P. F. Fauche et compagnie (Tome IVp. 169-170).


LETTRE CLII.

Séparateur


La Cesse de Loewenstein
à la
Comtesse de Longueil.


Vous me comblez de joie, madame sa Duchesse, en acceptant les offres que mon cœur vous faisait intérieurement de ne plus former qu’une famille ; quelle charmante image je me fais des jours que je passerai avec vous ! et que le Marquis sent vivement le plaisir d’une telle réunion ! Vous croyez que mon cœur dès les premiers instans que je l’ai vu, s’est senti entraîné vers lui, et vous intéressez ma gloire à cet aveu ; s’il peut ajouter à son bonheur, je ne balancerai pas à le faire : son bonheur est, dès ce moment, la seule loi qui me dirige, et l’unique principe que je consulterai le reste de ma vie. Je sens, comme vous me le faites entendre, qu’il y aurait quelque risque à faire un tel aveu à tout autre homme parce qu’en général ils préfèrent la sagesse à la vertu ; mais la prudence qui dérive toujours de la défiance, répugne à mon cœur, lorsqu’il s’agit du Marquis. Je veux qu’il pénètre dans ses plus petits replis, et que dans tous les instans de ma vie, il lise toujours la plus secrète de mes pensées. Dites-lui donc, madame la Duchesse, que je l’ai aimé, puisqu’il y met tant de prix ; mais dites-lui sur-tout que je l’aimerai jusqu’à mon dernier soupir.

Séparateur