L’Âme nue/Conseil du Maître
CONSEIL DU MAÎTRE
L’homme a dit : « Je défends, » où j’avais dit : « Je veux. »
Vos lois ont raturé les mots du livre austère
Où la Mère éternelle avait écrit ses vœux.
À force d’idéal vous dépravez la terre ;
Vous créez des vertus que dément la raison,
Et la nature en deuil a fini par se taire.
Assez, fils ! Il est temps d’élargir l’horizon :
Voici les jours virils où la révolte gronde
Et l’esclave vengé sort roi de sa prison !
Crie et frappe à ton cœur, jusqu’à ce qu’il réponde ;
Quand il aura parlé, marche vers ton devoir
Sans souci de la foule et sans crainte du monde.
Va-t’en, froid comme un dieu, sans entendre, sans voir.
Les enfants et les sots riront sur ton passage :
Tout droit ! Laisse aboyer les chiens sans t’émouvoir.
Ose avoir l’air d’un fou si tu veux être un sage !