L’Émigré/Lettre 095
LETTRE XCV.

à
La Cesse de Loewenstein.
La Vicomtesse n’est plus, ma chère
Victorine ; venez de grâce passer
deux jours, un jour au moins, avec
moi.
Quelle affreuse année que celle-ci ! que de victimes immolées, que de sang a coulé, et le glaive est suspendu sur la fille de Marie Thérèse ; son affreuse situation désole ma mère qui adorait Marie Thérèse et je partage sa douleur. L’ami du Marquis a bien raison quand il dit, que ses infortunes sont au delà de l’Empire de la langue. Combien il me tarde que cette année soit finie ; c’est une superstition ; mais il me semble que son cours entier doit être marqué par les plus terribles événemens ; mon cœur est oppressé, mon esprit couvert des plus sombres nuages. Venez ma charmante amie, vous craindrez avec moi, vous pleurerez avec moi. Adieu, je vous attends et vous embrasse.
