CHAPITRE VIII

Perversions de l’amour dans la race Noire. — La Négresse n’est ni Sodomite, ni Lesbienne. — Rareté de la masturbation et de la pédérastie chez le Noir. — Une Messaline Noire. — Goût du Noir pour la femme Blanche. — Une Messaline Blanche. — Viol d’une femme Blanche par un Noir.



La Négresse n’est ni Sodomite ni Lesbienne. — Après les explications qui précèdent sur le peu de sensibilité génitale de la Négresse, on ne trouvera pas étrange de remarquer chez elle peu de ces cas de perversion érotique, qui sont si fréquents chez les peuples Asiatiques. Déjà la Négresse n’est pas Lesbienne, quoique son clitoris soit bien développé. Elle n’est pas davantage Sodomite, et a au contraire une profonde aversion pour ce goût dépravé. La raison en est peut-être en ce que, pratiqué avec la verge d’un Nègre, le coït anal serait un véritable supplice, une sorte d’empalement. Je n’ai trouvé de traces de Sodomie que chez les pierreuses Noires de Saint-Louis, adonnées à la plus basse prostitution. Je citerai notamment une de ces femmes, encore jeune, qui présentait un développement notable des fesses avec un profond infundibulum, un sphincter complètement relâché, avec un orifice d’une dilatation considérable admettant sans douleur trois doigts. Cette femme avouait que c’étaient des Blancs (était-ce bien sûr ?) qui se livraient sur elle à la Sodomie, et qu’avant de se laisser faire, elle exigeait d’avance une bouteille de sangara, dont elle buvait au point de tomber ivre-morte, de sorte qu’elle ne ressentait rien ou à peu près.

Rareté de la masturbation et de la pédérastie chez le Noir. — Le Noir libre n’est ni Sodomite ni pédéraste. Il se masturbe même très peu. D’ailleurs, le frottement de la main sur la muqueuse peu sensible du gland circoncis, exige un temps encore plus considérable que le coït pour aboutir à l’éjaculation. Le Négrillon incirconcis se masturbe en se tirant tout le prépuce, qu’il allonge considérablement. Mais une fois circoncis, il considérerait presque comme une honte de se masturber, car il ne manque pas de femmes pour ses besoins sexuels. Il n’en est plus de même de l’esclave qui, circoncis ou non, a moins de facilités pour accomplir le coït que le Noir libre, et il se passe entre esclaves ce qui se passe dans toutes les agglomérations humaines où manque l’élément féminin. Il y a alors échange de procédés pédérastiques réciproques et alternance du passif et de l’actif. C’est du moins ce qui ressort de l’examen médical de deux jeunes Tirailleurs Bambaras provenant du poste de Kita, où ils avaient été mis en liberté après la capture d’une bande d’esclaves sur des dioulas Sarrakholais. On les avait engagés de bonne heure, quoique n’ayant pas encore vingt ans. Ils m’avouèrent qu’entre captifs et esclaves, les pratiques pédérastiques avaient cours, tant qu’ils ne pouvaient se procurer des femmes, mais qu’ils les cessaient dès qu’ils en avaient à leur disposition. Ces deux Tirailleurs, véritables Castor et Pollux Nègres, continuèrent ensemble leurs pratiques contre nature, jusqu’au jour où ils prirent, à Saint-Louis, une femme en commun, femme divorcée d’un Tirailleur en expédition dans l’intérieur.

Une Messaline Noire. — C’était une virago d’une trentaine d’années, un des plus beaux spécimens de la femelle Noire. Venue toute jeune à Saint-Louis, elle ne se rappelait pas le lieu de sa naissance, mais, d’après la forme de son corps, j’ai toujours pensé que c’était une Bambara. Elle était de taille moyenne, trapue, avec des fesses énormes : une véritable Callipyge Noire. Sur son buste pointaient horizontalement deux seins piriformes, gros comme une pastèque, qui ne tombaient pas (elle n’avait jamais été mère), mais qui dardaient deux bouts noirs de la grosseur du pouce. Son ventre, rond comme une grosse citrouille, montrait une vulve proéminente, et le pubis saillant était recouvert d’une toison drue et piquante comme les poils d’une brosse. Le clitoris, de la grosseur du petit doigt, entrait facilement en érection au moindre attouchement. C’était une des rares Négresses avouant éprouver du plaisir par la masturbation manuelle ou buccale. La vulve était largement ouverte, permettant l’introduction facile de quatre doigts réunis. Les grandes et petites lèvres étaient très développées. Elle n’avait point subi l’excision, ayant été amenée très jeune à Saint-Louis, et la femme du traitant dont elle était la domestique à vie (lisez esclave), l’avait prostituée de bonne heure à des Blancs. Comme la Quartilla de Pétrone, elle ne se rappelait pas avoir été vierge.

Pour le moment, elle partageait ses faveurs entre ses deux maris et plusieurs autres, à en croire la chronique. Comme c’était ma blanchisseuse et qu’elle ne crachait point sur un verre de sangara, elle me racontait les péripéties de ses campagnes dans l’intérieur, et comment, en bonne fille compatissante qu’elle était, elle avait une fois satisfait, pendant une nuit, dans un petit poste de l’intérieur, les désirs du sergent Toubab et des quinze tirailleurs composant la garnison du poste. Si j’ai parlé de cette femme en détail, c’est qu’elle constitue pour moi une véritable exception de lasciveté féminine, assez rare chez la Négresse. Elle méritait bien le nom de Messaline.

Goût du Noir pour la femme Blanche. — Si la Négresse a généralement peu de goût pour le Toubab, on n’en saurait dire autant du Noir pour la Blanche. C’est un raffinement de haut goût érotique pour un Nègre, lorsqu’il peut avoir affaire à une diggen Toubab, et c’est un caprice que bien peu ont l’occasion de se payer. Les Créoles de Saint-Louis montrent pour le Nègre la même répugnance que celles des Antilles et de la Guyane. Quant aux femmes Françaises, elles sont en bien petit nombre dans les colonies ; ce sont généralement des femmes d’officiers, de fonctionnaires, et leur condition sociale les met généralement à l’abri de pareilles incartades. Peut-être quelqu’une d’entre elles, d’un tempérament lascif, aurait-elle la fantaisie de s’assurer si le Noir est bâti autrement que le Blanc, si la crainte d’un produit coloré ne venait amortir les feux de sa concupiscence : Timor fructus nigri, initium prudentiæ. Je n’ai eu connaissance que des écarts d’une seule femme Blanche, se prostituant à des Nègres ; mais c’était une hystérique.

Une Messaline Blanche. — Cette malheureuse avait rendu malade son mari par l’excès du coït. Je fus obligé de l’envoyer à l’hôpital pour qu’il pût avoir un peu de répit. Restée seule dans un petit logement, non loin du quartier Nègre de la pointe du Nord, elle ne tarda pas à mener la conduite la plus scandaleuse. Dans le milieu de la journée, aux heures les plus chaudes, où l’on est certain de ne voir dans la rue ni Blanc, ni Créole, elle se mettait, moitié nue, à sa fenêtre, et appelait par signes les Nègres qui passaient dans la rue. Il en vint d’abord un, puis deux, puis trois, etc., enfin des groupes entiers, qui assouvissaient à tour de rôle sur elle leur passion bestiale. Ils ne s’étaient jamais vus à pareille fête ! Le scandale fut si grand, qu’il vint aux oreilles du mari, et il obtint de l’Autorité la permission de faire enfermer sa femme à l’hôpital : malade, elle l’était, car ses orgies érotiques lui avaient causé une grave affection de l’utérus.

Viol d’une Blanche par un Nègre. — Une Française dont j’ai parlé plus haut, Mme  D***, fut victime d’un horrible attentat. Pendant l’épidémie de fièvre jaune, elle avait perdu son mari et son fils. Je lui donnai mes soins et je n’avais pu, malgré tous mes efforts, quand elle tomba malade à son tour, la faire entrer à l’hôpital, qui était encombré. Sa maison et la mienne étaient en plein quartier Nègre. Elle n’avait pour l’assister que des Négresses, dont les soins étaient plus bienveillants qu’utiles. Je n’eus, un soir, aucun espoir de la sauver, et je diagnostiquai sa mort dans le courant de la nuit. Je prévins une Négresse, sa voisine et sa servante, de lui donner les soins habituels, mais de la laisser tranquille si elle ne demandait rien.

Obligé, par mon service de garde, de passer la nuit à l’hôpital, je ne pus en revenir que le lendemain matin. Mme  D*** était morte. La Négresse, la croyant trépassée vers trois heures du matin, l’avait quittée, après l’avoir recouverte d’un drap, lorsqu’en revenant le matin à sept heures, un peu avant moi, elle avait trouvé le drap par terre, et le corps de Mme  D*** gisant en travers du lit, la chemise enlevée. La Négresse prétendait avoir fermé la porte pour empêcher les animaux d’entrer, mais une fenêtre s’était trouvée ouverte ; la maison n’était qu’un rez-de-chaussée. Je vis, au premier coup d’œil, que le visage de la morte présentait une expression de souffrance et d’horreur toute particulière. Le corps portait sur les seins des marques de morsures et de larges ecchymoses. Le bout du sein gauche était presque complètement arraché. Les plus graves désordres se montraient du côté des organes génitaux. Ceux-ci étaient bien conformés, le clitoris normal, mais la vulve était largement ouverte. Les grandes lèvres, écartées, montraient le vagin béant. On ne distinguait plus aucune trace des caroncules myrtiformes, de la fourchette, de la fosse naviculaire, du vestibule. L’entrée du vagin, distendue au point d’admettre la main d’un enfant, occupait sa place, mais la muqueuse de ce conduit était pendante, telle qu’on l’observe chez les femmes qui ont eu un grand nombre d’enfants, ou qui ont fréquemment usé du coït. Le doigt rencontrait des caillots de sang, qui obstruaient le fond du vagin, et l’on sentait que le museau de tanche n’était pas résistant comme à l’habitude et se laissait refouler. On aurait dit que tout l’appareil génital avait été fourgonné avec un pilon en bois dur. Pour moi, cela ne faisait aucun doute : Mme  D*** avait été violée avant sa mort. La Négresse servante avait dû partir de bonne heure pour ne pas assister à son agonie, et un rôdeur Toucouleur (peut-être même plusieurs, si ce n’est même des voisins) s’était introduit dans la chambre de cette malheureuse et livré sur elle aux derniers outrages. Il est probable que la pauvre femme, ainsi martyrisée, avait dû reprendre ses sens avant de mourir ; on le devinait à l’expression de son visage. La maison de Mme  D*** était un peu écartée et près du bord du fleuve. Les voisins n’avaient rien entendu, leurs chiens n’ayant pas aboyé, ou du moins pas plus que d’habitude. Aussi l’enquête ne prouva rien, et, au milieu du désarroi général où la fièvre jaune plongeait la colonie entière de Saint-Louis, la fin tragique de Mme  D*** passa inaperçue.

Ruse d’un Nègre pour posséder une Blanche. — J’avais, comme boy, à mon service, un jeune Sarrakholais nommé Demba, âgé de seize ans, nubile, par conséquent, et ce qui ne gâtait rien, un des plus beaux spécimens de sa race. C’était le fils d’un laptot qui l’avait amené tout jeune à Saint-Louis, vers sa dixième année. Il avait servi à douze ans, comme domestique, chez un officier de spahis. Cet officier, qui avait longtemps résidé en Algérie, était l’ami intime d’un fonctionnaire, venu comme lui d’Alger, où il avait épousé une Algérienne de race Espagnole.

L’intimité des deux amis était poussée à ce point, que l’officier, qui habitait une maison voisine de celle du fonctionnaire (il y avait même une terrasse commune par laquelle on pouvait communiquer d’une maison à l’autre), était constamment chez le fonctionnaire. La femme de ce dernier, au tempérament ardent et aux passions vives, était, on l’a déjà deviné, la maîtresse de l’officier, et quand son mari était parti pour son bureau, elle allait, par la terrasse, dans la chambre de son amant. Le Négrillon Demba servait de messager galant et, pendant l’absence du mari, guettait, sur la porte, son retour intempestif. Il arriva un jour que, le mari venant de partir, et la dame ne faisant que d’entrer chez l’officier, celui-ci fut interrompu dans son tête à tête par une affaire imprévue de service exigeant sa présence immédiate au quartier. Le Négrillon, qui était un fort joli garçon, avec des yeux de gazelle et un corps de la forme d’un Faune antique, mais déjà homme par les dimensions de son appareil génital, quoique non encore pubère, osa pénétrer dans la chambre où la dame se dépitait d’avoir vu partir son amant. Je ne puis décrire ici tout au long la scène réaliste par laquelle Demba montra à la dame, preuves en main, qu’il brûlait d’amour pour elle et qu’il était de taille à satisfaire son désir. Je me contente de dire que le plaisir de la dame fut d’autant plus complet, que le Négrillon, en état de suppléer son maître comme dimensions de pénis, étant encore impubère, et ne sécrétant pas de sperme, le congrès durait interminablement sans danger de fruit, double avantage de plaisir et de sécurité.

Je tiens l’histoire du Négrillon lui-même. Ce jeune drôle, aussi intelligent que dépourvu de scrupules, me raconta aussi l’historiette suivante :

Défloration d’une petite Blanche par un Noir. — Il racontait qu’ayant à peine dix ans, quand il était venu à Saint-Louis, son père, laptot au service d’un négociant Européen de Saint-Louis, l’avait placé d’abord chez celui-ci en qualité de boy. Ce négociant avait épousé une Signare (créole de couleur) de Gorée, et en avait une petite fille à peu près de l’âge du jeune Nègre, mais qui était nubile, car, d’après le petit Négrillon, elle faisait du sang (sic). Toujours est-il que les parents ne se méfiant pas de lui et ne surveillant pas assez leur fille, celle-ci, avec la lasciveté naturelle des femmes de couleur, prit le Négrillon pour amant ; elle se levait la nuit pour le retrouver dans le magasin. Les ébats amoureux avaient lieu dans l’ombre et le mystère. Cette intrigue dura un an, mais fut découverte par des traces de sang menstruel que l’on trouva un beau matin sur des sacs de farine, lit d’amour improvisé. Le Négrillon fut mis à la porte à coups de pied, et la jeune fille envoyée dans un pensionnat de Bordeaux pour y compléter une éducation si bien commencée.