L’Âme bretonne série 2/Dans la Cornouaille des Monts : François Jaffrennou


DANS LA CORNOUAILLE DES MONTS[1].


(François Jaffrennou, dit taldir).




François Jaffrennou est né à Carnoët (Côtes-du-Nord) le 15 mars 1879.

En moyen breton Carnoëdd — et par corruption Carnoët — veut dire les Sépulcres, l’Ossuaire. Non plus que Barrès, je ne pousse l’amour de l’archéologie au point de vouloir le monde couvert de pierres tombales. « On peut se passer à la rigueur de ces vestiges magnifiques, dit l’auteur d’Amori et Dolori sacrum : l’important, c’est de ne pas oublier que nous sommes les prolongements, la continuité de nos morts. » Barrès a raison et, s’il lui fallait un exemple pour illustrer sa thèse, je lui proposerais Jaffrennou : Breton et Breton uniquement, fermé de parti-pris à tout ce qui n’intéresse pas son horizon ethnique, Jaffrennou est l’homme de la tradition par excellence ; il plonge par toutes ses racines dans la cendre du passé ; le meilleur de son génie lui vient des vieux montagnards qui dorment sous les cairns de son pays natal, dans ces gorges solitaires où rôde le fantôme de Publius Crassus et qui turenf les Thermopyles de la résistance armoricaine.

Cette Cornouaille de l’Est, patrie de la Tour-d’Auvergne, de l’évêque Audrein et de cet étrange Balbe ou Ar Balb, notaire et capitaine de bandes qui fomenta la terrible jacquerie du Papier-Timbré, mérite vraiment sa qualification de bro ann dud dir de « terroir des hommes d’acier »[2] : la race y est courte, sèche et nerveuse, race de brachycéphales entêtés et volontaires. N’était sa stature un peu haute, Jaffrennou en fournirait un excellent spécimen. La première fois que je le vis, avec ses dents de jeune loup dans une face presque carrée, glabre, sans une ombre de duvet, portée sur un cou rond et puissant comme un fût de colonne romane, son penn-baz à la main, les jambes serrées dans des houseaux de toile bise, la large ceinture de cotonnade retenant les braies bouffantes et débordant sur le gilet aux passementeries de soie orange, le grand chapeau à cuve et à ruban de velours sombre moulant un crâne épais, sphéroïdal, légèrement aplati aux tempes, signe de résolution et d’entêtement, je crus voir un de ces chefs de clan tels que nos paroisses bretonnes en avaient conservés jusqu’aux approches de 89, sortes de Roundheads armoricains, âmes rudes, caractères inflexibles et d’un loyalisme éprouvé, mais impatients du joug monarchique à mesure que la centralisation administrative se faisait plus tyrannique et qu’elle empiétait sur leurs franchises nationales, un de ces gentilshommes-laboureurs surnommés les Épées de fer et qu’on eut pu surnommer aussi bien les Caboches de fer, qui, dédaigneux des modes de la cour, se rendaient en sabots et en chupen aux États de Bretagne, conspiraient avec Pontcallec et Talhouet, se battaient à Saint-Cast avec le duc d’Aiguillon et passaient le reste du temps sur leurs guérets où on ne les eût point distingués des autres paysans de la province, « liés qu’ils étaient à eux, dit un historien, par les mêmes intérêts, les mêmes travaux, la même langue, le même culte et le même idéal patriotique. »

Quelques nobles aujourd’hui encore, étroitement mêlés à la vie rurale, exercent autour d’eux un magistère analogue à celui de ces anciens chefs de clan. Mais leur sphère d’influence ne dépasse pas le petit cercle de la paroisse ou du hameau, et la politique de clocher — si mesquine et si vaine — absorbe le meilleur de leur activité. Presque partout, d’ailleurs, en Bretagne, des puissances nouvelles se sont substituées aux puissances du passé : s’il est une superstition dont le Breton soit affranchi, c’est bien celle de la particule, mais, comme l’a très bien montré M. Pierre Baudin reprenant une opinion du géologue Barrois, la structure de la péninsule armoricaine en a fait une région à civilisation lente. Pour ne s’être pas pénétrés de cette vérité essentielle, pour n’avoir pas compris que le conservatisme breton, comme à l’autre bout du territoire le conservatisme lorrain, sont les freins nécessaires aux impétuosités du sang méridional et qu’ « il importe à l’avenir d’une nation que ses parties n’évoluent pas toutes avec la même rapidité », des politiques à courte vue ont compromis en un jour les résultats de trente années de patience, de sagesse et de modération. À chaque élection nouvelle, la Bretagne se donnait un peu plus à la République, mais elle entendait se donner de plein gré, librement, sans violence. Les gendarmes ont tout gâté. Ces rudes gardiens de l’ordre et de la propriété ne s’indiquaient point nécessairement pour l’emploi de bazvalaned (truchements d’amour) : l’ombrageuse pennerez s’est méfiée d’un régime qui, voulant lui témoigner de son empressement à régulariser leur union, ne trouvait pas de procédé plus galant que de l’assigner en police correctionnelle…

Ainsi tout est à recommencer en Bretagne. Les anciens partis y ont fait leur temps et ceux qui aspiraient à les remplacer n’ont pas su garder leurs positions. C’est ce qui explique que tandis qu’au spirituel le Breton, fortement encadré par ses prêtres, présente une masse homogène et compacte qu’aucune disposition législative n’a pu entamer, la même cohésion ne s’observe pas dans la vie civile où le Breton, livré à lui-même et ballotté d’une opinion à l’autre, en est encore à chercher le vent comme au premier jour.

Je crois bien que le rêve de Jaffrennou, son ambition inavouée ou dont il n’a fait la confidence qu’à quelques intimes, serait justement de l’aider à trouver cette direction. Mieux que personne il connaît sa race, qui n’est point la race féodalisée, à compartiments sociaux rigoureusement étanches et incommunicables, que se plaisent à représenter certains journalistes. En Bretagne pas plus qu’en Écosse il n’y eut jamais de démarcation bien tranchée — au moins dans les campagnes — entre l’aristocratie terrienne et le peuple qui vivait à son ombre. L’organisation communautaire y survécut à la disparition du clan ; une sorte de parenté spirituelle unissait le vassal et le chef, si bien qu’on peut dire de ce régime patriarcal ce qu’on a dit du régime écossais, qu’il n’avait rien de dégradant et qu’il ne touchait point à la dignité de la personne humaine, vu que tout y était réglé par les lois les plus strictes de la réciprocité.

Aujourd’hui encore et grâce à la persistance de l’esprit communautaire, il n’y a pas de pauvres, dans le sens ordinaire du mot, parmi les populations de la péninsule armoricaine : l’aumône n’y est pas, comme ailleurs, un acte de générosité facultatif, mais une manière de taxe ou d’impôt que les indigents prélèvent sur les riches. Cette conception toute primitive de l’assistance, qui implique une égalité parfaite entre celui qui donne et celui qui reçoit, n’est nulle part plus répandue que dans la Haute-Cornouaille où ce n’est point assez que les riches acquittent entre les mains des indigents la dîme obligatoire du premier lundi de chaque mois (V. dans le Barzaz-Taldir la pièce Evid peorien Karnoet), ils leur bâtissent encore des huttes de branchages et de torchis dans les issues de la commune, les habillent et les fournissent de draps d’étoupe tissés exprès pour eux. Mais il est bon d’observer que, longtemps défendue contre l’infiltration étrangère par l’âpreté de son sol, ses gorges angustiées, sa triple barricade de ménez granitiques, la Haute-Cornouaille a mieux conservé qu’aucune autre contrée de la Bretagne sa physionomie traditionnelle et séculaire : les petits chemins de fer économiques qui la pénètrent de part en part depuis cinq ou six ans sont de date trop récente pour avoir dérangé l’essentiel de cette physionomie, et le raccourci que nous en présente Jaffrennou dans ses vers est bien conforme à ce que les historiens et les voyageurs du passé nous avaient dit de ce pays grave, presque austère, nourri de blé noir et de seigle, aux grandes forêts mystérieuses alternant avec des landes infinies et comme écrasées de tristesse, mais où les abeilles de Bretagne pompaient un miel d’une douceur exquise et si réputé qu’on l’exportait jusqu’au fond de la Suède il y a quelques années encore.

Entre ces landes et ces forêts, sur les pentes de l’Arrhée et du Ménez-Du, dans les verdoyantes « coulées » du Blavet, du Trieux et de l’Aune, partout où le dur granit natal s’humanise, vivait une population mi-pastorale, mi-agricole, vêtue de ce souple et résistant berlinge brun spécial aux tisseries de la Cornouaille et qui s’ouvrait sur un gilet de drap bleu aux boutons de cuivre armorié. Une peau de bique sans manches, l’hiver, complétait l’ajustement. Tel est toujours — les bragou-ber et les houseaux compris — le costume des Cornouaillais de Braspartz et de Saint-Herbot : si ce costume s’est quelque peu « modernisé » dans la Cornouaille de l’Est, la nécessité y a eu plus de part que la volonté des habitants. Le Cornouaillais n’est point l’homme des concessions.

« Dans cette contrée si belle de sauvagerie, dit Jaffrennou[3], les échos de la langue française ne résonnent jamais ou presque jamais ; les traditions primitives s’y perpétuent, ainsi que les naïves superstitions d’un autre âge. Attachés à leur sol natal, ces hommes des landes, sous de rudes dehors, sont les plus doux et les plus hospitaliers des Bretons. »

Souvestre avait déjà noté le fait et rappelé ce vieux rite de l’hospitalité cornouaillaise : la boisson de bienvenue versée dans un pichet commun que le chef de maison tend à son hôte après y avoir bu le premier.

Mais c’est à sa conception du divin qu’on peut mesurer le mieux le degré d’élévation morale de ce peuple. Religieux, certes les Cornouaillais le sont autant et plus peut-être que leurs compatriotes des basses terres ; mais leur religion ne s’épanouit point au dehors ; elle est sobre de démonstrations, comme toutes les religions qui ont leur point d’appui dans la conscience. Et peut-être aussi qu’elle se souvient confusément de ses lointaines origines pramanthiennes. « Tant que le feu ne sera pas éteint à mon foyer » est une des locutions favorites de ce peuple : comment ne pas voir là une survivance du passé, du temps où le feu était pris pour symbole de la famille, où l’âtre servait d’autel et se confondait avec le dieu qu’on y honorait ?

Ce culte du foyer, qui s’associe au culte des morts dans toutes les religions primitives et qui fut peut-être fondé sur lui, comme Fustel de Coulanges incline à le croire, dut longtemps suffire aux Cornouaillais des hautes terres qui, même aujourd’hui, me dit-on, considèrent le foyer domestique comme un asile inviolable et sacré. Le père y tient la première place ; après lui, les enfants mâles et les serviteurs du même sexe ; la mère n’arrive qu’ensuite. Non point que son influence soit contestée ni contestable et que la femme, en Cornouaille, ait abdiqué ce sens aiguisé et cette entente des intérêts domestiques qui lui assurent presque partout en Bretagne la direction occulte du ménage ; mais cette influence ne se traduit par aucun signe extérieur : à table les hommes et jusqu’aux valets de charrue sont servis les premiers ; à l’église, tandis que le chœur et le transept sont réservés aux paroissiens du sexe fort, les femmes sont reléguées au bas de la nef ; en visite, la femme s’efface pour laisser passer l’homme ; en voyage, elle se tient à l’écart de l’homme et un peu en arrière ; la mort même ne rétablit pas l’égalité entre les deux sexes et l’on cite certains cantons des Montagnes-Noires où le mari ne porte pas le deuil de sa défunte…

De telles mœurs nous étonneraient chez un peuple qui poussa le culte de la femme au point d’idéaliser ses faiblesses et de proclamer la fatalité de l’amour, dans le pays de Tristan et d’Iseult, à l’orée des bois où Merlin, après treize cents ans, n’a pas encore rompu l’enchantement qui le retenait prisonnier de Viviane, si nous ne savions tout ce que cette apparente dureté de l’homme dans les ménages cornouaillais cache en réalité d’infini respect pour la mère, de tendresse silencieuse et profonde pour l’épouse. Aussi bien la même organisation de la famille se retrouve chez les crofters écossais et dans quelques îles du Solway et de la Clyde ; elle est un legs du passé comme le reste et elle suffit en tout état de cause pour montrer la distance qui sépare le Cornouaillais des hautes terres du Breton de la plaine et des côtes, plus éveillé peut-être, d’esprit plus délié, mais plus aisément perméable à l’influence étrangère. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on remarque que « le génie des populations est partout en harmonie avec le sol qui les nourrit ». Le génie cornouaillais est du même grain que le granit de son sol : même consistance ; même imperméabilité. Le milieu ici a vraiment fait l’habitant ; on peut le vérifier sur la plupart des hommes supérieurs que nous a donnés la Haute-Cornouaille, mais sur aucun, je pense, mieux que sur François Jaffrennou. Séparé de son milieu d’origine, Jaffrennou devient inexplicable. Il fallait cet air large et tonique des sommets, ces longues articulations de rocs, échine géologique de la Bretagne, ces bois secrets, ces landes mornes, ces eaux vives des vallées, tout ce terroir spécial de Carnoët-Poher, âpre seulement à la surface et qui découvre au regard de l’analyste les plus magnifiques réserves de sensibilité, pour produire le représentative man qu’est l’auteur du Barzaz Taldir, parfait exemplaire du tempérament et de l’esprit cornouaillais. Sa forte personnalité est toute faite d’éléments et de traits empruntés aux vieux montagnards de son pays : elle ne doit rien ou presque rien à la culture française. Guingamp, Saint-Brieuc, Morlaix, Rennes, où Jaffrennou s’initie à cette culture, ne peuvent entamer la cuirasse de froide indifférence qu’il s’est préalablement lacée autour du cœur : tel il descendit vers les villes de France, tel, ses diplômes conquis, son temps de service militaire achevé, il remonte vers sa Cornouaille. Perceval de la poésie bretonne, son talent est vierge comme la neige des Menez, purement, exclusivement breton. Il chante et, depuis Taliésin et Gwic’hlan, la Bretagne n’avait pas entendu pareille voix.

Gwic’hlan, Taliésin, personnalités semi-réelles, semi-fabuleuses, debout aux confins de la légende et de l’histoire, dans la brume rougeâtre de nos origines… C’est à eux pourtant que l’on songe quand on parle de Jaffrennou. Il en est de certains vocables comme de ces pièces de monnaie qui ont longtemps circulé de main en main et dont on ne distingue plus l’effigie ; leurs sens primitif s’est aboli peu à peu et quelque effort devient nécessaire pour le retrouver sous les acceptions nouvelles dont ils se sont chargés en chemin. Que le lecteur français m’excuse si je lui demande un effort de ce genre en faveur du mot barde et pour si galvaudé soit-il depuis les romantiques, prodigué à tout propos et hors de propos, parce qu’il est le seul mot en somme qui puisse embrasser dans toute sa complexité, résumer et contenir la riche et multiple personnalité de François Jaffrennou. Jafîrennou est un barde dans l’acception primitive du mot. Il est barde comme étaient bardes, à l’aube de la civilisation kymro-armoricaine, ce Taliésin et ce Gwic’hlan dont j’évoquais tout à l’heure le souvenir ; il se sent marqué comme eux de l’awenniziou, du signe mystérieux des élus ; il a conscience au même degré qu’eux de la mission sociale qu’il est appelé à remplir par le monde ; chanter ne lui est pas une simple récréation de l’esprit, mais l’exercice d’un apostolat.

Cette conception à la foi si naïve et si haute du rôle de la poésie dans la société n’était possible qu’en Bretagne et à une certaine heure de l’histoire de ce pays : Jaffrennou vient à cette heure-là pour prêter son verbe de feu aux confuses aspirations de l’âme populaire, les ordonner et les manifester « à la face du jour », comme il est dit dans les Triades. Homme de tradition, il regarde vers l’avenir. C’est peu qu’il revendique pour son pays la plupart des libertés inscrites au pacte d’union de 1532 et dont la centralisation jacobine s’ingénie à lui arracher les derniers lambeaux : il veut la langue bretonne parlée par tous les Bretons, épurée, restaurée, rétablie dans ses droits de langue majeure en possession d’une littérature, d’une morale et d’une sociologie ; il veut les mœurs uniquement réglées par la tradition, la famille fortement constituée et maîtresse de l’orientation intellectuelle de ses enfants. Nourri dans les villes, affublé de la triste livrée moderne, il n’hésite pas à reprendre l’éclatant et pittoresque costume cornouaillais, non par goût du clinquant, — il n’y a pas d’homme plus simple, — non pour se distinguer des « francisants » de Morlaix ou de Saint-Brieuc, mais pour prêcher d’exemple, pour affirmer d’une manière plus concrète l’intransigeant particularisme de sa race. Il croit aux destinées de cette race comme il croit en Dieu ; feuilletez ses livres : vous n’y trouverez pas une strophe, pas un vers qui trahisse le découragement. À d’autres de sonner le glas de la Bretagne ! Lui répète avec une énergie farouche le vieux cri national des ancêtres : Breiz da virviken ! « Bretagne à jamais ! » Refaire une Bretagne ne lui suffit pas : le mirage du celtisme universel tremble par moments devant ses yeux, donne à certaines de ses paroles je ne sais quel tour augural et sybillin. Et qui sait jusqu’où peut percer le regard de ce voyant ?…

Un fait hors de conteste, c’est que ce voyant, ce rêveur, à qui l’on ne saurait reprocher en tout état de cause que l’élargissement démesuré de son horizon ethnique, s’appuie sur le fonds le plus solide qui soit, sur un ensemble de réalités qui assure à ses spéculations les plus audacieuses une base proprement indestructible. Lui aussi, il a commencé par mettre ses pas dans les pas de ses morts. Il sait qu’un idéal ne s’improvise pas, qu’une race qui n’est plus dans le fil de la tradition est une race dont les jours sont comptés. Le natura non facit saltus de Leibnitz n’est pas seulement une loi du monde physique, et cette loi trouve son application en morale comme en politique. C’est pourquoi Jaffrennou n’entend rien répudier du patrimoine de sa race, pourquoi surtout il se refuse à amputer l’âme bretonne de cette grande paire d’ailes dont Taine parle quelque part comme « indispensable pour élever l’homme au-dessus de lui-même et l’emporter jusqu’au dévouement et au sacrifice ».

… Evidoun nez eus med daou enruad :
Harpa ma Bro e-kreiz tan an argad
Ha lakad m’esper en Nerou !…

« Il n’est que deux bonheurs à mes yeux, dit Jaffrennou : défendre ma patrie dans le feu de la bataille et mettre mon espoir dans le ciel. » Voilà les ailes demandées, le patriotisme et la foi. Permis à tous les Homais de la création d’en tirer argument pour traiter Jaffrennou de « réactionnaire » et de « clérical ». Les épithètes n’ont que la valeur de ceux qui les appliquent. Pour les libres esprits dont nous croyons être, le barde Taldir, dans son œuvre comme dans sa vie, s’est surtout souvenu de la forte parole de Renan : « L’erreur la plus commune est de croire qu’on sert sa patrie en calomniant ceux qui l’ont fondée. Tous les siècles d’une nation sont les feuillets d’un même livre ; les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé. »



  1. Cette étude a paru en préface au Barzaz Taldir (Paris, Honoré Champion, édit.)
  2. D’où le pseudonyme bardique de Jaffrennou : Taldir (Front d’Acier).
  3. Cf. La vie de famille dans les Montagnes-Noires, par François Jaffrennou (Aubert, Le livre de la Bretagne).