Bonne Presse (p. 61-64).

CHAPITRE VIII

LA FLEUR D’AMOUR


Moins perspicace que le bon abbé habitué à lire depuis tant d’années dans les âmes les plus fermées, Paule n’avait pu renaître à l’espoir après ces paroles mystérieuses dites par le comte la veille.

Et c’est pourquoi, après une nuit un peu fiévreuse, le matin la trouvait encore perplexe. M. de Peilrac voulait-il passer l’été en Bretagne, ou désirait-il s’y fixer ? C’était la seule solution qu’elle avait trouvée au problème posé devant elle.

Elle n’avait pas voulu comprendre les regards plus tendres de Roger, la douceur de sa voix quand il lui parlait.

— Reconnaissance pour les soins donnés à sa fille, se disait-elle.

Cette perspective de garder Mireille l’enchantait, mais aussi la jetait dans un grand trouble. Comment fermer la blessure de son cœur si celui qui l’avait faite demeurait toujours à ses côtés ? Par l’absence, elle aurait pu se cicatriser, après bien des souffrances sans doute, mais auxquelles Paule se résignait. En serait-il ainsi maintenant qu’elle le verrait à toute heure ?

Et, de nouveau, un cercle de fer comprimait son front.

Aussi, lorsque sa sœur lui demanda si elle voulait l’accompagner à Lorient où elle se rendait pour des achats, déclina-t-elle l’invitation, sous le prétexte d’un travail à terminer.

Sans faire d’observations, Mlle Irène partit, sereine, avec Mireille et sa gouvernante. La confiance de l’abbé Doltan régnait en elle ; moins prévenue que Paule, elle avait pu librement observer et juger. Or, d’après son intime conviction, le comte aimait sa famille, et, en mère tendre, elle s’en réjouissait.

Un seul point noir à cet horizon qu’elle voyait si rose : le départ de sa sœur. Mais comme tous les dévoués, elle s’efforçait de n’y pas songer, voyant avant tout la félicité de Paule.

La jeune femme s’installa, en effet, dans le petit salon pour achever le grand col qu’elle brodait à Mireille. C’était un superbe dessin Renaissance qu’elle avait formé à l’aide de fins lacets reliés par des points à jour.

Ce travail ne put la retenir longtemps, il ne l’absorbait pas assez ; les pensées sombres affluaient en son cerveau.

Elle se rejeta sur la musique, et se plaça devant le piano. Mais sonates et concertos ne firent que l’attendrir. Quant au chant, elle ne l’essaya même pas, sachant bien que les pleurs jailliraient dès la première parole, et elle ne voulait pas les laisser couler.

— Faisons une promenade, se dit-elle, avec un sourire résigné.

Elle prit sa grande ombrelle et s’enfonça sous les ombrages du parc. Instinctivement attirée par les souvenirs du passé que sa tristesse présente amenait tout naturellement à son esprit, elle passa encore ce petit pont jeté sur le Scorff, et pénétra dans l’enceinte du château détruit.

Elle s’assit à sa place accoutumée, sous le chêne aux feuilles dentelées, d’un vert tendre. Un rouge-gorge placé à l’extrémité d’une branche y chantait éperdument. De frêles anémones d’or, des pâquerettes rosées frissonnaient à ses pieds à demi cachés dans l’herbe déjà haute.

L’heure était délicieuse sous ces rameaux qui tamisaient les rayons ardents du soleil de l’après-midi. En tout autre moment, Paule en aurait goûté le charme, mais cette idée du mystère était trop tenace en elle. Car une autre préoccupation en avait surgi.

Si M. de Peilrac continuait à résider à Pont-Scorff, quelles conversations malicieuses cette présence si près des Magnolias n’alimenterait-elle pas ?

Paule savait que l’on s’était déjà occupé du comte et d’elle dans leur entourage.

Un matin qu’elle s’était rendue au moulin afin d’y apporter un remède pour le petit Jean qu’un mal de gorge retenait au lit, la mère de l’enfant lui avait parlé très nettement de son mariage prochain avec le père de Mireille.

— Ah ! notre demoiselle, combien j’en serais heureuse ! avait-elle ajouté. Vous êtes si seules, si isolées aux Magnolias ! Puis M. le comte est beau, riche, et enfin vous aimez sa fille quasiment comme la vôtre.

Paule, atterrée, avait laissé Catherine parler sans avoir la force de l’interrompre.

— Qui vous a raconté cette belle histoire ? lui demanda-t-elle enfin.

— On en causait chez la buraliste de Cléguer, et on ajoutait que M. de Peilrac ne pouvait mieux faire, ni vous non plus.

— Vous aurez l’obligeance de démentir ces faux bruits, Catherine ! M. de Peilrac partira très prochainement pour sa propriété de Bayonne, et moi je ne songe nullement à quitter ma sœur.

— Ah ! c’est bien dommage, Mademoiselle. C’était pourtant un bien beau mariage !

Malgré l’ennui d’une pareille découverte, Mlle de Montscorff avait eu un pâle sourire pour l’air désappointé de sa meunière.

Elle savait combien ces braves gens les aimaient et n’y trouvait qu’une preuve d’intérêt, non d’indiscrétion.

Mais à cette heure elle se voyait encore le point de mire des indifférents, des oisifs, des malveillants peut-être, et sa fierté en souffrait.

Pendant qu’elle se livrait à ces réflexions chagrines. M. de Peilrac entrait au château.

Lorsque Thérèse, la femme de chambre, lui eut dit que ces dames, hors Mlle Paule, étaient, à Lorient, son visage eut une rapide contraction d’ennui. Il venait à Montscorff pour entretenir la jeune femme de ses projets, mais c’est du gracieux intermédiaire de Mireille qu’il comptait se servir. Il voulait la placer entre Paule et lui : aurait-elle pu le refuser ? C’eût été repousser en même temps cette enfant si chère.

Comme tous les cœurs qui aiment vraiment, Roger devenait timide ; il doutait maintenant de cette affection qu’il avait cru lire dans les yeux francs de Mlle de Montscorff.

Quand Thérèse ajouta que Mlle Paule se promenait dans le parc, un élan irrésistible le porta vers elle. Ayant entrevu sa robe blanche derrière les arbres, il se dirigea du côté des ruines du vieux château.

Absorbée dans ses méditations, la jeune femme ne l’entendit pas marcher sur l’herbe douce, et il put la contempler quelques instants, attendri et charmé.

Qu’elle était gracieuse en cette pose rêveuse ! Sa blonde tête s’auréolait d’un rayon et ses mains fines effeuillaient distraitement quelques brins de clématite sauvage.

Ainsi profilée sur la verdure des vieux chênes, elle semblait une toute jeune fille se reposant tout simplement d’une course trop longue, sans songer à rien. Nul n’aurait pu dire qu’un océan de pensées se heurtaient sous ces cheveux d’or.

Le comte, redoutant d’être surpris dans cet admiratif espionnage, s’avança vivement, et son ombre se projetant en avant, Paule se tourna vers lui. Elle retint un cri de surprise, et une teinte rose lui monta aux joues. Comme elle se levait à demi, dans son embarras extrême :

— Ne vous dérangez pas, de grâce, Mademoiselle ! lui dit Roger. Je regrette de m’être présenté à vous aussi brusquement ; je vous ai effrayée ?…

— Nullement, Monsieur ! fit-elle, reprenant assez d’empire sur ses nerfs pour se dominer complètement.

Et c’est avec cette aisance que donne l’habitude du monde qu’elle continua :

— Mireille est à Lorient avec ma sœur et Yvonne. Je devais rester au château afin de terminer ce col brodé que je lui destine, et voyez comme je m’en occupe !…

Elle riait doucement, en montrant ses dents, qui éclataient, si blanches, entre le corail de ses lèvres.

Le comte s’empressa de saisir l’occasion offerte sans le savoir.

— Oui, vous vous dites sans doute que l’époque fixée pour le départ étant arrivée, il devient imminent !

Les grands yeux qui resplendissaient sous ce rire comme deux fleurs se rembrunirent soudain.

Il vit cette émotion, et d’une voix qu’une anxiété adoucissait encore :

— Ô Paule ! nous laisserez-vous partir ?…

Elle se releva d’un bond, et joignant ses doigts frêles, un rayonnement au front :

— Vous me la donneriez ?…

— Oui ! Car même avec elle, il me serait trop douloureux de vous quitter.

Elle chancela sous ce bonheur immense, imprévu.

Roger l’enlaça doucement, et l’asseyant sur les lierres, il prit place à son côté, en gardant sa main entre les siennes :

— La reconnaissance m’a de suite attiré vers vous, lui murmura-t-il : vous aviez tant fait pour Mireille ! Puis, peu à peu, mon cœur si malheureux se rattacha à l’existence, sans que je susse d’abord par quelle magie.

— N’aviez-vous pas Mireille ? fit-elle, un peu coquette.

Il secoua la tête.

— Ce n’est pas ma fille seule qui me mettait cette joie dans l’âme, c’est vous, Paule, c’est votre charme exquis, votre inépuisable charité pour toutes les douleurs. Vous m’avez sauvé sans le savoir du vide affreux qui m’affolait : j’ai tant souffert !…

Elle le caressa de son regard où riait tout l’azur du ciel.

— Ô bien-aimée !… fit-il.

Ils restèrent quelques instants silencieux, les doigts unis, goûtant une plénitude de jouissances qui rachetaient bien des larmes.

— Je devrai donc quitter Irène ! dit soudain la jeune femme avec regret.

— Voulez-vous rester en Bretagne, amie ? Dites-le, vos désirs seront des ordres.

— Ne regretterez-vous pas votre pays natal ?

— Je vous répondrai comme Ruth : où vous serez résidera mon bonheur. Mais j’y pense, pourquoi ne rebâtirions-nous pas ce château de vos ancêtres ?

— Le rêve d’Irène ! s’écria-t-elle, ravie.

— Eh bien ! nous le réaliserons. Et nous jouirons ainsi doublement de la félicité revenue, puisque votre sœur la partagera.

— On ne saurait trop vous aimer !… murmura-t-elle.

Les yeux du comte eurent un éclair de fierté. Il éleva la main qu’il tenait encore jusqu’à ses lèvres en disant aussi :

— On ne saurait trop vous chérir !…

— Rentrons ! dit enfin Paule. Nos voyageuses doivent être revenues, et j’ai hâte de leur annoncer la bonne nouvelle.

— Mireille en éprouvera une joie délirante, répondit Roger ; elle redoutait tant le moment cruel de la séparation ! Elle a pour vous une tendresse égale à celle qu’elle me porte, et je n’en suis pas jaloux, ajouta-t-il en riant.

Il lui offrit son bras, et ils s’en revinrent lentement vers le château.

Comme en ce moment béni qui comblait ses vœux les plus ardents, Paule goûta pleinement l’ivresse de ce beau jour printanier ! Et combien des jours heureux se succéderaient pour elle dans le domaine aimé, entre tous ces êtres chers.

Quel élan de reconnaissance montait de son âme enivrée vers le ciel serein qui semblait partager cette allégresse ! Elle avait souffert, elle avait pleuré, mais vers sa foi qui, flambeau divin, ne s’était jamais éteinte, Dieu avait envoyé dès ce monde l’ineffable consolation.

Comme ils entraient dans le grand salon, la voiture s’arrêtait devant le perron.

Ils se penchèrent à la fenêtre afin d’en voir descendre les trois femmes.

En les trouvant réunis, une clarté dans les yeux, Mlle Irène devina le doux secret. Elle entra vivement dans le salon avec Mireille, pendant qu’Yvonne regagnait sa chambre.

— Embrasse celle qui va devenir vraiment ta mère, chérie ! s’écria le comte en poussant doucement sa fille vers la jeune femme.

— Maman !…

Et avec un cri de triomphe, l’enfant se jeta dans les bras tendus.

— Vous voulez bien me la donner, n’est-ce pas ? demanda-t-il ensuite à la sœur aînée, qu’un attendrissement très naturel rendait silencieuse.

— Oui, mon cher comte ! Et malgré les tristesses de la séparation, je la verrai partir, confiante, à votre bras.

Alors, d’un élan fou, Paule se précipita vers elle.

— Tu ne me perdras pas, ô toi qui fus pour moi la mère la plus tendre, et les hautes tours de Montscorff se dresseront encore parmi les grands chênes.

Mlle Irène, tout exaltée, malgré sa force de caractère, tendit ses mains à Roger qui les baisa avec une respectueuse affection.

— Combien vous êtes digne d’être aimé ! s’exclama-t-elle.

Puis ils expliquèrent à Mireille ce qu’allait être leur vie désormais.

— Je vais donc aussi avoir un papa et une maman ! fit la petite fille, le regard irradié de lumière.

Ces mots, qui prouvaient combien elle avait souffert de sa situation douloureuse, redoublèrent les caresses dont Paule et Roger la comblaient.

Ils se regardèrent émus, infiniment heureux de pouvoir reconstruire le foyer, puisque Dieu, en son infinie bonté, avait fait renaître dans leurs cœurs la douce fleur d’amour.

*

Deux ans se sont écoulés depuis la Communion de Mireille qui vit éclore tant de joie. Le château de Montscorff se dresse imposant et superbe, avec son pont-levis, ses tours à mâchicoulis, ses sveltes tourelles, sa porte monumentale que surmontent les écussons des deux maisons alliées. Pour la première fois, les oriflammes se déploient aux extrémités des sept tours, et c’est un heureux événement qu’elles signalent.

Un petit enfant sourit dans son berceau placé dans une chambre somptueuse et claire du nouveau château. Dieu a béni l’union de Paule et de Roger.

Et Mlle Irène, les yeux extasiés, contemple le cher bébé en qui revivra la race des Montscorff.

Par une délicatesse qui le peignait tout entier, le comte avait fait ajouter ce nom au sien, lorsque le nouveau-né fut déclaré à la mairie de Cléguer, et c’est encore un Paul de Peilrac-Montscorff qui a ouvert ses grands yeux bleus à la lumière.

Mlle Irène n’est pas la seule à contempler, ravie, le doux enfantelet qui lui représente Paule au berceau, Mireille quitte à peine la pièce où repose ce frère attendu avec tant d’impatience, et qui ressemble si intimement à la comtesse. Elle le berce, lui parle avec des mots délicieux qui remuent infiniment le cœur de la mère.

C’est un lien de plus entre elle et Mireille, que ce petit être, car elle ne craint pas la jalousie qui souvent survient entre les enfants de deux mères, elle sait trop combien sa fille est loin de ce sentiment si bas.

Le comte est aussi fier que sa belle-sœur de cet héritier de son nom ; il le pensait destiné à disparaître avec lui, et ce petit espoir souriant dans son berceau lui prouve qu’il brillera encore du même éclat.

Il l’élèvera dans les principes de la religion et de l’honneur, cet enfant déjà si cher, et avec ces deux guides il ne s’écartera pas du droit chemin. N’aura-t-il pas du reste dans les deux familles l’exemple d’une longue lignée d’intègres et de valeureux gentilshommes ?

Et Paule ? Comment peindre l’immense félicité de cette âme faite de charité et d’amour ! Elle qui trouvait tant de tendresse en son cœur pour le répandre sur l’abandonnée, quel trésor en découle maintenant pour cet être qui tient à elle par toutes ses fibres !

Ces transports ne peuvent se décrire, il faut les ressentir pour en goûter la plénitude.

Depuis quelques mois seulement la famille de Peilrac-Montscorff réside au nouveau château, elle y est entrée assez à temps cependant pour que le petit Paul y pût naître.

Mlle Irène occupe toujours les Magnolias avec ses fidèles serviteurs ; elle l’a préféré ainsi pour être plus libre, et Paule n’a pas insisté. Les deux châteaux sont si près l’un de l’autre ! Il a suffi à l’aînée des Montscorff que la demeure familiale ait été relevée, et maintenant qu’un enfant de la race y est né, son bonheur est complet.

Ce jour qui voit flotter aux tourelles tant de drapeaux multicolores est celui du baptême de Paul.

Il a fallu attendre les chers amis de Majorque pour cette cérémonie ; ils avaient été à la peine, ils devaient être à la joie, à l’honneur. Et c’est M. Falouzza qui accompagnera Mlle Irène : pouvait-on choisir à l’enfant une marraine et un parrain plus dignes de ce beau titre ?

Ah ! que Carmen et Inès, les jolies jumelles, ont vite sympathisé avec Mireille ! De véritables sœurs ne s’aimeraient pas davantage.

Thérésa a été aussi conquise par la grâce et le charme de Paule.

— Je crois revoir Marie, mon cher comte ! a-t-elle dit à Roger, tout ému par les ressouvenirs évoqués. Elle a ses traits charmants, et aussi sa nature exquise. Dieu vous avait bien frappé, mais après les larmes il vous a donné le bonheur idéal, celui que l’on rencontre bien rarement sur cette terre d’exil.

Tous les amis des heureux époux sont donc réunis en la seigneuriale demeure pour cette fête religieuse et intime. Les riches et les puissants de ce monde coudoient les plus humbles, que les nobles cœurs qui s’appellent Paule et Roger n’ont pas écartés en ce jour de douce et fière réjouissance.

La famille Kerlan a été accueillie comme elle le méritait.

M.  et Mme des Roulleaux avaient été invités des premiers ; le comte n’oubliait pas ce qu’il devait à l’homme sympathique qu’était le sous-préfet de Bayonne.

Le grand âge du Dr Queltin l’avait empêché d’entreprendre ce long voyage, ses vœux seuls sont parvenus, bien sincères, pour le nouveau-né. Mais le Dr Conlau s’était empressé d’accourir avec sa femme.

Par cette splendide journée de juin qui s’alliait bien à la joie de tous, Paul de Peilrac-Montscorff, entouré de ses parents ravis, de leurs amis joyeux, fut porté à la petite église, aussi fleurie qu’une serre, pour y recevoir le titre si beau de chrétien, devant lequel tous les siens s’effaçaient.

Ce fut encore l’abbé Doltan qui versa sur la tête du nouveau-né l’eau qui purifie, et lui mit sur les lèvres le sel amer. Symboles d’une vie de foi, de sagesse et d’amour, occupée avant tout à chercher la voie de Dieu, malgré toutes les injustices et les persécutions.

Et la cérémonie achevée, le vénérable prêtre monta dans une des voitures du château afin de prendre sa part des réjouissances de cette famille dont il avait connu les douleurs et les joies.

C’est fête dans la commune tout entière, car cette fois encore le don de joyeux avènement a été royalement payé. Pas un petit enfant de Cléguer à Pont-Scorff qui ne sourie en entendant sonner les cloches vibrantes. Les mères émues s’unirent aussi du fond du cœur à ces heureux ! Ils savaient si bien partager leurs richesses, qu’on ne songeait pas à les envier.

Les châtelains de Montscorff pouvaient lire sans y voir un reproche la magnifique poésie du grand poète sur la charité.

Donnez, riches, l’aumône est sœur de la prière…
Hélas ! quand un vieillard sur votre seuil de pierre,
Tout raidi par l’hiver, en vain tombe à genoux ;
Quand les petits enfants, les mains de froid rougies,
Ramassent sous vos pieds les miettes des orgies,
La face du Seigneur se détourne de vous !


fin



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