Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 96-97).
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AURORE


De grand matin les tourterelles
Roucoulent dans les bois d’aunelles…

Lorsque le crépuscule en fraîche pâmoison
D’une barre d’argent souligne l’horizon ;
 
Lorsque la Terre est grise et blonde de rosée
Et semble défaillir d’un émoi d’épousée ;
 
Lorsque l’odeur sauvage et fauve des forêts
Se mêle au virginal arôme des muguets ;


Lorsqu’au profond azur les étoiles divines
Expirent dans la paix des lueurs opalines ;

Lorsque la brise a des caresses de satin
Et les oiseaux des voix de rosée et de thym ;
 
Lorsqu’on perçoit au loin des rumeurs étouffées
Et que dans les vallons flotte un peuple de fées ;
 
Lorsqu’on devine en l’air, parfumé comme un miel,
L’amoureuse union de la Terre et du Ciel ;
 
Eperdument les tourterelles
Roucoulent dans les bois d’aunelles…

Et soudain, orbe d’or aux cent millions d’yeux,
Le soleil éclatant s’enflamme dans les cieux !


1901.