Poésies (Éphraïm Mikhaël)/L’Angelus
L’ANGELUS
Dans le noir sillon solitaire
Tout le jour nous avons lutté :
Mais le soir sacre de clarté
La plaine soudain plus austère.
Nous rêvions — nous, gens de la terre ! —
Vous, récolte, et moi, volupté.
Un brusque angelus a tinté
Qui nous trouble de son mystère.
Comme vous, je joins pour prier
Mes mains de terrestre ouvrier…
Mais peut-être nos cœurs serviles,
Même en ce soir religieux,
Gardent l’amour des glèbes viles
Et la peur de songer aux cieux.
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/59/Banville_-_%C5%92uvres%2C_Le_Sang_de_la_coupe%2C_1890_%28page_103_crop%29.jpg/80px-Banville_-_%C5%92uvres%2C_Le_Sang_de_la_coupe%2C_1890_%28page_103_crop%29.jpg)