L’Année terrible/Par une sérénade on fête ma clémence
III Par une sérénade on fête ma clémence. A mort ! est le refrain de la douce romance. Les journaux prêtres font un vacarme effrayant. — Cet homme ose défendre un ennemi fuyant ! Quelle audace ! il nous croit honnêtes ! il nous brave ! — Les maîtres ont la rage et les valets la bave. Meute de sacristains, meute de hobereaux. L’encensoir furieux me casse mes carreaux ; De tous les goupillons, de toutes les prières, L’eau bénite sur moi tombe en grêle de pierres ; On m’exorcise tant qu’on m’assassine un peu. Bref je suis expulsé par la grâce de Dieu. — Va-t’en ! — tous les pavés pleuvent, et tous les styles. Je suis presque ébloui de tant de projectiles. Au-dessus de mon nom on sonne le tocsin. — Brigand ! incendiaire ! assassin ! assassin ! — Et nous restons, après cette bataille insigne, Eux, blancs comme un corbeau, moi, noir comme le cygne.