Calmann-Lévy, éditeurs (p. 192-545).


LONDRES


Londres.
Hôtel Claridge.

Changement de décor ! Oh ! il y en a eu dans ma vie !… et de laids, et de jolis, et de tristes et de gais ! Ce matin, c’était une demeure familiale et amie ; ce soir, c’est l’hôtel banal et froid. Comment je m’y adapte, comment je m’y retrouve, c’est un mystère pour moi-même. Je crois cependant que cela représente un petit tour de force de la nature.

Défaire et refaire sa malle, c’est tout bonnement s’étendre et se rétrécir ! Quand on sort ses vêtements, les objets qui vous continuent, qu’on les étale autour de soi, on s’étend ; quand on les réintègre dans leur boîte, on se rétrécit. Le comique de ces deux mouvements m’a frappée aujourd’hui pour la première fois et il m’a donné un bel accès de gaieté. En arrangeant plumes et papiers sur ma table à écrire, j’ai dit tout haut : « Je m’étends ! je m’étends. » Cela me semblait irrésistiblement drôle. Cette fois, je me suis étendue bien à l’aise, dans une belle chambre bleue à deux fenêtres et dans un grand cabinet de toilette. De temps à autre, la Providence m’accorde un peu de ce luxe, de ce confort que j’ai toujours aimé… oh ! pas souvent. Évidemment, elle a ses raisons pour ne pas me gâter trop.

Un séjour à l’hôtel Claridge n’était d’abord pas entré dans mon programme de voyage. Et puis, au mois d’avril, comme je prenais le thé chez Ritz, le chef de réception est venu m’annoncer qu’il en avait obtenu la direction et m’engager à y descendre lorsque j’irais à Londres. Je le lui ai promis et m’y voici très bien installée par ses soins. Pourquoi, oh ! pourquoi ai-je été amenée dans ce solennel et aristocratique hôtel Claridge ?… nous verrons bien…

Oui, cela a été pénible ce départ de Saint-Olaf, très pénible… et dire qu’un mois auparavant, j’en avais franchi la grille en étrangère ! Jack et Bob étaient sous le porche. Jusqu’au dernier moment, ils m’ont dit mille choses affectueuses avec leurs bons yeux et leurs queues. Quand ils ont vu la voiture, s’ébranler et m’emmener, leurs physionomies se sont couvertes. Le chat, qui sommeillait les pattes repliées, s’est contenté d’ouvrir les yeux. D’après les ordres laissés par mes hôtes, la femme de chambre m’a accompagnée jusqu’à Londres et le jardinier m’a remis une magnifique gerbe de roses.

En arrivant à l’hôtel, j’ai trouvé un télégramme d’Edith me souhaitant la bienvenue, les cartes de trois personnes de ma connaissance, l’une entre autres de madame Nerwind, l’amie de Ruby Talbot.


En Angleterre et en Amérique, l’usage veut que les résidents fassent visite à ceux qui arrivent.

Toutes ces choses, fleurs, télégramme, cartes, réchauffent l’atmosphère et me font sentir que je ne suis pas tout à fait perdue dans ce Londres immense, elles me font sentir surtout la sollicitude vivante du pouvoir que je sers et qui les a dirigées vers moi. Je souris de nouveau. Me voici répétant avec une conviction scientifique, les paroles que la foi intuitive met dans la bouche du prêtre… paroles qui m’avaient toujours agacée et que j’avais crues vaines religieusement. Si, comme on l’affirme, tous les chemins mènent à Rome, tous les chemins, bien plus sûrement mènent à Dieu.

Londres.

Londres ! Je l’avais toujours vu avec des amis en babillant, distraite par ceci ou par cela. Il m’avait laissé l’impression de quelque chose de colossal ; je l’avais quitté mécontente avec le regret de ne pas le connaître mieux. Cette fois-ci, j’ai voulu le voir à mon aise et seule. Quelle joie d’errer à l’aventure dans cette métropole de cinq millions l’habitants ! Une foule de souvenirs emmagasinés à chacune de mes visites précédentes se réveillent et me guident. Il me semble que je suis affectée à la manière du récepteur des ondes hertziennes. Si j’étais l’objet du même procédé, cela ne m’étonnerait pas.

Parmi les agglomérations humaines, Londres et Paris sont assurément les plus intéressantes, celles vers lesquelles convergent le plus de pensées, le plus de curiosité. Elles représentent deux des grandes races du globe, deux sexes, deux tempéraments et elles se font curieusement valoir l’une et l’autre. Je m’en aperçois en les comparant.

Londres est anglo-saxon, masculin, protestant. Paris est latin, féminin, catholique. Il y a bien là de quoi leur faire des âmes diverses… et elles sont diverses leurs âmes !

La surface de Londres, plutôt plate, est dominée pour ainsi dire par la Cité, la prison de Newgate et la cathédrale de Saint-Paul, par le commerce, la loi, la religion. Paris, lui, — comme je regrette de ne pouvoir dire « elle », — a une couronne de monts dont les sommets portent une basilique, un moulin aux ailes folles, un panthéon, les champs de ses morts, les canons de sa défense. Est-ce assez symbolique de féminité cela ?

On trouve Londres beau ou laid, selon sa mentalité. Il exerce sur moi une véritable fascination. Je sens son immensité, sa puissance, sa multitude. Son ciel bas, son soleil sans rayons, son brouillard jaune, lui donnent un aspect de grand nord qui me charme particulièrement. Les brumes dont on se plaint adoucissent ses lignes, atténuent artistement ses laideurs et en font une admirable grisaille. Elles ont, en outre, des effets saisissants, souvent elles voilent tout un pan de l’horizon ; une brise légère les entr’ouvre et on voit surgir une cathédrale gothique, un pont monumental, de hautes cheminées d’usines ; puis lorsqu’un vent violent les roule brusquement, c’est le panorama d’une ville qui se déroule devant soi. Et dans cette fantasmagorie la nature ne se répète jamais, jamais !

Londres me donne de plus en plus l’impression de la fourmilière. Du reste, point n’est besoin de monter bien haut physiquement et moralement pour que les hommes prennent l’aspect et les proportions d’insectes. Peu importe... se rendre compte de sa petitesse est une preuve de grandeur... de grandeur future surtout. Londres est une fourmilière, ouï... mais gigantesque et merveilleuse. Je vois des lignes interminables de logetles percées de fenêtres à guillotine, quelques maisons grandioses, puis ici et là des constructions plus élevées, de six, sept, neuf étages, surchargées d’ornements, particulièrement hideuses et empiétant trop sur le ciel bas. Je vois de larges artères, des rues latérales étroites et grises, un immense carrefour, Tralfalgar Square, séparant deux centres d’activité diverse, des places où se croisent et s’entre-croisent des véhicules de toutes sortes, des espaces verts, des parcs avec des fleurs, de beaux arbres, des échantillons de prairie avec des vaches et des moutons même. Je ois la Tamise qu’enjambent des ponts monumentaux, la Tamise, devenue ici un fleuve d’affaires, aux eaux sombres, portant de lourdes cargaisons et luttant contre la marée. Je vois plusieurs gros bouillonnements de vie : les docks où se trouve le maximum d’efforts physiques... la Cité, le Strand, Piccadilly, Bond Street, Hyde Park... Et dominant de pensée et de be-aulé ce tout colossal, je vois Westminster Abbey, le Parlement, des édifices gothiques, des cathédrales, des temples, des palais royaux, Saint-James, Buckingham. De ces lignes, mon regard va à la physionomie de Londres. Elle me paraît sévère et terne, mais bien virile. Quant à son atmosphère morale, elle est singulièrement lourde et sèche. Je sens que beaucoup d’éléments supérieurs lui font défaut. La pensée, la jeunesse sont dans les villes universitaires, l’art y est en quantité minime, invisible presque, les églises sont, fermées six jours de la semaine. En somme, ce qui s’extériorise surtout, ce sont les préoccupations d’argent, l’ambition, l’orgueil, le snobisme, des énergies puissantes, la volonté, le caractère, des passions brutales, les douleurs d’une lutte à outrance. Londres est une cité marchande âpre au gain, vénale, où l’on fabrique et où l’on adore le veau d’or. Dans cette Cité marchande pourtant on sent une âme gothique, spiritualiste, biblique, qui l’ennoblit, l'aristocratise davantage peut-être que le pavillon royal et impérial dont elle couvre son trafic et ses opérations. C’est à cette âme, si je ne me trompe, qu’elle doit sa véritable grandeur.

Voilà l’impression que j’ai reçue au cours de mes promenades matinales. Est-elle juste ? En tout cas, je l’ai transcrite fidèlement.

Paris, millionnaire aussi, mais trois fois seulement, n’a pas l’impressionnante immensité de la métropole anglaise. Et c’est bien la ruche ! Une ruche sous un ciel élevé, avec une belle lumière, des brumes bleuâtres, des nuages doux, des couchers de soleil auxquels la nature apporte un art infini. Ses rues sont bien percées, bordées de maisons à étages. Des avenues plantées d’arbres rayonnant en étoiles, aboutissent à des carrefours magnifiques. Son fleuve a un mouvement Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/214 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/215 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/216 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/217 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/218 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/219 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/220 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/221 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/222 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/223 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/224 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/225 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/226 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/227 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/228 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/229 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/230 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/231 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/232 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/233 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/234 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/235 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/236 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/237 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/238 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/239 Page:Laperche - 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— De la part de monsieur Punch, dit-elle en me tendant une tasse.

— Merci à monsieur Punch ! répondis-je. Bien que je sois une de ses fidèles lectrices, je ne m’attendais guère à être invitée par lui.

— C’est votre récompense, fit M…

— Pas de fausse modestie ! Il n’y a aucun mérite à lire Punch quand on sent l’humour ; il est délicieux !

— Je suis étonné qu’une étrangère le goûte, d’autant plus que la femme, en général, n’a pas la veine humoristique.

— Eh bien, sans me vanter, je crois que je possède cette faculté et j’en remercie les dieux. Elle a été dans ma vie une précieuse source de gaieté, elle n’est pas encore tarie. Les caricatures, les dessins humoristiques font ma joie. J’en ai une collection considérable derrière mon front. Quand l’un ou l’autre ressort, il m’arrive de rire tout haut et toute seule dans ma chambre. Tenez, dans votre avant-dernier numéro, il y en avait un que je n’oublierai pas : un homme du peuple, montrant à son camarade deux collégiens d’Eton avec des chapeaux haut de forme, lui dit d’un air gouailleur : « Regarde, Arry… que le diable m’emporte, s’ils n’ont pas mis le tuyau de poêle avant que la maison soit bâtie ! » Cette remarque, provoquée par la disproportion de ce chapeau d’homme sur une tête d’enfant, me semble de l’humour parfait.

— C’est cela même. Le bon sens est le père de l’humour.

— Voilà pourquoi il est si rare chez la femme, ajouta M. Leslie. Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/446 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/447 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/448 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/449 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/450 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/451 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/452 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/453 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/454 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/455 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/456 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/457 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/458 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/459 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/460 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/461 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/462 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/463 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/464 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/465 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/466 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/467 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/468 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/469 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/470 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/471 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/472 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/473 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/474 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/475 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/476 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/477 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/478 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/479 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/480 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/481 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/482 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/483 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/484 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/485 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/486 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/487 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/488 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/489 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/490 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/491 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/492 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/493 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/494 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/495 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/496 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/497 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/498 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/499 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/500 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/501 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/502 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/503 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/504 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/505 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/506 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/507 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/508 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/509 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/510 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/511 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/512 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/513 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/514 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/515 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/516 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/517 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/518 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/519 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/520 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/521 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/522 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/523 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/524 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/525 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/526 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/527 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/528 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/529 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/530 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/531 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/532 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/533 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/534 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/535 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/536 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/537 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/538 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/539 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/540 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/541 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/542 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/543 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/544 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/545 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/546 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/547 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/548 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/549 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/550 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/551 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/552 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/553 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/554 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/555 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/556 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/557 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/558 Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/559

Je me mis à parler de notre départ, de la joie que nous attendions tous de ce « week end » à Loftshall.

— Et je suis de la partie, dit joyeusement miss Talbot. Madame Nerwind, elle, est retenue à Londres. Elle a un neveu et une nièce qui lui arrivent de Ceylan. Nous autres Anglais, nous avons toujours quelque membre de la famille en route.

Sur ce, je racontai l’arrivée de Jack Baring et sa rencontre avec Gladys Reynold.

— Édith est sérieusement menacée d’une belle-sœur américaine, ajouta Ruby, elle qui les déteste !

Cette dernière phrase amena une vive rougeur sur le visage de mon amie et une soudaine irradiation sur celui de mon voisin.

Notre thé, dans l’atmosphère du Wellington, fut intime et charmant. Tout le temps, j’ai senti le grand invisible à l’œuvre entre les amoureux. Il me semblait que j’avais près de moi deux appareils de télégraphie sans fil. Et n’était-ce point cela ?… lui, le générateur… elle, le récepteur ! Je regrettais de troubler, par des paroles oiseuses, le travail sacré. Comme si miss Talbot en eût été affectée, je la vis à plusieurs reprises arrêter ses yeux sur Édith et sur Philippe Beaumont et je dus détourner son attention.

— Je ne vous verrai pas ce soir à l’hôtel Claridge, me dit notre hôte lorsque nous prîmes congé de lui, ma sœur et moi nous dînons en ville ; mais si vous le permettez, j’irai vous saluer demain à Paddington.

— Vous nous ferez plaisir, répondis-je en lui serrant la main.

Nous reconduisîmes miss Talbot Portman Square. Nous fîmes nos adieux à son amie et nous lui exprimâmes nos regrets de ce qu’elle ne pouvait être des nôtres. Édith l’invita à Loftshall pour le mois d’octobre.

Comme la voiture se mettait à rouler vers l’hôtel Claridge, je me retournai. La large rue était blanche de chaleur et de poussière, toute dorée par les rayons du soleil couchant. Sur le seuil de sa porte, entre deux fenêtre fleuries, je vis la figure bien anglaise de madame Nerwind, de la femme qui m’a aidée avec tant de bonne grâce. Je lui envoyai un dernier salut d’amitié. C’est ainsi, j’en suis sûre, qu’elle restera dans mon souvenir.