L’Éducation anglaise en France/Chapitre XI

Librairie Hachette (p. 171-185).

CHAPITRE xi

LE CHOIX DES CARRIÈRES

La parfaite insuffisance de notre éducation s’est traduite longtemps par le choix singulier des carrières : au sortir du collège, les uns prenaient un pli de la jupe de l’autorité et s’installaient dedans ; les autres en auraient bien fait autant, mais ils s’asseyaient plus loin en attendant que l’autorité mit une jupe d’une autre couleur, celle-ci leur étant antipathique ; il en résultait une armée d’employés et une réserve d’inutiles. L’amélioration qui tend à se produire est encore insignifiante ; s’il y a moins d’inutiles que par le passé, je n’oserais dire qu’il y a moins d’employés ou plutôt moins de candidats aux emplois ; notre état social et administratif comporte un nombre incommensurable de ronds de cuir ; l’éducation ne peut avoir qu’une influence très indirecte sur leur disparition ; mais ce qu’elle peut, c’est diminuer le nombre des candidats qui demandent à s’asseoir dessus ; c’est aussi tirer de leur torpeur les inutiles, qui trop souvent se parent de leurs principes et de leurs convictions pour cacher leur paresse et leur fainéantise.

La chasse aux emplois est une conséquence de cette maladie que M. Maneuvrier, dans son beau livre, l’Éducation de la bourgeoisie sous la République, a désignée sous le nom d’atrophie de la volonté ; la plupart des enfants français ont connu avant le collège une autorité qui pour être douce et paternelle n’en était pas moins excessive et s’exerçait jusque dans les moindres détails ; puis le collège est venu où, pendant de longues années, ils ont été dispensés de toute décision et de toute action ; de là ils passent maintenant à la caserne et presque tous y sont heureux : il y a une certaine dose de liberté quand le service est fini et puis leurs muscles sont en mouvement, et cela les repose ! Mais la caserne n’exige pas plus d’action personnelle et de décision que le collège et quand tout cela est fini, que faire ?… À gauche, il y a un tas de pelles et de pioches avec lesquelles on peut tracer son chemin dans une direction quelconque ; oui ! mais à droite, il y a une belle route gracieusement entretenue aux frais de l’État ; elle s’avance, il est vrai, dans un pays plat où nul beau spectacle, où aucune surprise, aucune émotion, où rien de passionnant n’attendent le marcheur ; mais, en revanche, on jouit du calme et de la tranquillité ; on est dispensé de chercher et d’agir C’est toujours tout droit ! Et à chaque kilomètre on trouvera sur une borne une petite pièce d’argent qui ne permet point un grand luxe, mais qui suffit à vivre.

Cette atrophie de la volonté, M. Maneuvrier et d’autres lui ont fait son procès en des termes éloquents ; je n’y reviens que pour mémoire ; il y a un sujet plus nouveau et peut-être plus important aussi à traiter ; je l’aborde maintenant en escomptant dans ma pensée un dernier bienfait de l’éducation anglaise, en maudissant ce que je crois être un des plus grands méfaits de l’éducation française.

La classe sociale dont je veux parler Il lui faudrait un nom et vraiment je ne sais lequel lui donner ; peut-on l’appeler la classe dirigeante alors que manifestement elle ne dirige plus rien ? « la classe qui se croit dirigeante » serait un titre assez en rapport avec ses prétentions, mais un peu lourd et confus ; la bourgeoisie, cela dirait trop, et la noblesse, pas assez Je crois que je tiens le mot ; il est anglais, mais libre à vous de le prononcer à la parisienne ; savez-vous ce que c’est que le high-life ? C’est une association qui tient de la salade par le mélange des éléments disparates qui la composent. Y sont admis, d’une façon générale, tous ceux qui dépensent de l’argent ou qui ont l’air d’en dépenser ; on y trouve des noms fort connus ou des noms fort inconnus, des parchemins authentiques et d’autres fabriqués, beaucoup de belles qualités et non moins de vices abjects. Son centre est à Paris, mais elle rayonne dans toute la province et, bien que représentant en nombre une infime minorité, son importance sociale est considérable ; sans doute il existe à présent une pléiade de grands industriels et de grands commerçants devenus millionnaires, lesquels jouissent de leurs revenus à leur guise sans cesser de travailler et ne cherchent nullement à pénétrer dans le high-life et à donner leurs filles à des marquis ruinés… La race de M. Poirier tend à s’éteindre. Mais le high-life, qui compte aussi de très grosses fortunes, les dépense avec ostentation ; ses membres sont unis par une espèce de solidarité et les châteaux sont entre leurs mains, ce qui double leur influence. Dans les communes rurales, le château est encore le point de mire ; si on ne subit pas sa loi, on lui fait la guerre, quelquefois les deux en même temps ; jamais on ne le regarde avec indifférence. Voilà pourquoi la classe dont je parle n’est pas une quantité négligeable ; il importe de pénétrer l’éducation qu’elle donne aux enfants ; et puis le high-life de France a eu jusqu’ici le monopole du sport ; les parents auxquels nous proposons le sport comme un moyen d’éducation sont en droit d’exiger des explications et de nous demander si notre but est de faire de leurs fils des petits high-life !

Sur les trottoirs du faubourg Saint-Germain j’ai souvent fait une rencontre qui évoquait en mon esprit les jolis vers de François Coppée dans lesquels il dépeint le petit garçon pâle, à la mine aristocratique, au grand col blanc, au costume de drap fin, marchant posément à côté de son abbé, dont il vient de répondre la messe à l’église voisine ; et l’abbé méditant, cherchant quelque ruse discrète, quelque périphrase adroite pour apprendre à l’élève, dans la leçon qui va suivre,

Ce que fut son aïeul, mignon de Henri iii.

Mais monsieur l’abbé n’est pas le seul précepteur ; il y en a un autre dont il doit tolérer la collaboration ; c’est le monde, ou, si vous voulez, le chic. Ce même jour, nous retrouvons le petit garçon galopant dans l’avenue du Bois de Boulogne, sur un joli cheval qu’il manie déjà fort habilement ; son père, retenu au cercle par une élection, n’a pu l’accompagner et il est suivi d’un domestique irréprochable, bottes à revers, culotte blanche et ceinture de cuir. Plus loin encore un de ses petits amis l’a rejoint, enchanté de trouver quelqu’un à qui faire admirer un pantalon de cheval porté pour la première fois et ne faisant pas un pli. La conversation s’établit : les chevaux de courses, les tailleurs, la robe d’une dame qui passe dans une élégante victoria et à laquelle les deux cavaliers adressent un salut des plus corrects, voilà le fond du dialogue ; et la promenade se poursuit à travers les allées les plus fréquentées du Bois. Si vous voulez pousser plus avant l’investigation, vous apprendrez que la famille de Saint-Kétoil se compose en outre d’une fille et de trois garçons. La fille a dix-sept ans ; elle va sortir cette année pour la première fois ; on compte sur ses beaux yeux pour vaincre l’endurcissement dans le célibat d’un très riche personnage porteur d’un titre aussi contestable qu’incontesté. Pour les garçons, la question de l’avenir est délicate ; il faut une carrière, et vraiment il est bien difficile de s’encanailler dans la diplomatie : heureusement que le service militaire y peut pourvoir. L’aîné est sorti de Saint-Cyr et s’amuse pour s’en reposer ; le dernier n’y est pas encore et s’amuse pour s’y préparer ; le deuxième y est et aspire à en sortir pour s’amuser. Leur père est un excellent homme, qui va tous les ans présenter ses hommages au chef de la maison de France, dont il ne désire pas ardemment le retour, parce que cela le gênerait de ne plus pouvoir dire du mal du gouvernement. La comtesse, sa femme, fait par jour un nombre incommensurable de visites et quête pour les œuvres bien portées.

Au milieu de tout ce fatras mondain, il y a place encore pour de grands dévouements, pour des actes de réelle charité, pour l’antique bravoure chevaleresque… Je suis sûr que, si par impossible les échafauds de 93 se dressaient de nouveau sur nos places, beaucoup de ces hommes s’en iraient à la mort avec le même calme, la même insouciance et la même simplicité que leurs ancêtres ; mais leur légèreté, leur vanité, leur paresse aussi et tout un vieux stock d’idées fausses les empêchent de mener une vie raisonnable et utile. — Ils ne laissent pas que d’envoyer leurs fils au collège, parce que c’est une mesure réputée indispensable ; et leurs fils y transportent le culte du chic dans lequel ils ont été élevés jusque-là. Une fois sortis, on leur tient un petit discours qui est toujours plus ou moins semblable à celui que M. de Saint-Kétoil a tenu à ses fils le jour de leurs vingt ans : « Mon bon ami, leur a-t-il dit à tour de rôle, croyant faire un acte de haute diplomatie, te voilà un homme ; tu ne feras pas autrement que les autres ; tu rencontreras des femmes sur ton chemin et tu te laisseras attirer par elles ; il faut bien apprendre la vie ! Tâche de ne pas ruiner ta santé et de ne pas faire trop de dettes ; et surtout, tu sais, pas de passions ridicules ; je ne veux de mésalliance à aucun prix ; l’important c’est de ne rien faire contre l’honneur. Tu m’as bien compris ? » Le fils, auquel cette belle déclaration n’a rien appris de neuf, proteste de ses bonnes intentions, et tout est dit.

Le petit garçon qui se promenait au Bois tout à l’heure, on le retrouve dans le monde ; il a maintenant une chevelure de caniche et des moustaches de chat ; son volontariat est fini ; cette année de caserne lui a paru un hors-d’œuvre, et puis au contact d’un sabre il lui est revenu un peu de la fougue belliqueuse de sa race… Mais tout cela n’a été qu’un éclair et il se replonge avec délices dans le chic dont il a été privé pendant une année et qui lui semble de plus en plus indispensable à la vie. Tous les dimanches, il est aux courses…… Ah ! les courses ! nous y voilà ; mais c’est une invention anglaise, les courses ! c’est du sport ! Quel rôle vont-elles jouer dans ces innovations scolaires ? — Elles n’en joueront aucun ; les courses sont une occupation de fainéant. À part ceux qui ont une écurie et font courir, et pour lesquels cette institution qui améliore peut-être les chevaux, mais détériore à coup sûr les hommes, présente un intérêt quelconque, à part les gentlemen qui se font maigrir, revêtent des casaques de jockeys et le reste du temps ne sont jamais si fiers que quand on les prend pour leurs cochers, — à part tout ce monde que l’hippodrome passionne, ceux qui viennent aux tribunes de Longchamps, d’Auteuil ou de Chantilly se soucient des chevaux comme de l’an quarante. La pose ou le pari les y attirent seuls. Or l’éducation anglaise est destructive de la pose : l’est-elle également du pari ? — Il est évident qu’elle ne l’est pas ; on peut parier sur des bateaux, sur des vélocipèdes, sur des joueurs aussi bien que sur des chevaux, et nos voisins ne s’en font pas faute ; mais il y a un moyen dans nos écoles d’obvier à cet inconvénient. Les autorités ne peuvent pas grand’chose pour arrêter le pari lui-même ; les parents peuvent lui enlever sa gravité en serrant les cordons de la bourse ; il sera bien rare que des élèves aient assez l’amour du jeu pour se procurer de l’argent en l’empruntant L’escrime d’ailleurs est là pour montrer qu’il n’est pas impossible de tenir un sport absolument en dehors de tout pari ; dans nos innombrables salles d’armes, je ne sache pas que jamais on ait escompté l’habileté des tireurs.

Les courses ont ceci de particulier qu’il y a beaucoup de spectateurs autour d’un petit nombre d’acteurs ; de là l’anomalie du titre de sportsman donné aux gens qui se contentent d’assister à chaque réunion avec une lorgnette dans un étui et un petit paletot trop court ; quel rapport peut-il y avoir entre le sport entendu de cette façon et celui auquel nous donnons un rôle prépondérant dans l’éducation ?… Le chic n’existe pas dans les écoles anglaises et même on y considère comme bien peu de chose un titre de lord qui n’est pas appuyé sur une respectable habileté au cricket. Ainsi en sera-t-il, je n’en doute pas, dans les écoles françaises ; nous verrons peu à peu disparaitre dans l’ombre et le mépris ces petits crevés de douze ans et ces grands crevés de vingt ans ; un peu de bon sens reparaîtra sans doute en même temps dans les idées des membres du high-life ; leur étroit horizon s’élargira et ils cesseront d’être des citoyens inutiles et parfois nuisibles. Une légitime ambition s’emparera de leurs enfants ; le chic ne sera pas le nec plus ultra de leurs désirs et, au sortir du collège, ils se répandront dans les différentes carrières qui dès aujourd’hui leur sont ouvertes et que d’ineptes préjugés les empêchent de suivre.

Je ne puis en effet qualifier d’une autre façon le sentiment qui faisait dire à un père dont le fils avait beaucoup de goût pour les mathématiques : « Je ne veux pas le laisser aller à l’École centrale ; il y serait en trop mauvaise compagnie. » Penser que cette élite intellectuelle est traitée de mauvaise compagnie par des gens qui sont souvent si peu scrupuleux dans le choix de leurs compagnons, ce serait folâtre, si ce n’était affligeant… Comment s’étonner ensuite que le pouvoir politique et l’influence sociale ne soient plus aux mains de ces gens-là ? comment s’étonner surtout que, lorsqu’il leur prend fantaisie sur le tard d’utiliser des bribes de science recueillies çà et là et de briguer des honneurs et des distinctions, on leur fasse la grimace ? Il n’y a pas de blason en France si vénérable ou si bien doré qu’il soit auquel l’École centrale, l’École des mines, l’École polytechnique, l’École normale ne soient susceptibles d’ajouter de la gloire et de l’honneur. Cela a l’air d’une vérité de M. de la Palice, n’est-ce pas ? Eh bien ! cette vérité est universellement méconnue. On accepte encore de l’entendre formuler, mais qui ose l’appliquer ? Bien des fois sans doute, dans des demeures princières, dans les palais du high-life, de grandes intelligences se sont rencontrées qui, bien dirigées et bien cultivées, auraient pu habiter brillamment les palais de la science ; mais les exigences mondaines étaient là avec tout leur réseau de pratiques étroites, mesquines et aussi des principes de caste qui ne sont plus depuis longtemps ni explicables ni excusables. — Et l’héritier de tel nom illustre ou de telle grande fortune n’a pas eu le choix, il est entré à Saint-Cyr, parce que cette carrière était la seule qui lui fût permise ; il n’en avait pas le goût et il a donné sa démission en se mariant À présent il fait de la politique et sa politique est mauvaise, parce qu’il est ignorant.

Certaines écoles, pour n’avoir pas l’éclat de celles dont je viens de parler, n’en ouvrent pas moins d’utiles et intéressantes carrières ; tout ce qui touche à l’agriculture devrait particulièrement attirer les propriétaires fonciers que la crise actuelle force fréquemment à prendre la direction de leurs domaines. Oserai-je leur rappeler — ou peut-être leur apprendre — qu’il existe un Institut agronomique à Paris, trois grandes Écoles d’agriculture à Grignon, à Montpellier, à Grand Jouan et une École forestière à Nancy, et que, à en juger par le nombre d’étrangers qui fréquentent ces écoles, l’enseignement y doit avoir une grande valeur. Le beau château dans lequel Charles x a installé l’école de Grignon, est situé en Seine-et-Oise, non loin de Versailles ; un champ d’expériences et une exploitation rurale y sont annexés. Dans les trois écoles, on étudie l’agriculture, la zoologie, la météorologie, la géologie, la chimie, la mécanique, l’économie et la législation rurales, le droit administratif, la comptabilité agricole ; ajoutez-y comme instruction pratique des manipulations et analyses dans les laboratoires, des plans de drainage, de dessèchement, d’irrigation ; l’exécution des principales opérations de l’agriculture, les soins à donner au bétail, la fabrication du vin, du beurre, du cidre, du sucre de betterave, la distillation des grains, l’étude des plantes nuisibles, des arbres fruitiers, etc. Quant au diplôme d’ingénieur-agronome, il suppose une instruction spéciale d’un degré tout à fait supérieur. À l’autre bout de l’échelle sont les fermes-écoles qui donnent des certificats d’apprentissage C’est tout un enseignement agricole très complet et bien organisé.

L’École forestière de Nancy est certainement plus connue dans l’Inde anglaise que dans certains milieux français. En 1867, l’Angleterre arrêta avec nous les bases d’une entente : elle devait envoyer chaque année à Nancy des sujets britanniques destinés au service des forêts de l’Inde ; cela s’est fait longtemps ; à présent l’École de Cooper’s Hill près de Windsor y pourvoit directement. Notre corps administratif des eaux et forêts se compose de gardes généraux, de sous-inspecteurs, d’inspecteurs, de conservateurs, d’administrateurs et d’un directeur général ; mais on peut bénéficier de l’enseignement de l’École sans embrasser la carrière forestière Chaque année, les mois de mai, juin, juillet sont consacrés aux exercices pratiques dans les Vosges, le Jura ou dans les forêts de Compiègne et de Fontainebleau. Si je donnais des consultations sur le choix des carrières, j’indiquerais très souvent l’École forestière, surtout à ceux qui aimeraient l’exercice du cheval, l’air libre et les choses de la campagne. J’indiquerais aussi les Haras, qui exigent de moins forts capitaux intellectuels, mais constituent une carrière intéressante et très appréciable. — Et, si l’on m’amenait quelque jeune homme aux goûts sérieux, comme il s’en rencontre parfois, ayant déjà farfouillé dans les cartons poudreux et dans le chartrier du domaine de ses ancêtres, où pourrais-je l’envoyer si ce n’est à l’École des chartes ? — Et vous, pauvre père qui vous lamentez de ce que votre fils ne peut arriver à être bachelier, que ne songez-vous aux Écoles d’arts et métiers ? est-ce qu’une déchéance en résulterait pour votre maison ?… Je ne le pense pas.

Je m’aperçois que je n’ai pas parlé de l’École des hautes études ; pour ne pas transformer ce chapitre en manuel, je dirai en terminant deux mots de l’École libre des sciences politiques fondée par M. Boutmy. Elle est située à Paris en quartier aristocratique, rue Saint-Guillaume ; les professeurs s’appellent MM. Ribot, Léon Say, Albert Sorel, Cheysson, Funck-Brentano, Leroy-Beaulieu Tout ce qui peut perfectionner une éducation intellectuelle, affiner et aiguiser l’esprit, compléter et affermir les connaissances, donner à la pensée un tour précis et juste, tout cela y est enseigné. Les étrangers y affluent et suivent les cours avec régularité ; des Français viennent aussi s’y préparer pour les finances, le conseil d’État ou la diplomatie ; mais combien j’en ai peu vu y venir chercher cet enseignement vraiment supérieur, dépourvu de toute préoccupation d’examen, qui sert à classer, à distribuer, à répartir tout ce que l’on a appris précédemment et forme un solide piédestal pour les travaux personnels. Dans les conférences organisées par la direction de l’École, les élèves trouvent une occasion de s’exercer à la parole et, dans les Annales publiées périodiquement, ils peuvent faire leurs débuts d’écrivains ; le diplôme est déjà estimé ; il acquerra une valeur de plus en plus grande.

Il est temps de clore cette nomenclature, qui pourtant n’est pas au bout ; mais ce que j’ai indiqué suffit à souligner l’aveuglement et la sottise des hommes qui méprisent pour leurs enfants de telles sources de perfectionnement ; s’ils se rendaient bien compte de leur erreur et s’ils revenaient à des idées plus saines, en dehors même de toutes ces écoles, ils ne seraient point embarrassés de trouver des carrières : l’industrie et le commerce leur en ouvriraient et, franchement, c’est une façon plus noble de redorer son blason, quand il en a besoin, que de faire du mariage un calcul et de chercher des dots dont le poids n’est pas toujours en rapport avec l’honorabilité.