L’Âme bretonne série 2/Sur les Pas de Renan


Honoré Champion (série 2 (1908)p. 87-110).

SUR LES PAS DE RENAN




À Émile Maulde.


I
Les deux Tréguier


Tréguier, la ville des couvents, n’aura bientôt plus que des laïcs dans ses murs : on vient d’en expulser les Ursulines ; on en expulsera demain quelque autre congrégation. Ainsi va se dissipant un peu plus chaque jour, au souffle haineux du jacobinisme, cette atmosphère de spiritualité et d’onction qu’on respirait dans les rues de la vieille cité bretonne. Renan, s’il était encore de ce monde, ne reconnaîtrait plus sa ville natale. L’influence décisive qu’eut l’ancien Tréguier sur sa formation intellectuelle et morale ne pourrait plus s’exercer avec le nouveau Tréguier. Tréguier jette le froc aux orties ; Tréguier se sécularise ; mais que Tréguier prenne garde, en se sécularisant, de ne pas trop se banaliser !…

— Bon ! me dit quelqu’un. On s’aperçoit bien que, pour parler de Tréguier, vous avez chaussé les lunettes de l’auteur des Souvenirs d’Enfance. Vous voyez Tréguier à travers Renan. Ce magicien du verbe a tout recouvert du tissu prestigieux de ses phrases, et Tréguier, à le lire, fut une ville qui tenait à la terre par des liens si légers qu’on pouvait s’attendre à les lui voir rompre d’un moment à l’autre… Ah ! ah ! laissez-moi rire !… Tréguier, le Lentriguet de Molière, dont le nom était synonyme, au XVIIe siècle, de bourgade arriérée, ridicule et badaude, Tréguier, qu’un de ses fils, contemporain de Renan, appelait Toullous, de deux mots bretons dont le premier veut dire trou et le second veut dire sale, Tréguier faisant concurrence à la Jérusalem céleste ! Il fallait être Renan pour tenter et « réussir » des paradoxes de ce calibre… Avez-vous lu, monsieur, les Mélanges de M. de Boisville ?

Quelque peu décontenancé par cette virulente apostrophe, je confessai à mon interlocuteur que je n’avais pas lu le livre dont il me parlait et que c’était même la première fois que j’en entendais parler…

— Les Mélanges de M. de Boisville ont paru en 1870, me dit-il d’un ton de supériorité dédaigneuse qui ne put qu’aggraver ma confusion. Les éditeurs en étaient MM.  Lacroix et Verboeckhoven. Quant à M. de Boisville, je me suis laissé dire qu’il n’était qu’un nom de guerre dont se couvrait défunt M. le vicomte de Kerguézec.

— C’est bien possible, concédai-je.

Mais mon interlocuteur ne trouva point la concession suffisante.

— Ce M. de Boisville ou de Kerguézec, continua-t-il d’une voix qui s’échauffait, avait le style preste, le mot vif, quelque judiciaire et, quoique vicomte, très peu de préjugés. Ruiné, pour vivre, il avait dû se faire « pion ». Cela se passait aux environs de 1848. La mort d’un oncle l’avait remis à flot. Il en profita pour rédiger ses souvenirs universitaires et brosser de sa ville natale le petit portrait que je recommandais tout à l’heure à votre attention…

Quel portrait. Seigneur ! Un bibliophile complaisant — l’espèce en est rare, mais elle existe, — me l’a mis récemment sous les yeux. Il est bien vrai que Tréguier y est appelé Toullous et, pour qu’aucune contusion ne subsiste, l’auteur a pris soin d’expliquer le mot dans une note.

« Toullous, ajoute-il, est une petite ville de 4000 âmes possédant une belle église gothique et un joli pont moderne. L’église fût bâtie, il y a cinq siècles environ, par les ancêtres des habitants actuels, aidés des aumônes recueillies dans les pays environnants et des offrandes apportés par les nombreux pèlerins. Aussi les habitants sont-ils, à juste titre, très fiers de leur église. Quant au pont, construit ces dernières années, les Toullousains en furent si émerveillés que le Conseil municipal voulut consacrer cet événement en faisant graver sur la première pierre l’inscription suivante : « Ce pont a été construit ici. » Ce ne fut qu’à grand peine que le maire parvint à empêcher cette manifestation de l’enthousiame populaire. »

Voilà qui n’est pas mal déjà et les Trégorrois sont bien arrangés dès ces premières lignes. Mais que dire des suivantes ? L’auteur, tout en s’excusant de cette classification, « qui a l’air de reporter le lecteur au moyen-âge », y divise les habitants de Toullous en trois catégories : la noblesse ; la bourgeoisie ; le peuple.

La noblesse est représentée par le comte de Kernétra — comme qui dirait M. de Beaunéant — et la baronne de Toulm… Je laisse, avec l’auteur, le reste du nom en blanc ; mais vous savez déjà que toul signifie « trou » et vous devinerez de quel trou il peut s’agir, quand je vous aurai dit que la devise de ces Toulm… était jusqu’à François Ier: « Toulm…, en avant ! » et qu’à cette époque, un ancêtre de la baronne ayant eu l’audace de dépasser le roi à la bataille de Marignan, François Ier lui cria : « Arrière, Toulm… ! Je passe le premier. » Ce qui eut l’avantage de remettre les choses en leur place naturelle et de modifier la devise de la famille, devenue à partir de cette mémorable injonction : « Arrière, Toulm… ! »

Il y a encore d’autres nobles à Toullous, les Kakatouec, les Pencallet, les Kerlichou, etc.

« Quelques-uns d’entre eux, dit l’auteur, qui ont attrapé quelques bribes du milliard des émigrés, se sont bâti des demeures dans le style moderne. Ceux-là ont chevaux et voitures, donnent un dîner tous les ans et un bal lorsqu’ils marient leurs enfants… Depuis 1830, la noblesse de Toullous se retranche dans sa fidélité, refusant les emplois et les fonctions de toute espèce. Elle professe un souverain mépris pour quiconque vit de son travail ou de son industrie. La chasse est à peu près sa seule occupation, »

Broyeur de lin chanté par Renan, vieux hobereau de Kermelle, pauvre comme Job, grand comme un pentyern des temps antiques, qui te reconnaîtrait à ce crayon dérisoire ? Et, si la noblesse de Toullous est étrillée de la sorte par un de ses représentants les mieux qualifiés, ce n’est pas que la bourgeoisie et le peuple aient trouvé grâce devant lui. La bourgeoisie ? Un ramassis de jaloux. Le peuple ? Des paresseux, des mendiants, des voleurs, côté des hommes ; des « prostituées », côté des femmes.

« Ajoutez à cela l’ivrognerie pour les hommes comme pour les femmes, continue notre auteur, et vous aurez une idée du peuple de Toullous. La confession est l’éponge que l’on passe sur ces ordures. L’opération faite, ils se croient parfaitement nettoyés et leur conscience est en repos jusqu’à nouvel ordre. »

Car les Toullousains sont très dévots. Ce qui nous paraîtrait une atténuation est une aggravation aux yeux de M de Boisville, lequel n’est pas plus tendre pour les clercs que pour les laïcs. Mon Dieu ! qu’il se moque agréablement des nonnes, des confesseurs, des sermonnaires de Toullous ! L’un de ceux ci, qui avait conquis par son éloquence les bonnes grâces d’une grande dame de la ville, en devait recevoir un calice magnifique auquel était joint ce billet : « En vous en servant, pensez à moi. » Par malheur, le mari de la dame ouvrit la boîte qui contenait le calice avant qu’elle ne fût parvenue à destination.

« Frappé d’une inspiration qui ne venait certes pas d’en haut, dit M. de Boisville, il substitua au calice l’instrument que redoutait si fort M. de Pourceaugnac, remit le billet à sa place et ferma la boîte de façon qu’on ne pût s’apercevoir de rien. »

L’anecdote a son prix. Elle eût ravi Armand Silvestre. Mais qui se fût avisé d’en placer la scène dans la patrie adoptive de saint Tugdual ! Hélas ! M. de Boisville ne respecte rien, ni les institutions, ni les hommes, ni les bancs d’huîtres de son municipe natal. Tréguier est pour lui la dernière ville du monde, la plus sale, la plus bête, la plus encroûtée de superstition qui soit…

Ô le Tréguier de Renan, avec sa cathédrale, chef-d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible, avec les hauts murs de ses communautés religieuses, son atmosphère de spiritualité, ses sonneries aériennes, les chevaliers et les dames de ses enfeux, dormant leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main…

Ô le Tréguier de nos illusions !


II
BRIZEUX ET RENAN


Le même jour, à la même heure, sur deux points de la Bretagne, on honora cette semaine deux écrivains célèbres : Auguste Brizeux et Ernest Renan.

Les fêtes de Brizeux furent toutes littéraires : leur organisateur, M. René Saïb, s’était arrangé pour que la fâcheuse politique n’y montrât pas le plus petit bout de l’oreille. Il faut l’en féliciter. Les Bleus de Bretagne, qui prirent, l’an passé, l’initiative d’élever un monument à l’auteur de la Vie de Jésus, ne se sont point imposé la même réserve : ils ont convoqué autour de l’effigie de ce parfait réactionnaire tout le ban et l’arrière ban du radicalisme ; ils ont ravalé ce grand dilettante aux proportions misérables d’un anticlérical de chef-lieu de canton ; ils ont biffé de son œuvre les pages les plus parfaites et de préférence celles où il rendait hommage aux « maîtres exquis » de sa jeunesse, aux « excellents prêtres » qui lui « apprirent l’amour de la vérité, le sérieux de la vie », et n’en ont retenu que les plus douteuses, celles qui flattaient leur grossier sectarisme, leur haine de la pensée catholique, traditionnelle et française. Ansi l’introduction de l’esprit de parti dans une manifestation qui pouvait si aisément s’en priver aura eu pour premier effet d’écarter de Tréguier bien des admirateurs de l’illustre écrivain, soucieux de ne pas compromettre le respect qu’ils gardent à sa mémoire dans la gogaille d’une kermesse athéiste et jacobine…

Il y a, dans le Livre d’Or de Renan, une phrase que j’ai notée au passage et qui termine la lettre d’adhésion de mon vieil ami Félix Le Dantec, l’éminent professeur en Sorbonne :

« On ne pouvait approcher Renan sans l’aimer. »

Comme Le Dantec a raison ! Oui, tous ceux qui eurent l’honneur d’approcher Renan, même ceux qui, comme moi, ne se satisfaisaient plus de son pyrrhonisme et aspiraient déjà vers un renouveau intérieur, tous subirent sa séduction. Il n’y avait pas chez lui l’ombre de pose. Tandis que Victor Hugo, grisé par l’encens un peu grossier que ses disciples faisaient fumer devant lui, se figeait dans une attitude hiératique et n’était pas loin de se considérer comme le nombril du monde, Renan, au plein de sa célébrité, gardait sa bonhomie souriante, son inaltérable sérénité de cœur et d’esprit.

Il faut l’avoir vu dans ses appartements du Collège de France, mais surtout à Rosmaphamon, dans la gracieuse villa où il passait les mois d’été avec son admirable compagne, la fille du peintre Henri Scheffer, entouré de ses enfants et de ses petits-enfants ! Quelle cordialité était la sienne ! Comme il vous mettait tout de suite à l’aise ! Comme il s’en faisait peu accroire et aux autres ! Comme on sentait chez lui ce détachement supérieur, cette absence de vanité, qui conviennent à un vrai philosophe ! Jamais homme ne fut moins atteint de cette hypertrophie du « moi », qui fut la maladie de tant de nos contemporains illustres, et de Hugo tout le premier. Non seulement il supportait qu’on ne l’accablât point de compliments, mais il permettait qu’on ne fût pas de son avis ; il se donnait la peine de discuter avec les plus obscurs, les plus humbles de ses contradicteurs.

Que de fois, par exemple, mon bon Maître, vous ai-je fait endêver, comme on disait dans l’ancienne langue, par mon admiration pour Michelet ! Vous ne l’aimiez guère, ce Michelet d’une sensibilité si profonde et si anarchique tout ensemble, mais dont à cette époque, avec mes yeux de vingt ans, je ne voyais que la magnifique puissance d’expression.

— Oh ! L’Oiseau ! La Mer ! vous disais-je. La Mer surtout !

Et, avec ce sourire indulgent et comme teinté d’ironie que nous connaissions bien, vous me répondiez :

— Euh ! Euh ! La Mer, oui, sans doute… Mais êtes-vous sûr que La Mer soit de Michelet ?

— Dame ! Monsieur Renan…

— C’est que… il me semble bien… Je ne serais pas surpris que La Mer fût plutôt de Mme Michelet…

Ce plutôt n’était-il pas exquis ? La conversation de Renan était pleine de ces trouvailles. Elles nous ravissaient. Je suis trop jeune pour avoir connu Brizeux, qui était lui aussi, dit-on, un causeur délicieux. Mais j’ai assistée à l’inauguration de sa statue et justement en compagnie, à côté de Renan.

Le joli voyage que ce fut ! Je me souviens encore de cette échappée en Morbihan, de l’Ellé, de l’Izole et des vallées d’églogue, toutes roucoulantes d’appels de ramiers, et des petites paysannes de Baud et de Plouvignier qui s’en retournaient de la messe dans leur justin noir et bleu et s’arrêtaient pour regarder passer le train et nous crier à travers les barrages : dehueh mad, le bonjour de là-bas. Brizeux fut fêté en prose et en vers, mais par personne mieux que par Renan. Son discours, d’une sobriété tout attique, était la grâce et le charme mêmes.

Y dit-il nonobstant toute sa pensée sur l’auteur de Marie ? J’ai de bonnes raisons pour penser le contraire. La veille du départ de Renan pour les fêtes, je déjeunais à Rosmaphamon. On vint à parler de Brizeux, et quelqu’un demanda au maître s’il avait trouvé beaucoup à louer dans l’œuvre de son compatriote. Il sourit d’abord, puis répondit, comme c’était sa manière, par une parabole :

— Au paradis, dit-il, où il existe pourtant une hiérarchie des bienheureux et où Paul n’est point l’égal de Pierre, qui, lui-même, n’est point l’égal de Joseph, il y a un jour dans l’année où chacun des saints, si humble que soit son rang, est honoré et glorifié pardessus tous les autres, et c’est le jour de sa fête. Que l’exemple nous serve ! Puisque c’est Brizeux que nous fêtons dimanche, il n’y aura, ce jour-là, de palmes et d’hosannahs que pour Brizeux…

La conversation suivit son cours. Comme un autre convive venait de dire de Brizeux :

— C’est un poète d’anthologie.

— Vous avez raison, répliqua Renan. Son œuvre est loin d’être parfaite ; mais elle contient de beaux fragments. Brizeux, comme M. Thiers, (avec qui, du reste, c’est sa seule parenté,) fut un écrivain de transition. Sa langue en a gardé quelque trouble : elle n’est ni classique ni romantique franchement. Thiers savait bien qu’il péchait par là, lui aussi. Mais, comme on lui signalait, dans son Histoire, les corrections à faire, il s’y refusait et peut-être avait-il raison. Les corrections littéraires, quelle vanité !…

Renan n’est plus et, par une rencontre singulière, voici qu’on inaugure sa statue à Tréguier le jour même où l’on célèbre à Lorient le centenaire de la naissance de Brizeux. Deux saints à chômer à la fois, c’est peut-être beaucoup et l’illustre auteur de l’Avenir de la Science n’avait pas prévu le cas dans ses entretiens de Rosmaphamon. Il est vrai qu’il y a bien d’autres choses qu’il n’avait pas prévues, et quand ce ne serait que les accents de l’Internationale et la présence de M. Combes à l’inauguration de son monument…


III
Le « Bonhomme Système »


Toute une rumeur de souvenirs s’est éveillée autour de la statue de Renan (Cf., entre beaucoup d’autres, les articles de M. Philippe Berger, dans la Revue des Revues, et de M. Michel Bréal, dans la Revue de Paris.) Excellentes contributions à l’histoire de son esprit. Mais une enquête diligente, impersonnelle, bref un bon reportage sur ses origines, son milieu de formation, son enfance, etc., voilà ce qui manquait et que nous a donné M. René d’Ys — pseudonyme du journaliste breton Théophile Janvrais. L’auteur de Renan en Bretagne a volontairement restreint le cercle de ses recherches et ce cercle est encore trop vaste, puisqu’il n’a pu le remplir qu’à moitié. En fait, du Renan que nous présente M. d’Ys, il n’y a de vraiment inédit que le Renan écolier. Ajoutez-y le curieux chapitre sur les ancêtres paternels de Renan ; avec beaucoup de flair, de sagacité, M. d’Ys est parvenu à reconstituer l’arbre généalogique du grand écrivain. Il a pu remonter jusqu’à Jean Renan, ménager à Plourivo, qui vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Du côté maternel ses recherches n’ont pas été aussi heureuses ; tout ce qu’il nous dit de la mère de Renan, on le savait déjà, qu’elle s’appelait Madeleine Féger, qu’elle était fille d’un capitaine au long cours de Bordeaux, établi à Lannion et marié à une Cardillan.

Le berceau de la famille Renan — autre découverte de M. d’Ys — n’est point ce manoir de Kerambellec ou Meskambellec dont il est parlé dans les Souvenirs d’enfance. Aussi bien le grand écrivain nous avait mis en garde contre lui-même : « J’ai changé plusieurs noms propres, dit-il. D’autres fois, au moyen d’interversions légères de temps et de lieu, j’ai dépisté toutes les identifications possibles que l’on pourrait établir. » Le manoir patrimonial des Renan s’appelait Keruzec ou Kerauzec, en Traou-Dû[1], sur la rive droite du Trieux. Sur ce point, après les recherches de M. d’Ys, les hésitations ne sont plus permises. Encore eût-il été bon d’ajouter qu’il y a un manoir de Kerambellec en Plourivo et que Kerambellec, Kerno et Kerhuel étaient les trois maisons nobles de la paroisse.

Petite chicane. Là du moins M. d’Ys donne des preuves, établit ses références. On le voudrait toujours aussi scrupuleux. Quand il emprunte à un auteur, que ne cite-t-il l’auteur ou que ne recourt-il à la précaution des guillemets[2] ? Page 94, une hagiographie moins sommaire lui aurait appris à distinguer entre Saint-Yves-de-Vérité et Saint-Yves-du-Minihy ; la chapelle « mystérieuse » dont parle Renan était située en Trédarzec, sur la rive droite du Trieux, en face de Tréguier. On y vouait et, sur son placitre rasé jusqu’aux fondements, on continue de vouer au redoutable saint les personnages qu’on souhaite voir mourir dans l’année[3].

Les notes publiées par l’auteur sur les maîtres et les condisciples de Renan seront consultées avec profit. De même la page curieuse[4] où il a rassemblé toutes les célébrités du pavé trégorrois aux environs de 1830, depuis le fou Briand et la vieille mendiante Tognez-ar-C’horn jusqu’au pasteur de porcs Henry Doguen, que les élèves saluaient invariablement au passage du cliché : margaritas ante porcos.

Mais voici une grosse lacune : quand les comparses sont si bien traités, sur les grands protagonistes des Souvenirs d’enfance : le bonhomme Système, Noémi[5], le Broyeur de lin, etc., M. d’Ys ne trouve pas un mot. Oui était-ce, Noémi ? J’ai entendu citer plusieurs noms. Et le Broyeur de lin ? Et le bonhomme Système ? Le bonhomme Système surtout !

Sur ce dernier, du moins, nous avons deux témoignages on ne peut plus concordants : l’un de Michelet, l’autre que j’ai recueilli, il y a une trentaine d’années, de la bouche d’un pharmacien trégorrois établi à Lannion, M. Soisbault. Le bonhomme Système s’appelait Le Duigou. Ce qui n’empêche pas Renan d’écrire : « Je n’ai jamais su son nom, et même je crois que personne ne le savait. » Si fait. Mais laissons la parole à Michelet. Le passage qui suit est tiré de son Histoire de France :

« Moi-même j’ai vu à Tréguier le vieux M. D… (qu’ils ne connaissent que sous le nom de M. Système). Au milieu de cinq ou six mille volumes dépareillés, le pauvre vieillard, seul, couché sur une chaise séculaire, sans soin filial, sans famille, se mourait de la fièvre entre une grammaire irlandaise et une grammaire hébraïque. Il se ranima pour me déclamer quelques vers bretons sur un rythme emphatique et monotone, qui pourtant n’était pas sans charme. Je ne pus voir sans compassion ce représentant de la nationalité celtique, ce défenseur expirant d’une langue et d’une poésie expirantes. »

On aura remarqué que, dans ce premier texte qui date de 1833, Le Duigou n’est désigné que par son initiale. Mais, en 1886, Mme Michelet, sollicitée de publier à part le Tableau de la France, au lieu de se borner à la réimpression pure et simple du texte de 1833, s’avisa de « l’étendre » et de « le compléter » à l’aide des « matériaux laissés par M. Michelet dans ses cartons ». Le passage relatif au bonhomme Système subit de ce fait quelques retouches importantes dont on va pouvoir juger :

« Moi-même j’ai vu à Tréguier le savant ami de Le Brigant, le vieux M. Duigon (sic), qu’ils ne connaissent que sous le nom de M. Système, au milieu de cinq ou six volumes dépareillés, — tout ce qui restait sans doute de sa librairie, — gisant à terre pêle-mêle avec des oignons, dans un désordre aussi pittoresque qu’eût pu le souhaiter Walter Scott. L’homme était lui-même la plus curieuse antiquité que j’aie rencontrée en Bretagne. Le pauvre vieillard, seul, couché sur une chaise séculaire, sans soin filial, sans famille, se mourait de la fièvre entre une grammaire irlandaise et une grammaire hébraïque. Il se ranima pour me déclamer quelques vers bretons sur un rythme emphatique et monotone qui pourtant n’était pas sans charme. Je ne pus voir, sans compassion profonde, ce représentant de la nationalité celtique, ce défenseur expirant d’une langue et d’une poésie expirantes. »

Le texte no 2 diffère sensiblement, comme on voit, du texte no 1. Les cinq ou six mille volumes sont réduits à cinq ou six, et il peut n’y avoir là chez Mme Michelet, qu’une erreur, un oubli de copiste. Mais d’autres traits sont visiblement de Michelet lui-même : la « librairie », les « oignons », le « savant ami de Le Brigant ». Enfin les trois points qui suivaient l’initiale ont disparu et nous avons cette fois le nom en entier, mais légèrement estropié : Duigon.

C’est Le Duigou qu’il faut lire. On sait comme en manuscrit l’n et l’u présentent de ressemblance[6]. On sait aussi qu’en Bretagne la suppression de l’article prénominal est très fréquente dans le langage courant ; de plus Duigou ou Le Duigou est un nom de famille très répandu dans la région trégorroise. Il « figure, dit M. Kerviler (Bio-Biographie bretonne), aux réf. de l’évêché de Tréguier au quinzième siècle avec blason d’or à trois trèfles de gueules. » De Duigon, au contraire, nulle mention chez M. Kerviler, ni dans les actes de l’état-civil. La présomption est donc en faveur de l’orthographe en u. Et, d’ailleurs, j’ai une autre raison pour adopter cette orthographe. La réimpression de Mme Michelet est, je l’ai dit, de 1886 ; or c’est en 1878 ou 1879 que M. Soisbault m’a parlé pour la première fois de Duigou. Il me dit que ce Duigou, qui tenait un petit cabinet de lecture à Tréguier, passait communément dans le peuple pour sorcier et que cette réputation avait bien pu lui venir du « commerce des masques qu’il avait inauguré dans le pays ». M. Soisbault avait connu personnellement Duigou, mais il ne connaissait point la date de sa mort. Renan place cette mort « après 1830 ». Et cela aussi est assez vague. Mais, en nous reportant à Michelet, nous voyons que le bonhomme était un ami de Le Brigant, célèbre lui-même par l’amitié qui l’unissait à La Tour d’Auvergne. Duigou, Le Brigant, La Tour d’Auvergne, passionnés tous trois de celtisme, avaient du moins ceci de commun avec le personnage des Souvenirs d’enfance que c’étaient comme lui des purs, des « patriotes » et, sinon des territoristes, certainement des jacobins. On conçoit dès lors l’espèce de réprobation qui devait peser sur le bonhomme Système. Renan, sur ce point, n’a pas eu besoin de lui donner « le coup de pouce ».

Mais pourquoi Michelet appelle-t-il Duigou le « savant ami de Le Brigant » ? Ami de le Brigant, il le fut de toute évidence. Voici qui le prouve. Parlant des dernières années de Le Brigant, Guillaume Le Jean, dans la Biographie bretonne (1857), dit en propres termes :

« Retiré à Tréguier, il s’occupait d’études minéralogiques dans le riche bassin du Jaudy et travaillait à des traductions bretonnes. Il venait de terminer celle de l’Enfant prodigue, qui parut plus tard dans les Mémoires de l’Académie celtique, quand la mort le surprit (3 févier 1804) dans les bras de son ami D…, dont Michelet nous parle en des termes singulièrement touchants. »

D…, sans aucun doute, est ici pour Duigou. Reste à expliquer le mot « savant ». Or, non seulement Duigou ne publia aucun livre, mais aucun des articles publiés dans la collection des Mémoires de l’Académie celtique, où collaboraient Johanneau, Le Gonidec et Le Brigant lui-même, ne porte le nom de Duigou. Qu’est-ce à dire et Michelet s’est-il trompé ? La clef du mystère, c’est encore Guillaume Le Jean qui nous la donnera, page 292 de son livre : La Bretagne, son histoire, et ses historiens (Nantes et Paris 1850).

« Le Brigant, dit Guillaume Le Jean, eut ses sectateurs, ses amis, ses séïdes. Nous pourrions citer M. D… (de Tréguier), ce vieillard vénérable dont Michelet nous a peint si heureusement la verte et touchante décadence. Il était disciple du Pontrivien ; il était en outre son ami intime ; il étudiait prodigieusement et n’écrivait pas. On le nommait M. Système[7]. »

Une dernière pièce — décisive — manquait à mon dossier : elle m’est apportée par M. François Gélard, esprit sagace et poète du talent le plus délicat, qui voulut bien dépouiller pour moi les registres de l’état-civil de Tréguier et y releva, à la date du 22 novembre 1838, l’acte mortuaire dont je donne copie ci dessous[8] :

« Mairie de Tréguier. — Du vingt-deuxième jour du mois de novembre an mil huit cent trente-huit, à onze heures du matin, acte de décès de Louis Marie Le Duigou, né à Guingamp, âgé de cinquante-six ans, profession de marchand, domicilié à Tréguier, décédé le vingt-et-un novembre mil huit cent trente-huit, à Tréguier, à onze heures du soir, fils de défunts Joseph et Jacquemine Baudry du Coudrai. — La déclaration du décès a été faite par Julien Bodiou, infirmier à l’Hôtel-Dieu, âgé de quarante deux ans, qui a déclaré être aux soins du défunt, et par François Le Crenn, marin, âgé de quarante-six ans, qui a déclaré être voisin du défunt. — Lecture donnée de ce que dessus, les comparans et les témoins ont déclaré ne savoir signer. — Constaté, suivant la loi, par moi, Bidamant, adjoint délégué. — Signé : Bidamant adjoint délégué. »

À la copie de cet acte de décès étaient jointes quelques observations critiques de M. Gélard qui ne laissent plus subsister le moindre doute sur l’identité de Le Duigou et du bonhomme Système ; il n’y a pas en effet d’autre Duigon, Duigou ou Le Duigou inscrit sur les registres de l’état-civil de Tréguier de 1800 à 1850. Renan fait mourir le bonhomme Système « après 1830 » : Louis-Marie Le Duigou mourut en 1838. Renan dit que le bonhomme Système « n’était pas du pays et n’avait aucune famille » : Louis-Marie Le Duigou était né à Guingamp et vécut célibataire. La profession prêtée au bonhomme par Renan et Michelet concorde aussi avec celle que lui donne l’état-civil. Cependant Le Duigou ne fut pas trouvé mort au matin, comme le dit Renan, « dans sa pauvre chambre, au milieu de ses livres empilés » : il trépassa une nuit de novembre, dans un lit d’hôpital, ainsi qu’il convient à un poète et à un philosophe[9].

Nous en savons assez maintenant, je pense, pour pouvoir reconstituer les grands traits de cette existence mystérieuse et solitaire qui eut l’heur inespéré de réconcilier autour de sa mémoire deux des plus beaux génies du XIXe siècle et les moins assortis qui fussent, aussi éloignés par leurs méthodes intellectuelles que par leurs caractères et leurs goûts.

Louis-Marie Le Duigou, né à Guingamp le 11 avril 1782, d’une famille de petite noblesse de l’évéché de Tréguier qui portait d’or à trois trèfles de gueules, était fils légitime de Joseph Le Duigou, originaire de la paroisse de Pestivien, et de Jacqueline Baudry du Coudrai, originaire de la paroisse de Saint-Jean de Lamballe. Il avait sept ans à l’époque de la Révolution, onze ans en 1793, et ne put donc être le « vieux terroriste » que « se figurait » voir la mère de Renan. On ne sait à la suite de quels évènements il s’était fixé à Tréguier, où il se lia d’amitié avec Le Brigant, qui mourut « dans ses bras » le 3 pluviôse an XIII (3 février 1804). Il avait à cette époque vingt-deux ans ; Le Brigant en avait quatre-vingt-quatre. Après une carrière prodigieusement agitée, le célèbre Pontrivien, qui « avait donné tous ses enfants à la patrie » et qui était à peu près sans ressources, s’était lui-même retiré à Tréguier où il faisait alterner les études de minéralogie avec les études celtiques et les traductions bretonnes. La vieillesse ne lui avait rien ôté de son enthousiasme, et sa foi zélatrice s’était communiquée à son entourage. Au nombre et au premier rang de ses « sectateurs », pour parler comme Guillaume Le Jean, se trouvait Louis-Marie Le Duigou. Le Brigant n’eut pas de plus fervent ni de plus fidèle disciple. À la mort du Pontrivien, ses manuscrits et sa bibliothèque, qui devait être assez « considérable », furent dispersés à tous vents : M. de Kergariou et M. Le Bizec, « sacristain de Tréguier et éditeur de musique », en acquirent une partie ; une autre partie fut acquise aux collections publiques de la ville de Saint-Brieuc[10]. Il n’est pas défendu de croire que Le Duigou bénéficia du reste qui lui servit plus tard à monter son « cabinet de lecture ». Dans l’héritage du Pontrivien se trouvait peut-être aussi le bouquet dont a parlé Renan, souvenir de la fête de prairial an II, qu’on découvrit, après le décès du bonhomme, dans un coin de sa commode, « soigneusement enveloppé ». Mais le plus précieux héritage du maître fut sa pensée. Le Duigou, à la mort de Le Brigant, fit sien son «  système ». Il l’adopta de toutes pièces, témoignant ainsi de plus de patriotisme que de sens critique. Le « système Le Brigant », dont Voltaire et les encyclopédistes firent de si belles gorges chaudes, n’allait à rien moins, on le sait, qu’à dériver toutes les langues de la langue bretonne, cette « Palmyre des idiomes déchus ». Comme Le Duigou avait toujours à la bouche ce mot de système, on le lui donna pour sobriquet. Il était fort érudit, mais d’une érudition probablement assez trouble, comme celle de son maître qui mêlait toutes les notions et toutes les grammaires, l’hébreu et l’irlandais, le polynésien et le patagon. Il n’écrivait pas ou, du moins, on ne connaît de lui aucun ouvrage, aucun manuscrit. Ses ressources devaient être modestes, puisqu’il ouvrit pour vivre, à Tréguier, un petit cabinet de lecture. Ce cabinet manquait évidemment d’orthodoxie. Le Duigou n’avait pas pris à La Tour d’Auvergne et à Le Brigant que leurs théories linguistiques, mais encore leur nuageux philosophisme. Il acheva de se rendre suspect au clergé local en annexant à sa librairie « un commerce de masques ». À Tréguier et sous la Restauration, un tel commerce, en effet, devait sentir le fagot. Avec les livres et les masques, Le Duigou tenait sans doute plusieurs autres articles à bon marché, comme il s’en débite dans ces petits bazars hétéroclites de province, et peut-être de l’épicerie, des fruits, des légumes, ce qui explique les fameux « oignons » remarqués par Michelet. La révolution de Juillet, si elle éveilla un moment ses espérances, ne put que l’enfoncer un peu plus par la suite dans son hypocondrie. Encore a-t-on peine à comprendre qu’il ait paru si vieux à Mme Renan mère et à Michelet lui-même. Peut-être lui arriva-t-il comme à ce héros de Balzac qui « avait eu quarante ans de bonne heure » et n’avait pas eu la prudence de s’y tenir. Sa figure, son air étaient plus antiques que son état-civil. Les épreuves morales et la pauvreté avaient déteint sur lui. Célibataire, sans famille et sans amis, il se mourait lentement de la fièvre dans sa boutique solitaire. Ce fut là que Michelet le vit. Il se ranima pour déclamer au grand historien « quelques vers bretons sur un rythme emphatique et monotone ». Nous ne connaissons point la date de la visite de Michelet. Elle fut antérieure, de toute façon, à la publication de son Histoire qui est de 1833. Le Duigou devait se traîner encore pendant cinq ans. Vraisemblablement une sénilité précoce, ajoutée à la fièvre qui le minait, l’empêcha de continuer jusqu’au bout son commerce, puisque c’est à l’hospice public qu’il trépassa dans la nuit du 21 novembre 1838. Il n’avait que cinquante-six ans.

Renan, comme on voit, tout en respectant l’essentiel du bonhomme, n’a pas laissé que de négliger ou de corriger certains traits de sa physionomie, curieux assurément, mais qui avaient l’inconvénient de déranger l’image qu’il s’en était formée. On retrouve là cette manière délicate et choisie, cet art des nuances et des demi-teintes où excellait l’illustre auteur des Souvenirs d’enfance et qui donne à ses évocations du passé un charme si vaporeux. Et l’on y peut saisir aussi sur le vif, dans leur application à un personnage contemporain, les procédés ordinaires de cet idéalisme enveloppant et subtil, dont les douces « sollicitations », les déformations insensibles, ont plus fait pour l’évolution des personnages sacrés de notre histoire religieuse que toute la critique négative du XVIIIe siècle : Renan n’a pas agi autrement avec Jésus, le roi David et saint Paul qu’avec le bonhomme Système.




  1. Mais pourquoi M. d’Ys veut-il que Traou soit une altération de Toul (trou) ? Traou veut-dire vallée et s’entend fort bien joint à du, vallée noire. Et où a-t-il pris enfin que Keruzec voulût dire « Maison réparée » ?
  2. Exemple : j’ai écrit quelque part que le mol et humide Trovern dût un peu agir sur Renan comme l’âpre Combourg sur Chateaubriand enfant. M. d’Ys m’a fait l’honneur de trouver la phrase à son goût et de l’enchâsser dans son texte. C’est de la bonne mosaïque. Mais cela porte encore un autre nom.
  3. Cf. L’Âme bretonne, 1re série. Chap. : Au Cœur de la Race.
  4. Seulement cette page est-elle de M. d’Ys ? Il me semble bien l’avoir déjà lue sous une autre signature et peut-être sous celle de Quellien.
  5. V. pour Noémi à l’Appendice.
  6. Une erreur de copie me fit à moi-même imprimer Guigou dans l’Éclair et le Monde illustré.
  7. On sait l’origine de ce sobriquet d’après Renan : « Un temps fut où il avait eu des rapports avec les gens du pays, leur avait dit quelques-unes de ses idées ; personne n’y comprit rien. Le mot système qu’il prononça deux ou trois fois parut drôle. On l’appela Système et aussitôt il n’eut plus d’autre nom. »
  8. Sur les indications fournies par cet acte, M. Lorgeré, maire de Guingamp, que je remercie vivement de son obligeance, a pu retrouver sans trop de peine l’acte de baptême de Le Duigou. J’en donne également copie :

    « Extrait des registres de l’État-Civil de la commune de Guingamp pour l’année 1782 ou est écrit ce qui suit. — Louis Marie Le Duigou, fils légitime de Joseph, originaire de la paroisse de Pestivien, évèché de Quimper, et de Jacquemine Baudry du Coudrai, originaire de la paroisse de Saint-Jean de Lamballe, né le onze avril mil sept cent quatre-vingt-deux, a été solennellement baptisé le même jour par le soussigné Recteur ; parrain et marraine ont été le sieur Louis Gérard et demoiselle Marie Françoise Dorré-Vallon. Soussignés : Dorré-Vallon, Louis Gérard, Joseph Le Duigou, G. M. de Montfort, Rr de Guingamp. »

  9. Renan, du reste, a reconnu lui-même qu’il s’était trompé sur divers points de la biographie de son héros. « En ce qui concerne le bonhomme Système, écrit-il dans la préface aux Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse, j’ai reçu de M. Duportal du Goasmeur des détails nouveaux, qui ne confirment pas certaines suppositions que faisait ma mère sur ce qu’il y a de mystérieux dans les allures du vieux solitaire. Je n’ai rien changé cependant à ma rédaction première, pensant qu’il valait mieux laisser à M. Duportal le soin de publier la vérité, qu’il est seul à savoir, sur ce personnage singulier. »
  10. Cf. P. Levot, Biographie bretonne, tome II, art. Le Brigant.