L’Étourdi, 1784/Première partie/Préface

, ou attribué au chevalier de Neufville-Montador.
(p. v-vii).

PRÉFACE

DE L’ÉDITEUR


EXiger d’un Auteur ou d’un Éditeur qu’il faſſe grace au Public de mettre, à la tête de ſon Ouvrage, une Préface, ou un Diſcours préliminaire, ou une Introduction, ou &c. &c. &c. C’eſt demander à un petit-maître d’être ſans ridicules, à un abbé d’être modeſte, à une coquette de quitter le rouge & les modes, à une dévote une vertu douce & paiſible, à une actrice d’être fidele & ſans caprices, à un comédien d’être ſans fatuité, à un journaliſte de la vérité & de l’honnêteté dans ſa critique, à &c. &c. &c.

Une Préface, ou tout ce qui en tient lieu, n’eſt-elle pas la marque la plus caractériſtique des Auteurs, & la ſeule reſſource qui reſte aux Éditeurs pour jouir de la gloire d’être imprimé ? Chaque temps a ſon épidémie, celle de ce ſiecle c’eſt de faire gémir la preſſe & trop ſouvent le lecteur. J’oſe cependant aſſurer ceux qui acheteront & qui liront ces mémoires, qu’ils n’auront à regretter ni leur temps, ni leur argent. D’ailleurs comme l’a dit Greſſet.


Dans ce bruyant torrent qui roule,
Qu’importe que le tourbillon
Enveloppe, entraîne un chiffon
De plus ou de moins dans la foule.


Toutes ces aventures ont été écrites par celui qui en eſt le héros à un de ſes amis qui ſe ſert de la voie d’un Libraire pour les confier au Public, telles qu’elles lui ont été envoyées. Il ne s’eſt pas même permis de toucher à des peintures un peu chatouilleuſes pour des imaginations vives.

Voilà ce que l’Éditeur avait à dire, & peut-être ce bavardage, qu’il a nommé Préface, eſt-il ſuperflu ?