que Dieu nous protège ! quoi, messieurs, n’est-elle pas encore sur la place ? répondit avec étonnement la vieille dame, dont la voix glapissante et courroucée s’était adoucie pour faire place à un ton dolent et presque justificatif : « Est-ce la voiture que vous attendez ? »

— Et pourquoi resterions-nous là, à griller au soleil à côté de votre gouttière, femme sans foi ? hé !

Mistriss Macleuchar parut alors en haut de l’échelle de sa trappe (car on aurait pu l’appeler ainsi, quoique ce fût un escalier de pierre), et montrant son nez au niveau du trottoir, elle essuya les verres de ses lunettes afin de mieux voir la voiture qu’elle savait fort bien n’y pas trouver ; puis avec une surprise assez bien feinte : « Bon Dieu ! s’écria-t-elle, a-t-on jamais vu rien de semblable ?

— Oui, repartit le vieux voyageur en colère, abominable femme, on a vu et on verra pareille chose et bien pis encore chaque fois qu’on aura quelque chose à démêler avec votre sexe maudit ; » puis se promenant à grands pas et plein d’indignation devant la porte de la boutique, en passant et repassant, tel qu’un vaisseau qui fait face à un fort ennemi, il lâchait une bordée de plaintes, de menaces et de reproches sur la confuse mistriss Macleuchar. Tantôt il voulait prendre une chaise de poste, tantôt appeler un fiacre, tantôt prendre quatre chevaux ; il devait, il lui fallait être dans le nord le jour même, et toutes les dépenses de son voyage, outre les dommages tant directs qu’indirects, devaient retomber sur la tête dévouée de mistriss Macleuchar.

Il y avait quelque chose de si comique dans ce ressentiment colérique, que le jeune voyageur, qui n’était pas aussi pressé de partir, ne put s’empêcher de s’en amuser, d’autant plus que le vieux monsieur, quoique certainement fort en colère, riait involontairement de temps en temps lui-même de la chaleur qu’il y mettait. Mais comme mistriss Macleuchar se permit d’en rire aussi, il mit aussitôt un frein à cette gaité déplacée.

« Femme, dit-il en lui montrant un papier imprimé tout chiffonné, n’est-ce pas là une de tes feuilles d’annonces ? n’y annonces-tu pas, qu’avec la volonté de Dieu, suivant tes expressions hypocrites, la diligence de Queensferry ou Mouche de Hawes partira ce jourd’hui à midi ? n’est-il pas maintenant midi un quart ? et nous ne voyons point ta mouche ou ta diligence. Connais-tu bien la conséquence d’abuser ainsi le public par de faux avis ? Sais-tu bien que ceci pourrait te foire appliquer la loi rendue contre l’imposture ? Mais voyons, réponds, et une fois dans ta longue, inutile et misérable vie, que ce soit par des paroles de franchise et de vérité : as-tu bien une telle voiture, existe-t-elle in rerum natura ? ou cette trompeuse annonce n’est-elle qu’un appât offert au voyageur crédule pour lui faire perdre son temps, sa patience et trois schellings d’argent de ce royaume ? Cette voiture, dis-je, existe-t-elle, oui ou non ?

— Oh ! oui, vraiment, monsieur, et les voyageurs la connaissent bien ; elle est verte, bariolée de rouge, avec trois roues jaunes et une noire.

— Femme, cette description ne signifie rien. Ce n’est peut-être qu’un mensonge, et avec circonstances.

— Oh ! monsieur, monsieur, dit la pauvre mistriss Macleuchar, accablée de se voir si long-temps en butte à cette rhétorique, reprenez vos trois schellings, et que je n’en entende plus parler.

— Un instant, un instant, bonne femme : tes trois schellings me transporteront-ils à Queensferry suivant la promesse de ton perfide programme ? ou me dédommageront-ils du tort d’avoir laissé mes affaires en suspens, ou des dépenses que je serai forcé de faire si je m’arrête un jour à Southferry pour y attendre la marée ? me suffiront-ils pour louer une barque dont le prix ordinaire est de cinq schellings ? »

Ici son argument fut interrompu par un bruit lourd qu’on reconnut être celui de la voiture qu’on attendait, et qui se pressait d’arriver avec toute la célérité dont étaient capables les deux rosses poussives qui la traînaient. Ce fut avec un plaisir inexprimable que mistriss Macleuchar vit enfin son persécuteur établi dans la voiture ; mais au moment où elle partait, il mit encore la tête à la portière pour lui rappeler par des paroles que couvrait déjà le bruit des roues, que si la diligence n’arrivait pas au bac à temps pour profiter de la marée, elle, mistriss Macleuchar, se verrait responsable de toutes les conséquences qui s’ensuivraient.

La voiture avait déjà roulé pendant un mille ou deux avant que l’étranger eût complètement repris sa tranquillité d’âme, comme on en put juger par les exclamations plaintives qui lui échappaient de temps en temps sur la probabilité ou même la certitude de manquer la marée. Par degrés cependant sa colère s’apaisa ; il s’essuya le front, et défaisant le paquet qu’il tenait à la main, il en tira son in-folio qu’il examinait de temps en temps avec le coup d’œil d’un connaisseur, admirant sa hauteur, son état de conservation, et s’assurant par l’inspection particulière et minutieuse de chaque feuille qu’il était complet et en bon état depuis le titre jusqu’à la dernière ligne. Son compagnon de voyage prit alors la liberté de lui demander quel était le genre de ses études, et le vieux monsieur, jetant sur lui un coup d’œil où il entrait quelque chose de railleur, comme s’il l’eût supposé incapable de goûter ou même de comprendre sa réponse, lui apprit que ce livre était l’Itinerarhim Septentrionale de Sandy Gordon, ouvrage destiné à faire connaître les ruines romaines en Écosse. Le jeune homme, sans être étourdi de ce titre savant, continua à faire plusieurs questions qui montraient qu’il avait su profiter d’une éducation soignée, et que, quoiqu’il ne fût pas très profond en fait d’antiquités, cependant il avait assez étudié les classiques pour comprendre ceux qui en parlaient, et les écouter avec intérêt. Le vieux voyageur, remarquant avec plaisir combien son compagnon de route était capable de l’entendre et de lui répondre, ne tarda pas à s’enfoncer dans de profondes discussions sur les urnes, les vases, les autels votifs, les retranchemens des Romains et de l’art former des camps.

Le plaisir de cette conversation eut un effet si salutaire, que, quoique le voyage se trouvât deux fois retardé par des circonstances dont chacune occasiona un délai beaucoup plus long que celui qui avait attiré toute sa colère sur la malheureuse mistriss Macleuchar, notre Antiquaire n’en témoigna son mécontentement que par quelques exclamations d’impatience, qui semblaient avoir plus de rapport à l’interruption de ses dissertations savantes qu’au retard de son voyage.

Un ressort cassé, et que plus d’une demi-heure ne suffit pas pour réparer, causa le premier de ces délais ; quant à l’autre, l’Antiquaire y contribua beaucoup, si même il n’en fut pas le principal auteur, en remarquant qu’un des chevaux avait perdu un de ses fers de devant et en avertissant le cocher de cet accident. « C’est Jemmie[7] Martingale qui s’est chargé de l’entreprise de fournir des chevaux et de les entretenir, répondit John, et je ne dois pas m’arrêter ni souffrir aucun dommage pour ces sortes d’accidens.

— Et quand tu irais au diable, comme tu le mérites, drôle, qui formera l’entreprise de t’en tirer ? Si vous n’arrêtez pas sur-le-champ, et ne faites pas referrer ce pauvre animal par le maréchal le plus proche, je vous ferai punir, s’il se trouve un juge de paix dans tout le Mid Lothian[8], » et ouvrant la portière, il sauta hors de la voiture, tandis que le cocher obéissait, en murmurant entre ses dents que si ces messieurs manquaient la marée, ils devaient convenir que ce serait par leur faute, puisqu’il ne demandait qu’à marcher.

J’aime si peu à analyser la complication des causes qui influent sur les actions humaines, que nous n’oserions pas affirmer que l’humanité de l’Antiquaire envers le pauvre cheval ne fut en partie excitée par son désir de montrer à son compagnon les restes d’un camp ou retranchement picte, sur lequel il venait de discuter longuement, et dont il se trouvait précisément des débris très curieux et très bien conservés dans le voisinage de l’endroit où cette interruption avait eu lieu. Mais si nous voulions disséquer les motifs qui firent agir notre digne ami (c’est-à-dire le monsieur à la mise simple, à la perruque bien poudrée et au chapeau rabattu), il nous faudrait déclarer que, quoique dans aucun cas il n’eût permis au cocher de continuer la route avec un cheval incapable de service, et que la marche aurait pu faire souffrir, cependant la manière agréable dont le vieux voyageur trouva le moyen d’employer cet intervalle, épargna certainement au cocher de violens reproches et des injures auxquelles autrement il n’aurait pas échappé.

Ces interruptions consumèrent un temps si considérable, que lorsqu’ils descendirent la montagne qui vient aboutir à l’auberge de l’Hawes (c’est ainsi qu’on appelle l’auberge située du côté sud de Queensferry), l’œil expérimenté de l’Antiquaire reconnut bientôt à la quantité de sable mouillé, et au nombre de pierres noires et de rocailles mêlées d’herbes marines qui couvraient le rivage, que l’heure de la marée était passée. Le jeune voyageur s’attendait à une nouvelle explosion de colère ; mais soit, comme le dit Croaker dans le Bonhomme, que notre héros se fût épuisé d’avance en plaintes sur ses infortunes, de manière à ne plus les ressentir lorsqu’elles arrivaient réellement, soit que la compagnie dans laquelle il se trouvait lui fût assez agréable pour l’empêcher de murmurer des circonstances qui retardaient son voyage, le fait est qu’il se soumit à son sort avec beaucoup de résignation.

« Que le diable soit de la diligence et de la vieille sorcière à qui elle appartient ! La diligence ! ah ! c’est la paresseuse qu’on aurait dû l’appeler ! La Mouche, disait-elle ; oui vraiment, elle avance comme une mouche empêtrée dans un pot de glu, comme le dirait un Irlandais. Mais cependant le temps et la marée n’attendent personne ; ainsi donc, mon jeune ami, nous ferons bien de manger quelque chose dans cette auberge, qui est assez propre, et je serai bien aise de vous finir les détails que je vous donnais sur le mode de retranchement des anciens… castra stativa et castra œstiva, deux choses que la plupart des auteurs ont trop confondues. Eh, bon Dieu ! s’ils avaient voulu s’en assurer par leurs propres yeux, au lieu de s’en rapporter aveuglément les uns aux autres !… Eh bien ! nous serons assez commodément à l’auberge où s’arrête la diligence, et comme, après tout, il aurait bien fallu dîner quelque part, il sera plus agréable de traverser avec la marée descendante et la brise du soir. »

Ce fut dans cette disposition chrétienne de tout prendre pour le mieux que nos voyageurs descendirent à l’auberge de la diligence.


  1. Personnage d’une tragédie burlesque anglaise ; c’est aussi le titre de la pièce. a. m.
  2. Le Forth est une des principales rivières d’Écosse. Nous expliquerons tout à l’heure le mot Queensferry bourg royal près de l’embouchure de cette rivière. a. m.
  3. Queensferry veut dire le bac de la reine ; c’est aussi le nom de la ville située à cet endroit ou l’on passe à voiles l’embouchure de la rivière du Forth, large ici d’environ quatre milles. La Hawesfly signifie la Mouche de Hawes ; et Hawes, qui proprement veut dire les fruits de l’aubépine, est le nom de l’auberge ou du lieu de départ de la diligence. En général, on applique en Écosse le mot Fly, ou Mouche, aux diligences, à cause de leur célérité plus ou moins grande. a. m.
  4. Le texte dit the Frith, mot qui signifie embouchure d’un fleuve. Le Frith du Forth s’appelle aussi, par abréviation, tout simplement le Frith, pour cette rivière du Forth en Écosse. a. m.
  5. L’église de Saint-Gilles est la principale église d’Édimbourg ; elle était jadis la cathédrale. L’église de Tron se trouve un peu plus bas. Toutes deux sont dans High-Street, la plus belle rue de l’ancienne portion de la capitale de l’Écosse, divisée en vieille ville et ville neuve. a. m.
  6. Expression employée pour cocher, par réminiscence de celui d’Idoménée au siège de Troie. a. m.
  7. Diminutif de James ou Jacques, et qui s’applique d’une manière familière ou affectueuse. a. m.
  8. District du conté d’Édimbourg. a. m.