Amyot (p. 366-377).
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XXXIV.

Conversation.

Les deux hommes demeurèrent un instant silencieux en face l’un de l’autre, se dévorant du regard, les sourcils froncés, les lèvres serrées comme deux duellistes sur le point d’engager le fer.

C’était en effet un duel qu’ils allaient avoir à soutenir, duel d’autant plus terrible que la seule arme dont ils pouvaient se servir était la ruse et la dissimulation.

Le pouvoir des prêtres indiens est immense : il est d’autant plus redoutable qu’il est sans contrôle et ne relève que du dieu qu’ils invoquent et qu’ils savent faire intervenir dans toutes les circonstances où ils ont besoin de son appui.

Nul peuple n’est aussi superstitieux que les Peaux-Rouges ; pour eux la religion est toute physique, ils en ignorent complètement les dogmes et préfèrent croire, les yeux fermés, aux absurdités que leur débitent leurs devins, plutôt que de se donner la peine de réfléchir sur des mystères qu’ils ne comprendraient pas et dont, dans leur for intérieur, ils se soucient fort peu.

Nous avons dit que le grand-prêtre de Quiepaa-Tani était un homme d’une haute intelligence, résidant constamment dans la ville, possédant les secrets et, par conséquent, la confiance de la plupart des familles ; il avait assis son pouvoir et sa popularité sur des bases solides et presque inébranlables. Addick le savait : maintes fois il avait eu besoin de recourir à la puissance occulte du devin, il comprenait donc parfaitement les conséquences fâcheuses qu’aurait pour lui une rupture avec un pareil homme.

Chinchcoalt se tenait les bras croisés sur la poitrine, le visage impassible, devant le jeune chef dont les yeux flamboyaient et les traits exprimaient la plus violente indignation.

Cependant, au bout de quelques minutes, par un effort de volonté inouïe, Addick éteignit le feu de ses regards, rasséréna l’expression de son visage et tendit la main au prêtre, en lui disant d’une voix douce et conciliante dans laquelle il n’y avait aucune trace de l’émotion intérieure qui l’agitait :

— Mon père m’aime ; ce qu’il a fait est bien, et je l’en remercie.

L’amantzin s’inclina avec déférence en touchant légèrement du bout de ses doigts maigres la main qui lui était tendue.

— Le Wacondah m’a inspiré, répondit-il d’une voix hypocrite.

— Que le saint nom du Wacondah soit béni, fit le chef. Mon père ne me laissera-t-il pas voir mes prisonnières ?

— Je le voudrais ; malheureusement cela est impossible.

— Comment ! s’écria le jeune homme avec une nuance d’impatience qu’il ne put complètement dissimuler.

— La loi est positive : l’entrée du palais des vierges du Soleil est interdite aux hommes.

— C’est vrai ; mais ces jeunes filles ne font pas partie des vierges du Soleil ; ce sont des femmes des visages pâles que j’ai amenées ici.

— Je le sais, ce que dit mon fils est juste.

— Eh bien, mon père le voit, rien ne s’oppose à ce que mes prisonnières me soient rendues.

— Mon fils se trompe ; leur présence parmi les vierges du Soleil les a malgré elles placées sous le coup de la loi. Forcé par des circonstances impérieuses, je n’ai pas, dans le premier moment, réfléchi à cela lorsque je les ai fait entrer dans le palais. Je voulais, pour me conformer aux recommandations de mon fils, les sauver à tout prix. Maintenant je regrette ce que j’ai fait, mais il est trop tard.

Addick éprouva une tentation énorme de briser avec son casse-tête le crâne du misérable jongleur qui se moquait aussi effrontément de lui avec son accent hypocrite et son air doucereux ; mais, heureusement pour le devin et probablement pour lui-même, car cette action, toute juste qu’elle était, ne serait pas demeurée impunie ; il parvînt à se contenir.

— Voyons, reprit-il au bout d’un instant, mon père est bon, il ne voudrait pas me réduire au désespoir : n’y aurait-il pas un moyen de lever cette difficulté en apparence insurmontable ?

Le prêtre sembla hésiter. Addick le dévorait du regard en attendant sa réponse.

— Oui, reprit-il au bout d’un instant, il y a peut-être un moyen.

— Lequel ? s’écria le jeune homme avec joie ; que mon père parle.

— Ce serait, répondit le vieillard en pesant sur les mots et comme à contre-cœur, ce serait d’obtenir du grand conseil une autorisation de les reprendre dans le palais.

— Ooah ! je n’y avais pas songé. En effet, le grand conseil peut autoriser cela ; je remercie mon père. Oh ! j’obtiendrai cette permission.

— Je le désire, répondit le prêtre d’un ton qui donna fort à penser au jeune homme.

— Est-ce que mon père suppose que le grand conseil voudrait me faire l’affront de me refuser une grâce aussi mince ? lui demanda-t-il.

— Je ne suppose rien, mon fils. Le Wacondah tient dans sa main droite le cœur des chefs, lui seul peut les disposer en votre faveur.

— Mon père a raison. Je me rends immédiatement au conseil, il doit être réuni en ce moment.

— En effet, répondit l’amantzin, le premier hachesto — crieur — des puissants sachems est venu me convoquer quelques instants avant que je n’aie le plaisir de voir mon fils.

— Ainsi mon père se rend au conseil ?

— J’y accompagnerai mon fils, s’il veut bien y consentir.

— Ce sera un honneur pour moi. Je puis, n’est-ce pas, compter sur l’appui de mon père ?

— Quand cet appui a-t-il manqué à Addick ?

— Jamais. Cependant, aujourd’hui surtout, je voudrais être certain que mon père me l’accordera.

— Mon fils sait que je l’aime, j’agirai comme je le dois, répondit évasivement le devin.

Addick, à son grand regret, fut contraint de se contenter de cette réponse ambiguë.

Les deux hommes sortirent alors et traversèrent la place pour entrer au palais des sachems où se réunissait le conseil.

Une foule d’Indiens attirés par la curiosité encombraient cette place ordinairement solitaire et saluaient de leurs acclamations le passage des sachems renommés.

Lorsque le grand-prêtre parut accompagné par le jeune chef, les Indiens se séparèrent devant eux avec un respect mêlé de crainte et les saluèrent silencieusement.

L’amantzin était encore plus redouté qu’il n’était aimé du peuple, comme cela arrive généralement à tous les hommes qui disposent d’un grand pouvoir.

Chinchcoalt ne parut pas s’apercevoir de l’émotion que causait sa présence et des chuchotements craintifs qui se faisaient entendre sur son passage. Les yeux baissés, la démarche modeste et même humble, il entra dans le palais à la suite du jeune chef dont la contenance assurée et le regard orgueilleux formaient un saisissant contraste avec la tenue que lui-même affectait.

Le lieu destiné à la réunion du grand conseil était une immense salle carrée d’une simplicité extrême, orientée nord et sud ; au fond se trouvait attachée au mur blanchi à la chaux une espèce de tapisserie faite avec des plumes et du duvet d’oiseaux rares, sur laquelle était reproduite, au moyen de plumes aux couleurs éclatantes, l’image vénérée du Soleil planant au-dessus de la grande Tortue sacrée, emblème du monde.

Au-dessous de cette tapisserie, soutenue par quatre lances croisées et plantées dans le sol, était le calumet sacré qui ne doit jamais être souillé par le contact de la terre. Ce calumet, dont le fourneau d’une couleur rouge était fiait d’une argile précieuse qui ne se trouve que dans une certaine région du haut Missouri, avait un tuyau long de dix pieds entièrement garni de plumes, de grelots et de sonnettes en or, et à son extrémité pendait un petit sac de médecine en peau d’élan, constellé d’hiéroglyphes.

Au centre de la salle, dans un trou ovale creusé à cet effet, était empilé, avec une certaine symétrie, le bois destiné au feu du conseil et qui ne devait être allumé que par le grand-prêtre.

Cette salle était éclairée par douze hautes fenêtres garnies de longs rideaux faits en poil de vigogne, et qui tamisaient une lumière sombre et douteuse, parfaitement en harmonie avec l’aspect imposant qu’offrait cette vaste salle.

Au moment où l’amantzin et Addick pénétrèrent dans le lieu de la réunion, tous les chefs composant le conseil étaient arrivés ; ils se promenaient par groupes de long en large, causant à voix basse en les attendant.

Aussitôt que le grand-prêtre fut entré, chacun prit place autour du foyer, sur un signe du plus ancien sachem.

Ce sachem était un vieillard que deux guerriers tenaient par dessous les bras pour le soutenir. Chose étrange parmi les Indiens, une longue barbe blanche comme de l’argent tombait sur sa poitrine, ses traits étaient empreints d’une majesté extraordinaire ; du reste, les autres chefs lui témoignaient un respect et une vénération profonde.

Ce chef se nommait Axayacatl, c’est-à-dire la face de l’eau[1] ; il prétendait descendre des anciens Incas qui gouvernèrent la terre d’Anahuac[2] avant la conquête espagnole, et de même que son homonyme, huitième roi du Mexique, son hiéroglyphe était une figure devant laquelle il plaçait le signe de l’eau. Ce qui pouvait venir à l’appui de ses prétentions, c’est que sa peau n’avait pas cette teinte rougeâtre de cuivre neuf qui distingue la race indienne, mais se rapprochait au contraire du type européen.

Quoi qu’il en soit de l’origine de ce chef, ce qui était vraiment prouvé, c’est que, dans sa jeunesse, il avait été un des plus braves et des plus renommés guerriers des Comanches, cette nation orgueilleuse et indomptable qui s’intitule la reine des Prairies, qu’elle prétend avoir seule le droit de parcourir impunément.

Lorsque le grand âge d’Anayacalt et ses nombreuses blessures l’avaient empêché de faire plus longtemps la guerre, les Indiens, dont il était généralement vénéré, l’avaient à l’unanimité élu chef suprême de Quiepaa-Tani.

Depuis plus de vingt ans il exerçait cette fonction à la satisfaction de toutes les nations indiennes.

Après s’être assuré d’un coup d’œil que tous les chefs étaient accroupis autour du foyer, le sachem prit des mains du hachesto qui se tenait debout à ses côtés, un tison allumé qu’il plaça au milieu de la pile de bois préparée pour le feu du conseil, en disant d’une voix faible, mais cependant distincte :

— Wacondah, tes enfants se réunissent pour discuter de graves intérêts ; que la flamme, qui est ton essence souffle à leur poitrine et fasse monter jusqu’à leurs lèvres des paroles sages et dignes de toi.

Le bois, probablement enduit de matières résineuses, avait pris feu presque immédiatement, et bientôt une flamme brillante monta en tournoyant vers le faîte de la salle.

Pendant que le sachem prononçait les paroles que nous avons rapportées, deux prêtres secondaires avaient enlevé le calumet sacré de l’endroit où il était placé, et, après l’avoir bourré d’un tabac réservé seulement pour les cérémonies extraordinaires, ils l’avaient apporté sur leurs épaules et présenté respectueusement à l’amantzin. Celui-ci prit avec une baguette de médecine, afin de conjurer les mauvais présages, un charbon incandescent dans le foyer et alluma le calumet en prononçant l’invocation suivante :

— Wacondah ! être sublime et inconnu, toi que le monde ne peut contenir et dont l’œil puissant aperçoit l’insecte le plus petit timidement caché sous l’herbe, nous t’invoquons, toi que nul homme ne peut comprendre. Permets que le Soleil, ton représentant visible, nous soit favorable et ne chasse pas au loin la fumée sainte du grand calumet que nous envoyons vers lui.

L’amantzin, conservant toujours le fourneau du calumet dans la paume de sa main, présenta le tuyau tour à tour à chaque chef, en commençant par le plus âgé, c’est-à-dire par Anayacatl. Les sachems aspirèrent chacun quelques bouffées de fumée avec le décorum et le recueillement exigés par l’étiquette, les regards baissés vers la terre et le bras droit appuyé sur le cœur. Lorsque enfin le tuyau du calumet arriva, au grand-prêtre, celui-ci fit tenir le fourneau par un de ses acolytes et fuma jusqu’à ce que tout le tabac fût réduit en cendre. Alors le hacheto s’approcha, vida la cendre dans un petit sac de peau d’élan, qu’il ferma et jeta ensuite au milieu du feu en disant d’une voix haute et accentuée :

— Wacondah ! les descendants des fils d’Aztlan[3] implorent ta clémence ; fais descendre tes rayons lumineux dans leurs cœurs, afin que leurs paroles soient celles d’hommes sages.

Puis les deux prêtres reprirent le calumet et allèrent le replacer au-dessous de l’image du Soleil.

Le vieux sachem reprit la parole :

— Le conseil est réuni, dit-il ; deux chefs renommés arrivés ce matin seulement à Quiepaa-Tani, de retour d’un long voyage, ont, disent-ils, des communications importantes à faire aux sachems : qu’ils parlent nos oreilles sont ouvertes.

Nous n’entrerons pas ici dans les détails des discussions qui eurent lieu pendant ce conseil ; nous ne rapporterons pas les discours prononcés par le Loup-Rouge et par Addick ; cela nous entraînerait beaucoup trop loin et pourrait sembler fastidieux au lecteur. Qu’il suffise de dire que, bien que les passions des chefs fussent mises adroitement en jeu par les deux sachems qui avaient demandé la réunion, que parfois à de vives attaques il y eut de vives ripostes, nous nous bornerons à constater que tout se passa avec le décorum et la décence qui caractérisent les assemblées indiennes ; que, bien que chacun défendît son opinion pied à pied, cependant personne ne sortit des limites du bon goût et du savoir-vivre, et nous résumerons les débats en constatant que le Loup-Rouge et Addick échouèrent complètement dans leurs projets, et que le bon sens, ou plutôt le mauvais vouloir de leurs collègues, les empêcha d’atteindre le but qu’ils se proposaient.

Le grand-prêtre, tout en feignant de prendre parti pour Addick, sut si bien embrouiller la question que le conseil déclara à l’unanimité que les deux jeunes filles blanches renfermées au palais des vierges du Soleil devaient être considérées, non pas comme pensionnaires du chef qui les avait amenées dans la ville, mais comme prisonnières de la confédération tout entière, et, comme telles, demeurer sous la garde de l’amantzin, auquel on intima l’ordre de les garder avec la plus grande vigilance et de ne laisser sous aucun prétexte pénétrer le jeune chef jusqu’à elles. Chinchcoatl, lorsqu’il avait insinué à Addick de s’adresser au conseil, savait pertinemment quel serait le résultat de cette démarche ; mais, ne voulant pas se faire un ennemi du jeune homme en lui refusant sa demande, il avait adroitement décliné la responsabilité du refus en en rendant responsable le conseil tout entier et en mettant, grâce à cette manœuvre, Addick dans l’impossibilité de lui demander compte de sa conduite déloyale à son égard.

Le Loup-Rouge avait été plus heureux auprès du conseil : la raison en était simple, la communication qu’il faisait intéressait la ville. Le chef apache avait demandé qu’une troupe de cinq cents guerriers commandés par un chef renommé fût mise sous les armes pour veiller à la sûreté commune, compromise gravement par l’apparition aux environs de Quiepaa-Tani d’une quarantaine de visages pâles dont le but évidemment n’était autre que de surprendre la ville et de s’en emparer.

Les chefs accordèrent au Loup-Rouge ce qu’il demandait, et même beaucoup plus qu’il n’aurait osé l’espérer : au lieu de cinq cents guerriers, on arrêta que mille seraient choisis ; que la moitié de ces guerriers, sous les ordres d’Atoyac, parcourrait la campagne dans tous les sens, afin de surveiller les approches de l’ennemi, tandis que l’autre moitié, sous le commandement immédiat du gouverneur, veillerait au dedans. Puis le conseil se sépara.

Le grand-prêtre s’approcha alors d’Atoyac et lui demanda si réellement il avait chez lui un tlacateotzin renommé. Celui-ci lui répondit qu’en effet, le jour même, un grand médecin yuma était arrivé à Quiepaa-Tani, et qu’il lui avait donné l’hospitalité dans son calli. L’Aigle-Volant se joignit alors à Atoyac pour assurer au grand-prêtre que ce médecin, qu’il connaissait depuis fort longtemps jouissait à juste titre d’une réputation fort étendue parmi les Indiens, et que lui-même lui avait vu faire des cures merveilleuses. L’amantzin n’avait aucune raison de se méfier de l’Aigle-Volant ; il accorda donc la plus grande confiance à ses paroles et, séance tenante, il pria Atoyac de lui amener ce tlacateotzin dans le plus bref délai au palais des vierges du Soleil, afin de donner ses soins aux deux jeunes filles blanches placées sous sa tutelle par le conseil général de la nation, et dont la santé lui inspirait depuis quelque temps des craintes sérieuses.

Addick entendit ces paroles prononcées d’une voix assez haute, et, s’approchant rapidement du grand-prêtre :

— Que dit donc mon père ? s’écria-t-il avec agitation.

— Je dis, répondit l’amantzin de sa voix doucereuse que les deux jeunes filles que mon fils a confiées à ma garde ont été éprouvées par le Wacondah, qui leur a envoyé le fléau de la maladie.

— Leur vie serait-elle en danger ? reprit le jeune homme avec une angoisse mal contenue.

— Le Wacondah seul tient en son pouvoir l’existence de ses créatures ; mais cependant je crois que le péril pourrait être conjuré : d’ailleurs, ainsi que mon fils l’a entendu, j’attends un illustre tlacateotzin de la nation yuma, venu des bords du grand lac salé sans rivages, qui, par le secours de sa science, peut rendre, je n’en doute pas, la force et la santé aux esclaves que mon fils a conquises sur les barbares espagnols.

Addick, à cette fâcheuse nouvelle, ne put réprimer un mouvement de dépit qui prouva au grand-prêtre qu’il n’était pas entièrement sa dupe et qu’il se doutait de ce qui s’était passé ; mais, soit respect, soit crainte de se tromper dans sa supposition, ou plutôt parce que le lieu dans lequel Addick se trouvait ne lui parut pas propice à une explication comme celle qu’il voulait avoir avec l’amantzin, il se contraignit et se contenta de prier le vieillard de ne rien négliger pour sauver les captives, en ajoutant qu’il saurait se montrer reconnaissant envers lui pour les soins qu’il leur donnerait. Puis, renonçant subitement à la discussion, il s’inclina légèrement devant le grand-prêtre, lui tourna le dos et sortit de la salle en causant vivement à voix basse avec le Loup-Rouge qui l’attendait à quelques pas de là.

L’amantzin suivit un instant le jeune homme des yeux avec une expression indéfinissable ; puis, reprenant sa conversation avec Atoyac et l’Aigle-Volant, il les pria de lui envoyer le médecin yuma le soir-même si cela était possible. Ceux-ci le lui promirent, puis ils le quittèrent pour retourner à leur calli, où sans doute le médecin les attendait.

Cependant, ce qui s’était passé au conseil avait donné beaucoup à réfléchir l’Aigle-Volant en lui faisant comprendre que les deux chefs apaches connaissaient la plus grande partie du secret de Bon-Affût, et que, si celui-ci voulait réussir, il fallait qu’il ne perdît pas un instant et se mit à l’œuvre à l’instant, sinon il courait grand risque d’échouer. Après dix minutes de marche, les chefs arrivèrent enfin au calli, où ils rencontrèrent Bon-Affût qui les attendait. Le chasseur, ainsi que nous l’avons dit, ne fit aucune difficulté de consentir à la requête que lui adressa Atoyac ; mais, au contraire, après s’être chargé de sa boîte à médicaments, il le suivit avec empressement.


  1. Ce nom est composé de alt, eau, et de axaya, face.
  2. Anahuac signifie littéralement pays entre les eaux (les deux mers).
  3. Lieu d’où les Mexicains tiraient leur origine : ce nom vient de aztatl, héron.