L’Émigré/Lettre 130
LETTRE CXXX.
au
Marquis de St. Alban.
Je croyais, monsieur le Marquis, que
vous étiez homme de parole ; vous
avez promis à mon oncle de venir nous
voir, et vous ne doutez pas du plaisir
que vous auriez fait à tout ce qui
habite Lœwenstein. Mon oncle est
très-fâché contre vous ; il me charge
de vous dire qu’il est malade et qu’il
vous attend pour lui tenir compagnie,
qu’on s’ennuie quelquefois en famille,
et jamais avec ses amis. Vous n’en avez jamais eu de meilleur que mon
oncle ; il vous plaint, mais il dit, qu’il
ne faut pas se refuser aux consolations
de l’amitié, dussent-elles être inutiles.
Venez donc, monsieur le Marquis,
nous vous désirons tous, et nous partageons
votre douleur.
Après avoir écrit sous la dictée de mon oncle, j’ajoute pour moi, que j’ai l’honneur d’être avec un bien sincère attachement, votre très-humble, et très-obéissante servante
de Lœwenstein