L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/16

Vital Puissant ? (p. 45-49).

CHAPITRE XVI.

Foutoir, petit magasin, enterrement, amour.

Nous en sommes aux fouteries par excellence, à celles qui vont aguerrir ma délicieuse Conquette Ingénue, ma ravissante Victoire Conquette, faire leur fortune, la mienne, en leur ôtant une fausse délicatesse, et découvrir une chose admirable qu’on ne verra qu’à la fin. La route que je vais prendre pour former ces deux belles et leurs compagnes étonnera d’abord, mais en toutes choses il faut attendre le dernier résultat.

Reprenons ce charmant récit en faisant précéder quelques fouteries préparatoires qui amèneront les grandes, mais il n’y aura plus dans le reste de l’ouvrage aucune horreur à la de Sades. C’est la peinture de la douce volupté qui est le chef-d’œuvre du génie !

La première visite que reçut Conquette le lendemain du jour de son enterrement et à la même heure fut celle de Timon. Il la trouva chez ses hôtes. Il lui raconta comment, après être morte la nuit précédente, elle venait d’être enterrée, mais il ne pouvait parler devant le monde. Or, j’avais dans cette maison, à quelques marches au-dessous de moi, mais sur le derrière, où je cachais chaque numéro de mes Annales[1], que supprimait le gouvernement d’alors, un cabinet où ma fille devait faire mettre son lit le soir même ; il y aurait été déjà, mais elle ne faisait que de se lever ; j’y avais placé, pour mon usage, celui de mon secrétaire, de sa sœur, de sa maîtresse, de sa belle-mère, un foutoir commode dans le ventre duquel on pouvait parfaitement se cacher. Vitnègre en avait un tout pareil dans lequel il se mettait quand l’un de ses trois payeurs venait pour dépuceler le con ou le cul de sa femme, qu’il appelait sa poule aux œufs d’or ; il voulait tout voir, craignant qu’un des trois ne la lui enlevât ; c’était aussi par volupté ; il était passionné pour la chaussure de sa femme ; lors donc que, tendrement gamahuchée par l’un des trois bougres (car ils l’adoraient, et ils vont la regretter), il lui tirait un soulier qui était étroit et dont la pointe lui servait de con : « Amis, disait-il à ses intimes, je n’ai jamais foutu ma femme qu’en soulier. »

Conquette sentant que Timon avait bien des choses à lui dire et qu’il ne pouvait parler, prétexte qu’elle avait laissé dans mon magasin une lettre qu’elle avait à lui montrer ; ayant une double clef, ils y descendirent ensemble.

Je venais d’y arriver ; j’entendis la marche de ma fille, sa voix basse et celle de Timon ; je me cachai dans le foutoir. Ils entrèrent. Conquette ferma soigneusement la porte, la couvrit du matelassement qui empêchait qu’on ne pût entendre au dehors, et ils s’assirent sur moi.

« Ah ! madame, dit Timon, quelles scènes !… il avait découvert que je vous aimais, à mes regards, et parce qu’un jour, étant avec lui chez vous, et qu’un de vos acheteurs vous caressait sous son nom, il me vit baiser à la dérobée une de vos chaussures, mais il paraissait ignorer non-seulement que vous m’aimiez, mais que je vous fusse connu. Hier, à trois heures, m’ayant trouvé au café, il me dit : « Je ne saurais dépuceler ma femme, j’ai le vit trop gros ; tu es beau garçon, je t’ai choisi pour la dépuceler aujourd’hui, à l’instant ; je te demande seulement six louis, qu’elle aura pour ses épingles. » Je les lui donnai sur-le-champ et nous partîmes… vous savez le reste.

» Ce matin, après vous avoir quittée, j’ai été me reposer jusqu’à dix heures, que j’ai été à mon bureau, mais passant devant sa porte, j’y ai frappé et j’ai entendu deux voisines qui se disaient fort bas : « Le confesseur y est… ce n’est donc pas elle qu’on a emmenée cette nuit. » L’infâme m’a ouvert, l’horrible moine était avec lui ; un frère avait apporté la bière bien enveloppée, et il récitait tout haut des prières auprès du cadavre dans le cabinet obscur… « C’est un ami, a dit Vitnègre… ma pauvre femme est morte… — Morte ?… ai-je dit. — Elle est expirée dans les bras du révérend père ! » J’ai frémi de l’expression. Le moine a dit : « J’ai fait toutes les démarches, nous avons la permission de l’enterrer sans bruit ; ce sera pour trois à quatre heures » Je suis sorti. En revenant de dîner, vers les quatre heures, j’y suis repassé ; deux prêtres, quatre porteurs, le moine et le frère ont emporté le corps sans chanter ; il est inhumé. Nous verrons la suite des événements, je les observerai. Ma belle amie, on vous croit morte ; vous êtes libre, m’accorderez-vous vos précieuses faveurs ? — Mon ami, répondit modestement Conquette, je commence par vous remercier de l’important service que vous m’avez rendu, mais un autre m’en a rendu un plus important encore, seul il m’aurait sauvée… Si mes faveurs étaient encore à moi, elles seraient à vous, mais elles sont à mon premier amant, qui, caché, a découvert la trame ; il venait de me déflorer, il me l’a mis encore après, c’est votre unique rival, mais il est adoré ; son nom, que je vais vous dire, va vous prouver toute mon estime et que vous avez toute ma confiance, c’est mon papa. » À ces mots, Timon tomba aux pieds de son amante… « Fille angélique, fille divine, lui dit-il, je reconnais là votre piété filiale et la beauté de votre âme ! Foutez avec votre père ; que lui seul vous enconne ; vous seriez digne de foutre avec un dieu, si les dieux foutaient encore ! mais je demande à vous gamahucher, et, si votre papa le permet, de vous enculer. — Mon aimable ami, lui dit Conquette en le caressant de la main, vous êtes bien raisonnable. »

Timon se déculotta, lui mit dans la main un vit à pucelage plus petit que le mien, se fit chatouiller les couilles et la voulut branler ; elle s’y refusa ; alors Timon la renversa, la troussa et lui suça savoureusement le con.

Non, jamais on n’entendit de pareils soupirs. « Ah ! Timon… ta langue vaut un vit… » Elle avait émis dès le troisième coup de langue, et dans son délire elle élevait les jambes en l’air, faisant claquer ses jolis talons, haussant du cul pour favoriser l’application de la bouche de son gamahucheur et l’intromission de la langue qui lui chatouillait le clitoris.

Elle imitait sa mère dans ce claquement de talons, car je ne foutais celle-ci que de jour, soit en con, soit en cul, soit en bouche, pour être excité par ce qu’elle avait de mieux, la jambe et le pied ; je lui demandais le claquement des talons, parce qu’il imitait la marche de la femme, ce qui me faisait toujours bander.

Lorsque ma fille eut amplement déchargé, elle écarta Timon.




  1. Il faut se souvenir ici que Rétif publiait l’Anti-Justine, sous le nom de Linguet, rédacteur du journal fameux les Annales politiques et littéraires. (1777-1790.)