L’émancipation de la femme/Appel aux femmes

Texte établi par Alphonse Constantau bureau de la direction de La Vérité (p. 3-4).

APPEL AUX FEMMES
DE TOUS LES RANGS, DE TOUS LES ÂGES, DE TOUTES LES OPINIONS, DE TOUS LES PAYS.

Femmes,

Vous dont l’âme, le cœur, l’esprit, les sens, sont doués d’une impressionnabilité telle qu’à votre insu vous avez une larme pour toutes les douleurs, — un cri pour tous les gémissements, — un élan sublime pour toute action généreuse, — un dévouement pour toutes les souffrances, — une parole consolante pour tous les affligés ; — femmes, vous qui êtes dévorées du besoin d’aimer, d’agir, de vivre ; vous qui cherchez partout un but à cette brûlante et incessante activité de l’âme qui vous vivifie et vous mine, vous ronge, vous tue ; — femmes, resterez-vous silencieuses et toujours cachées, lorsque la classe la plus nombreuse et la plus utile, vos frères et vos sœurs les prolétaires, ceux qui travaillent, souffrent, pleurent et gémissent, viennent vous demander, les mains suppliantes, de les aider à sortir de la misère et de l’ignorance !

Femmes, L’UNION OUVRIÈRE a jeté les yeux sur vous. Elle a compris qu’elle ne pouvait pas avoir d’auxiliaires plus dévoués, plus intelligents, plus puissants. — Femmes, L’UNION OUVRIÈRE a droit à votre gratitude. C’est elle la première qui a reconnu en principe les droits de la femme. Aujourd’hui votre cause et la sienne deviennent donc communes. — Femmes de la classe riche, vous qui êtes instruites, intelligentes, qui jouissez du pouvoir que donnent l’éducation, le mérite, le rang, la fortune ; vous qui pouvez influencer les hommes dont vous êtes entourées, vos enfants, vos domestiques et les travailleurs vos subordonnés, prêtez votre puissante protection aux hommes qui n’ont pour eux que la force du nombre et du droit. — À leur tour, les hommes aux bras nus vous prêteront leur appui. — Vous êtes opprimées par les lois, les préjugés ; UNISSEZ-VOUS aux opprimés, et, au moyen de cette légitime et sainte alliance, nous pourrons lutter légalement, loyalement, contre les lois et les préjugés qui nous oppriment.

Femmes, quelle mission remplissez-vous dans la société ? — Aucune. — Eh bien, voulez-vous occuper dignement votre vie : consacrez-la au triomphe de la plus sainte des causes : L’UNION OUVRIÈRE.

Femmes, qui sentez en vous le feu sacré qu’on nomme foi, amour, dévouement, intelligence, activité, faites-vous les prédicatrices de L’UNION OUVRIÈRE.

Femmes écrivains, poêtes, artistes, écrivez pour instruire le peuple, et que L’UNION soit le texte de vos chants.

Femmes riches, supprimez toutes ces frivolités de toilette qui absorbent des sommes énormes, et sachez employer plus utilement et plus magnifiquement votre fortune. Faites des dons à L’UNION OUVRIÈRE.

Femmes du peuple, faites-vous membres de L’UNION OUVRIÈRE. Engagez vos filles, vos fils à s’inscrire sur le livre de L’UNION.

Femmes de toute la France, de toute la terre, mettez votre gloire à vous faire hautement et publiquement les défenseurs de L’UNION.

Oh ! femmes, nos sœurs, ne restez pas sourdes à notre appel ! — Venez à nous, nous avons besoin de votre secours, de votre aide, de votre protection.

Femmes, c’est au nom de vos souffrances et des nôtres que nous vous demandons votre coopération pour notre grande œuvre.

(Extrait de l’Union Ouvrière, 3e édition.)