Amyot (p. 344-355).
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XXXII.

Premiers pas à travers la ville.

Tout en feignant d’être absorbé par le soin de répondre aux politesses empressées de son hôte, le Canadien examinait attentivement l’intérieur de la maison dans laquelle il se trouvait, afin de se former une idée des autres habitations de la ville ; car il supposait, à juste titre, que dans toutes la distribution devait être à peu près semblable.

La pièce dans laquelle Atoyac avait reçu ses hôtes était une assez grande chambre carrée, dont les murs blanchis à la chaux étaient ornés de chevelures humaines et d’une rangée d’armes tenues dans un état de propreté excessive.

Des peaux de jaguars et de ocelotl[1] des zarapès et des fressadas étaient entassés dans des espèces de grandes caisses destinées, selon toutes probabilités, à servir de lits.

Des buttacas et autres sièges de bois excessivement bas meublaient cette pièce, au centre de laquelle était placée une table élevée d’environ quarante centimètres seulement de terre.

Cet intérieur bien simple, comme on le voit, se retrouve, au reste, reproduit presque identiquement dans tous les callis indiens, qui se composent généralement de six pièces.

La première est celle que nous venons de décrire : c’est là que se tient habituellement la famille.

La seconde est destinée aux enfants.

La troisième sert de chambre à coucher.

La quatrième renferme les métiers à tisser les zarapès que les Indiens confectionnent avec un talent inimitable ; ces métiers faits en bambous sont d’une simplicité de mécanisme admirable.

La cinquième contient les provisions de toutes espèces pour la saison des pluies, époque où la chasse est impossible.

Et, enfin, la sixième est réservée aux esclaves.

Quant à la cuisine, en réalité, elle n’existe pas ; c’est dans le corral, c’est-à-dire en plein air, que se préparent les aliments.

Les cheminées y sont également inconnues ; chaque pièce est chauffée au moyen d’un large brasero en terre.

Les soins intérieurs du calli sont confiés aux esclaves qui travaillent sous la surveillance immédiate de la maîtresse du logis.

Ces esclaves ne sont pas tous des sauvages ; les Indiens rendent complètement aux blancs les maux qu’ils en reçoivent ; beaucoup de malheureux Espagnols pris à la guerre, ou tombés dans les embuscades que leur tendent sans cesse les Peaux-Rouges, sont condamnés à la servitude la plus dure.

Le sort de ces malheureux est encore plus triste que celui de leurs compagnons d’esclavage, car ils n’ont pas la perspective d’être un jour rendus à la liberté : ils doivent, au contraire, s’attendre à périr tôt ou tard victimes de la haine de leurs maîtres cruels, qui se vengent impitoyablement sur eux des vexations sans nombre qu’ils ont souffertes sous le tyrannique et abrutissant système du gouvernement espagnol.

Aussi, est-ce réellement sous le coup de cette dure captivité que l’homme peut s’appliquer les mots désespérants écrits par le divin Dante Alighieri sur les portes de son Enfer : Lasciate ogni speranza.

Atoyac, chez lequel le hasard avait si providentiellement conduit le Canadien, était un des sachems les plus respectés des guerriers de Quiepaa-Tani. Dans sa jeunesse, il avait longtemps habité parmi les Européens, et la grande expérience qu’il avait acquise, en parcourant les contrées éloignées de sa tribu, avait ouvert son intelligence, éteint en lui certains préjugés de caste, et le rendait plus sociable et plus policé que la plupart de ses compatriotes.

Tout en buvant son pulque à petite dose, ainsi que doit le faire un gourmet qui apprécie à sa juste valeur la liqueur dont il s’abreuve, il causa avec le chasseur, et peu à peu, soit par l’influence du pulque, soit plutôt par la confiance instinctive que lui inspirait le Canadien, il devint plus communicatif. Ainsi que cela arrive toujours en pareille circonstance, il commença par ses propres affaires et les raconta dans les plus grands détails au chasseur ; il lui apprit qu’il était père de quatre fils, guerriers renommés, dont le plus grand bonheur était de faire des courses sur le territoire espagnol, pour brûler les haciendas, ravager les moissons et enlever des prisonniers ; puis il lui raconta les voyages qu’il avait faits, et parut vouloir prouver au médecin Deux-Lapins que son grand courage comme guerrier, son expérience et ses vertus militaires ne l’empêchaient nullement, au besoin, de comprendre ce qu’il y avait de noble et de respectable dans la science ; il insinua même que lui, bien qu’étant un sachem, il ne dédaignait pas de se livrer parfois à l’étude des simples et à la recherche des secrets de la grande médecine dont le Wacondah, dans sa bonté suprême, avait doté certains hommes d’élite pour le soulagement de l’humanité entière.

Bon-Affût affecta de paraître profondément touché de la considération que le puissant sachem Atoyac portait au caractère sacré dont il était revêtu, et il résolut in petto de profiter des bonnes dispositions de son hôte à son égard pour le sonder adroitement sur ce qu’il avait tant à cœur de savoir, c’est-à-dire, en quel état se trouvaient les jeunes filles et dans quel endroit de la ville elles étaient renfermées.

Cependant comme la susceptibilité des Indiens est excessivement facile à éveiller, qu’il était nécessaire d’user de la plus grande patience, le chasseur ne laissa rien deviner de ses intentions, et il attendit patiemment que le chef lui fournît lui-même l’occasion de l’interroger.

La conversation était devenue à peu près générale ; cependant plus d’une heure s’était écoulée déjà, et malgré tous ses efforts aidés par ceux de l’Aigle-Volant, le chasseur n’avait encore pu parvenir à aborder de front la question qui lui tenait tant au cœur, lorsqu’un Indien se présenta sur le seuil de la porte.

— Le Wacondah se réjouit, dit le nouveau venu en s’inclinant respectueusement ; j’ai une mission pour mon père.

— Que mon fils soit le bienvenu, répondit le chef ; mes oreilles sont ouvertes.

— Le grand conseil des sachems de la nation est réuni, dit l’Indien ; on n’attend plus que mon père Atoyac.

— Que se passe-t-il donc de nouveau ?

— Le Loup-Rouge vient d’arriver avec ses guerriers, son cœur est rempli d’amertume, il veut parler au conseil. Addick l’accompagne.

L’Aigle-Volant et le chasseur échangèrent un regard.

— Le Loup-Rouge et Addick sont de retour ? s’écria Atoyac avec étonnement ; c’est étrange ! Qui a pu les ramener si tôt et surtout ensemble.

— Je l’ignore ; mais ils sont entrés dans la ville il y a une heure à peine.

— Était-ce donc le Loup-Rouge qui commandait les guerriers qui sont arrivés ce matin ?

— Lui-même. Mon père ne l’aura pas regardé lorsqu’il est passé devant lui. Que répondrai-je aux chefs ?

— Que je me rends au conseil.

L’Indien s’inclina et partit.

Le vieillard se leva avec une agitation mal contenue et se prépara à sortir.

L’Aigle-Volant l’arrêta.

— Mon père est ému, dit-il, un nuage est sur son esprit.

— Oui, répondit franchement le chef, je suis triste.

— Quelle cause peut troubler ainsi mon père ?

— Frère, dit avec amertume le vieux chef, bien des lunes se sont écoulées depuis la dernière visite faite par vous à Quiepaa-Tani.

— L’homme n’est que le jouet des événements, jamais il ne peut faire ce qu’il a projeté.

— C’est vrai. Peut-être eût-il mieux valu pour vous et pour nous que vous ne fussiez pas aussi longtemps demeuré éloigné de nous.

— Souvent, bien souvent, j’ai eu le désir de venir ; mais toujours la fatalité m’en a empêché.

— Oui, cela doit être ainsi ; sans cela nous vous aurions vu ; bien des choses qui se sont passées n’auraient pas eu lieu.

— Que voulez-vous dire ?

— Ce serait trop long à vous expliquer, le temps me manque en ce moment pour le faire ; il faut que je me rende au conseil où je suis attendu ; qu’il vous suffise de savoir que depuis quelque temps un mauvais génie a souillé un esprit de discorde parmi les sachems du grand conseil ; deux hommes sont parvenus à faire prévaloir une influence funeste sur ses délibérations et à imposer leurs idées et leurs volontés à tous les chefs.

— Et ces hommes, qui sont-ils ?

— Vous ne les connaissez que trop.

— Mais encore quels sont leurs noms ?

— Le Loup-Rouge et Addick.

— Ooah ! fit l’Aigle-Volant ; prenez-y garde, l’ambition de ces hommes peut, si vous n’y faites pas attention, amener de grands malheurs sur vos têtes.

— Je le sais ; mais puis-je m’y opposer ? Seul suis-je assez fort pour combattre leur influence et faire rejeter les propositions qu’ils imposent au conseil ?

— C’est vrai, répondit le Comanche avec un ton rêveur ; mais comment empêcher ?…

— Il y aurait peut-être un moyen, fit Atoyac d’un ton insinuant après un léger silence.

— Lequel ?

— Il est bien simple : vous êtes un des premiers et des plus renommés sachems de votre nation.

— Eh bien ?

— Vous avez, en cette qualité, je le crois, le droit de siéger au conseil.

— En effet.

— Pourquoi n’y siégeriez-vous pas ?

L’Aigle-Volant jeta un regard interrogateur an Canadien qui écoutait cette conversation le visage impassible, bien que son cœur battît à rompre sa poitrine ; car il devinait, par une espèce de pressentiment, que dans ce conseil on discuterait des questions de la plus haute importance pour lui. À la muette interrogation du chef, il comprit que rester plus longtemps hors de la discussion serait affecter aux yeux de son hôte, pour les intérêts de la ville, une indifférence que celui-ci pourrait prendre en mauvaise part.

— Si j’étais un aussi grand chef que l’Aigle-Volant, dit-il, je n’hésiterais pas à me présenter au conseil ; ici ce ne sont pas les intérêts de telle ou telle nation qui se discutent, ce sont souvent des questions vitales qui sont soulevées dans l’intérêt de la race rouge en général : s’abstenir dans de telles circonstances, serait, à mon avis, donner aux ennemis de l’ordre et de la tranquillité de la ville une preuve de faiblesse, dont, sans doute, ils sauraient profiter pour faire réussir leurs projets anarchiques.

— Le croyez-vous ? répondit l’Aigle-Volant en feignant d’hésiter.

— Mon frère Deux-Lapins a bien parlé, reprit avec feu Atoyac, c’est un homme sage. Mon frère doit suivre son conseil, et cela avec d’autant plus de raison que sa présence ici est connue de tout le monde, et que son absence du conseil produirait certainement un très-mauvais effet.

— Puisqu’il en est ainsi, répondit le Comanche, je ne résiste plus à votre désir, je suis prêt à vous suivre.

— Oui, ajouta avec intention le chasseur, allez au conseil ; peut-être votre présence imprévue suffira-t-elle pour renverser certains projets et empêcher de grands malheurs.

— Je me comporterai de façon à en imposer à nos ennemis, répondit évasivement le Comanche, qui, tout en feignant d’adresser ces paroles à son hôte, les adressait réellement au chasseur.

— Partons, répondit Atoyac.

L’aigle-Volant s’inclina silencieusement.

Ils sortirent.

Le chasseur demeura seul dans le calli en présence des deux femmes.

Le Pigeon, pendant la conversation précédente, avait été occupée à causer à voix basse avec l’Églantine ; presque aussitôt après le départ des guerriers, les deux femmes se levèrent et se préparèrent à sortir.

L’Églantine, sans prononcer une parole, mit un doigt sur ses lèvres en regardant le chasseur ; celui-ci s’enveloppa dans sa robe de bison, et s’adressant à la femme d’Atoyac :

— Je ne veux pas gêner ma sœur, dit-il, pendant que les chefs sont en conseil ; j’irai faire une promenade dehors, afin d’examiner avec plus de soin le temple magnifique que je n’ai fait qu’entrevoir en venant ici.

— Mon père a raison, répondit-elle, d’autant plus que l’Églantine et moi nous avons à sortir de notre côté, et que nous aurions été contraintes de laisser mon père seul dans le calli.

L’Églantine sourit doucement en faisant un léger signe de tête au chasseur.

Celui-ci, soupçonnant que la femme de l’Aigle-Volant avait découvert la retraite des jeunes filles dans sa conversation avec son amie, et que le désir qu’elle témoignait de l’éloigner n’avait d’autre but que celui d’obtenir de plus grands renseignements sur elles, ne fit pas d’objection, et sortit lentement du calli, en marchant avec toute la majesté et l’importance du sage personnage qu’il représentait.

Du reste, le Canadien n’était pas fâché d’être seul pendant quelque temps, afin de réfléchir aux moyens qu’il emploierait pour se rapprocher des jeunes filles, démarche qui ne lui semblait nullement facile à faire. D’un autre côté, il comptait profiter de la liberté qu’on lui laissait pour aller faire un tour dans la ville en cherchant à s’enquérir des renseignements topographiques dont il avait besoin.

Ignorant comment se terminerait son séjour dans la ville, et de quelle façon il en sortirait, il prit à tout hasard les indications les plus précises sur les plans des rues et des édifices, au double point de vue d’une attaque ou d’une évasion.

Le chasseur avait mis sur son visage un masque si épais d’indifférence et de placidité, ses questions étaient faites d’un air si insouciant, que nul de ceux auxquels il les adressa ne songea à le soupçonner un instant, et, comme cela arrive toujours, il parvint à obtenir, grâce à son adresse, des détails excessivement précieux sur les endroits faibles de la place, comment on pouvait en sortir et y rentrer sans être aperçu après la fermeture des portes, et beaucoup d’autres renseignements non moins précieux que le chasseur classa avec soin dans sa mémoire, et dont il se réserva in petto, le moment venu, de faire bon usage.

À Quiepaa-Tani, il y a bon nombre de gens inoccupés, dont la vie s’écoule à flâner d’un côté et d’un autre, en traînant à leur suite un ennui incurable ; ces gens furent ceux avec lesquels le chasseur lia connaissance pendant sa longue promenade dans la ville, écoutant avec la plus grande patience leurs récits prolixes et décousus ; puis, lorsqu’il était certain d’en avoir tiré tout ce qu’il pouvait, il les laissait là pour aller recommencer un peu plus loin le même manège avec d’autres.

Bon-Affût était demeuré dehors près de trois heures : lorsqu’il rentra au calli, Atoyac et l’Aigle-Volant n’étaient pas encore de retour ; seulement les deux femmes, accroupies sur des nattes, causaient entre elles avec une certaine animation.

En l’apercevant, l’Églantine lui jeta un regard d’intelligence.

Le chasseur se laissa tomber sur une butacca, détacha le calumet passé à sa ceinture, l’alluma et se mit à fumer.

Cependant, après avoir échangé avec le soi-disant médecin une salutation muette, les deux femmes avaient repris leur conversation.

— Ainsi, dit l’Églantine, les prisonniers faits sur les visages pâles sont amenés ici.

— Oui, répondit le Pigeon.

— Cela m’étonne, continua la jeune femme ; car il suffirait que l’un d’eux parvînt à s’échapper pour que le secret de la situation exacte de la ville fût révélé aux Gachupines, et alors on ne tarderait pas à les voir apparaître dans la plaine.

— C’est vrai ; mais ma sœur ignore que l’on ne s’échappe pas de Quiepaa-Tani.

L’Églantine hocha la tête d’un air de doute.

— Och ! fit-elle, les blancs sont bien rusés : il est certain, cependant, que les deux jeunes filles pâles que nous venons de voir ne s’échapperont pas, elles sont trop bien gardées pour cela ; je ne sais pourquoi j’éprouve pour elles une si grande pitié.

— La même chose m’arrive. Pauvres enfants ! si jeunes, si douces, si jolies, séparées à jamais de tous ceux qui leur sont chers ! leur sort est affreux !

— Oh ! bien affreux ! Mais qu’y faire ? elles appartiennent à Addick, ce chef ne consentira jamais à leur rendre la liberté.

— Nous irons les voir encore, n’est-ce pas ma sœur ?

— Demain, si vous voulez.

— Merci, cela me rendra bien heureuse, je vous assure.

Ces derniers mots surtout frappèrent le chasseur.

À la révélation subite qui lui avait été faite, Bon-Affût avait éprouvé une telle émotion qu’il lui avait fallu toute la force et toute la puissance qu’il avait sur lui-même pour que le Pigeon ne remarquât pas son trouble.

En ce moment Atoyac et l’Aigle-Volant parurent, leurs traits étaient animés, ils semblaient en proie à une colère qui, pour être concentrée, n’en était que plus terrible.

Atoyac vint droit au chasseur qui s’était levé pour le recevoir.

En remarquant l’animation peinte sur le visage de l’Indien, Bon-Affût pensa que peut-être il avait découvert quelque chose le concernant, ce ne fut qu’avec une certaine méfiance qu’il attendit la communication que son hôte paraissait vouloir lui faire.

— Mon père est bien un adepte de la grande médecine ? lui demanda Atoyac en attachant sur lui un regard scrutateur.

— Ne l’ai-je pas dit à mon frère ? répondit le chasseur, qui commençait à se croire sérieusement menacé et qui échangea un geste interrogateur avec l’Aigle-Volant.

Celui-ci souriait.

Le Canadien se rassura un peu ; il était évident que, s’il eût couru un danger, le Comanche n’eût pas été aussi calme.

— Que mon frère vienne donc avec moi et qu’il prenne les instruments de son art, s’écria Atoyac.

Il n’eût pas été prudent de refuser d’obéir à cette injonction, bien qu’un peu brutalement faite ; d’ailleurs, rien ne lui prouvait que son hôte eût de mauvais desseins contre lui. Le chasseur accepta donc.

— Que mon frère marche devant, je le suivrai, se contenta-t-il de répondre.

— Mon père parle-t-il la langue des barbares Gachupines ?

— Ma nation habite les bords du lac salé sans rivages, les visages pâles sont nos voisins, je comprends et je parle un peu l’idiome dont ils se servent.

— Tant mieux.

— S’agit-il donc de guérir un visage pâle, demanda le Canadien, qui tenait à être fixé sur ce qu’on exigeait de lui.

— Non, répondit Atoyac ; un des grands chefs apaches a amené ici, il y a déjà plusieurs lunes, deux femmes des visages pâles ; ce sont elles qui sont malades ; le malin esprit s’est emparé d’elles, en ce moment, la mort étend ses ailes sur la couche où elles reposent.

Bon-Affût tressaillit à cette nouvelle inattendue, le cœur faillit lui manquer, un frisson involontaire agita tous ses membres ; il lui fallut un effort surhumain pour refouler au fond de son âme l’émotion profonde qu’il éprouvait et pour répondre d’une voix calme à Atoyac :

— Je suis aux ordres de mon frère, ainsi que mon devoir l’exige.

— Partons, alors, répondit l’Indien.

Bon-Affût prit sa boîte à médicaments, la plaça avec précaution sous son bras, sortit du calli à la suite du sachem, et tous deux se dirigèrent à grands pas vers le palais des vestales, accompagnés, ou pour mieux dire surveillés à distance par l’Aigle-Volant, qui marcha sur leurs traces sans les perdre un instant de vue.


  1. Tigre de la petite espèce dont le nom a été conservé en français avec une légère différence.