Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 269-270).
V


LE CERF


Dans le silence blanc, la forêt de décembre
Tisse ses rameaux gris sur le ciel d’or et d’ambre.

La source, au pied du chêne énorme et pustuleux,
Est un miroir marbré de cercles blancs et bleus.
 
Seul un houx, sous le faix de la neige, balaie
La glace de son dur feuillage et de ses baies.
 
Le soir craque dans le silence et dans le gel
Comme pour une nuit ancienne de Noël.


Or, un cerf magnifique à la robe luisante
Dresse soudain sa silhouette frémissante.

De ses naseaux fumants et de sa langue en feu
Il heurte le miroir de glace blanc et bleu.

Et c’est alors qu’au fond du fossé qui l’abrite,
Le braconnier furtif, dont la tempe palpite,

Ecoute au loin bramer le superbe dix-cors,
Qui allonge le col vers le ciel d’ambre et d’or.