L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/5

Vital Puissant ? (p. 11-14).

CHAPITRE V.

Du bon mari Spartiate.

Il faut néanmoins, avant de passer aux tableaux que je viens de promettre, rapporter en peu de mots une aventure extraordinaire que j’eus rue Saint-Honoré, à vingt ans accomplis, en faisant mon droit.

J’étais voisin de vis-à-vis d’un vieil horloger qui avait une femme jeune et charmante ; c’était sa troisième ; la première l’avait rendu parfaitement heureux pendant douze ans : c’était une ivresse ; la deuxième durant dix-huit mois, à l’aide d’une sœur plus jeune par laquelle elle se faisait remplacer au lit dans ses moindres indispositions, pour que son mari ne foutît jamais avec dégoût. Cette excellente épouse ayant cessé de vivre, l’horloger, alors âgé de soixante ans, avait épousé la jolie et gracieuse Fidelette, putative d’un architecte et fille naturelle d’un marquis.

La beauté de cette troisième femme n’avait pas d’égale pour le moelleux et le provoquant. Son mari l’adorait, mais il n’était plus jeune ; cependant, comme il était riche, il lui prodiguait tout ce qu’elle pouvait désirer, mais il n’atteignait pas le but, et Fidelette était chaque jour plus triste. Cependant ce bon mari lui dit : « Mon ange, je t’adore, tu le sais ; cependant tu es triste, et je crains pour tes jours précieux ; tout ce que je te fais ne te flatte en rien, parle… c’est un ami tendre qui t’en conjure, dis-moi ce que tu désires… tout… tout ce qui sera en mon pouvoir te sera accordé… — Oh ! tout… dit la jeune femme. — Oui, tout… fût-ce… est-ce à ton cœur, est-ce à ton divin conin qu’il manque quelque chose ? — Tu remplis mon cœur, cher ami, mais j’ai des sens trop chauds, et quoique blonde cendrée, mon bijou a des démangeaisons terribles ! — T’est-il indifférent qui te satisfasse, ou as-tu un goût, un caprice ?… — Mais je n’aime que toi. — Qui excite ta main, que je vole en ce moment chercher son joli petit chose ? — Tiens ! ce voisin qui me regarde, et dont je me suis déjà plainte. — J’entends, tu as dû me trouver bien bouché ; passe au bain, mon ange adoré, je reviens dans l’instant. »

Il courut me trouver. « Jeune voisin, on dit que vous aimez madame Folin, l’horlogère ? — Ma foi ! on dit vrai, je l’adore ! — Venez, il en arrivera ce qu’il pourra, allons ! » Il me prit la main et nous allâmes chez lui. « Déshabillez-vous, passez dans ce bain que ma femme quitte ; voilà de mon linge ; régalez-la en nouvelle mariée, ou ménagez-vous pour différentes nuits, à votre choix et au sien. J’adore ma Fidelette, mais pour cette épouse chérie, je suis content dès que je la vois satisfaite, heureuse !… Quand vous l’aurez foutue, que son petit conin aura bien déchargé, je l’enconnerai à mon tour pour lui porter mon petit présent. »

Il me fit entrer dans le lit où sa femme était depuis le bain ; il s’en allait. « Mon cher ami, s’écria-t-elle, timide colombe tu me laisses seule avec un inconnu !… oh ! reste et sois témoin des plaisirs que je ne devrai qu’à toi ; » et elle nous baisa tous les deux sur la bouche. Le lit était vaste ; le bon Folin s’y mit avec nous ; je grimpai sur le ventre de la jeune épouse, aux flambeaux allumés, à la vue du mari, et j’enconnai raide !… Elle répercutait avec fureur !… » Courage, ma femme ! cria l’excellent mari en me chatouillant les bourses ; décharge, ma fille, hausse le cul, darde ta langue !… ton fouteur va t’inonder !… Toi, jeune vit, plonge… plonge… lime-la… lime-la !… »

Nous déchargeâmes comme deux anges ; je foutis six fois dans la nuit ; les deux époux furent contents de moi.

J’ai eu cette jouissance céleste et plus qu’humaine jusqu’aux couches de Fidelette, qui perdit la vie en la donnant au fruit de notre fouterie.