Éditions de la Revue des poètes (p. 68-69).

AMOUR

Amour sans qui mon cœur languit et ne peut vivre,
Tu n’es plus cet enfant rieur et caressant
Dont l’allégresse étonne et la voix fraîche enivre ;

Tu n’es plus cet ardent et bel adolescent
Qui fait tout oublier d’un mot et d’un sourire,
Et cependant jamais tu ne fus si puissant.

Nul chant ne vaut celui que ta bouche soupire
Les tendres soirs d’été, les longues nuits d’hiver,
Quand tu me dis les mots que seul tu sais me dire.

Tu me rends supportable et doux mon sort amer ;
Mystérieusement près de moi tu chemines,
Voilé comme le ciel, secret comme la mer,


Et dépassant du front les plus hautes collines.
Mais je n’espère plus désormais te revoir,
Même à l’heure où vers moi tendrement tu t’inclines ;

Tu caches maintenant ton visage d’espoir
Et ton regard où luit la céleste lumière,
Sous l’apparence froide et grave du devoir.

Mais tu sais que mon âme est à toi tout entière,
Heureuse de t’avoir choisi comme Seigneur
Et sans cesse cherché dès son heure première,

Amour, vie éternelle et suprême bonheur.