Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 167-174).
Chapitre XIV

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE XIV


REGAIN DE PASSION


Après le départ des étrangères, qui eut lieu vers onze heures, nous nous séparâmes jusqu’au lendemain, pour être frais et dispos pour le voyage. Cécile sur l’ordre de sa maîtresse, resta avec nous. Dès que nous sommes seuls, la comtesse ne se contenant plus, saute au cou de la blondinette, et la dévore de caresses enflammées, comme je ne lui en avais jamais vu donner au début de sa passion. Toute habillée, elle se jette à genoux, se glisse sous les jupes de la mignonne, et disparaît dans l’ombre. Je contemple la scène, suivant sur la figure de la mignonnette les impressions qui la pénètrent. Un sourire de douce béatitude entr’ouvre ses petites lèvres de carmin, taillées dans une cerise mûre, laissant admirer une rangée étincelante de perles serrées et crochetées, les quenottes se décrochètent, laissant sortir une petite langue rose qu’elle se passe sur les lèvres, comme pour y pourlécher une gourmandise ; sa gorge se soulève, repoussant violemment son corsage, son petit nez bat l’air de ses ailes roses, sa toute petite oreille a des frémissements. Je n’y tiens plus, je plante mes lèvres sur la cerise de sa bouche, j’y prends sa petite langue que je tire, comme pour l’arracher et je sens battre précipitamment contre mon sein sa gorge palpitante gonflée par la volupté, pleine, replète ; elle s’affaisse et elle tomberait si je ne la retenais pas sur mes lèvres et dans mes bras, elle palpite longtemps encore, plongée dans un ravissement qui n’en finit pas.

Quand la comtesse reparut, rouge, essoufflée. haletante, ses yeux respiraient le contentement d’une façon si éloquente, qu’en comparant les deux visages, ont eût juré que c’était elle qui venait de payer son tribut à l’amour. Mais déjà les deux énamourées s’embrassaient bouche à bouche, tendrement, se serrant à s’étouffer, prêtes à se pâmer par la seule puissance magique de ce suave baiser de colombes. Ce baiser dura une, deux, trois minutes, je ne sais, mais ce que je sais, c’est que tout à coup, je les vis s’affaisser, les genoux ployés, et s’agenouiller sur le tapis, les lèvres toujours unies dans cet ineffable baiser. Deux minutes après, quand en nous mettant au lit, j’embrassai les deux mignonnes au centre des délices, toutes deux étaient mouillées, et les frisons noirs, qui ombragent les bords de la grotte de la comtesse, étaient constellés de perles blanches.

Elles ne furent pas longues à être reprises de désirs amoureux, qui se renouvelèrent souvent dans la nuit et qu’elles mettaient aussitôt en action ; quoi que je pusse faire pour être de la partie, je n’eus, cette nui-là, que les reliefs du festin, reliefs qui en valaient certes la peine, car c’était dans le superbe arrière-train que festinait maître Jacques, pendant les duels à coups de langues que les mignonnes se livraient dans toutes les positions imaginables et inimaginables ; le sanctuaire de l’amour fut obstinément formé pour moi cette nuit. Mercédès, après plusieurs assauts qu’elles s’étaient livrés sans mon concours, me dit : « Vous voyez, mon cher Hercule, que je garde égoïstement pour moi ce trésor de petite grotte ; je veux m’en fourrer jusque-là, cette nuit ; il faut donc, pour aujourd’hui, vous contenter du voisin, que vous aimez, je crois, à visiter. N’allez pas croire que je sois jalouse de vous ; non, vous le savez bien ; mais je le serais devenue de nos belles amies, et il est temps que nous repartions pour dérober ce trésor de petit conin à ces gourmandes. D’ailleurs, dès demain, sans doute, je vous rouvrirai la porte de ce paradis que je partagerai avec vous ; mais pour cette nuit, je le veux tout à moi, à moi seule. »

À ces mots, elle se précipite sur la grotte de Cécile, qui, agenouillée au milieu du lit, écoutait avec ravissement le doux chant d’amour de la comtesse. Celle-ci, allongée sur le ventre, se tient accoudée pour avoir la bouche sur la fente. Au moment de commencer, elle se retourne et me crie, en me montrant le gaillard d’arrière de la mignonne : « À vous l’autre, donc ! » Je tourne la position, et je viens m’agenouiller devant la belle mappemonde, faite de roses et de lys ; la comtesse attire la blondinette en avant, l’oblige à se tenir penchée, pour me permettre d’accoster le réduit ; mais le petit trou résiste, comme s’il était puceau, et je fais d’inutiles efforts pour le forcer. La comtesse vient à mon secours, et tirant sur les bords qu’elle tient écartés, elle m’ouvre une petite issue que mon dard pénètre assez facilement, puis elle vient reprendre sa place devant le trésor qu’elle se réserve, et tout entière à sa charmante besogne, elle la conduit si habilement et avec tant d’ardeur passionnée, y dépensant toutes les ressources de son talent de Lesbienne, que la mignonne, qui va à Cythère pour la cinquième fois, m’y devance encore, obligeant maître Jacques à décharger immobile, étranglé dans sa gaîne crispée.

Quand je quitte la place, la comtesse, l’embouchure toujours sur les lèvres, continue sa douce manœuvre. Cécile jouit toujours, ses dents s’entrechoquent, ses seins palpitent, ses lèvres tremblent. La comtesse quitte enfin l’embouchure, se redresse, s’agenouille devant la blondinette toujours pâmée ; elle l’attire sur son sein, lui plante ses lèvres sur la bouche, et la serre pendant une minute, la tenant écrasée contre son corps. Puis, sa main droite descend vers le fourré, deux doigts s’insinuent dans l’asile, et la comtesse y recommence, par un autre procédé, la béatification de la bien-aimée. Elle quitte un moment les lèvres qu’elle pigeonne et la tête rejetée en arrière, elle plonge ses grands yeux noirs pleins d’éclairs, dans les beaux yeux bleus noyés de langueur de la blondinette, pour y lire le succès croissant de sa manœuvre sur le clitoris, qu’elle branle furieusement ; puis replongeant sur la bouche de sa mignonne, elle applique ses lèvres sensuelles sur les lèvres purpurines, qui bâillent entrouvertes, les suçant jusqu’au sang, pendant que les yeux dans les yeux, elle agite furieusement ses deux doigts dans l’antre de la volupté. Bientôt, la blonde mignonnette est secouée de spasmes, qui agitent tout son corps, elle palpite un moment et tombe évanouie sur le sein de sa folle maîtresse.

La comtesse enragée de rut comble de caresses la mignonne qui reprend ses sens, mais qui est incapable de lui rendre les soins qu’elle en reçoit. Elle retourne la blondine, l’étend sur le ventre, lui met une pile de coussins sous la motte, de façon à élever sa croupe ; puis s’étendant sur la mignonne, la toison sur les fesses, les cuisses élargies, elle se met à se frotter sur les chairs rebondies de ces grosses fesses. Dès que je vois la belle mappemonde écartée, la raie large montrant au bas le petit trou rond qui me tente et qui m’est permis, je me précipite sur l’objet de ma convoitise et j’essaie de forcer l’humble réduit. Mercédès, qui est enchantée de me recevoir là, m’aide à m’y glisser, toujours assez difficilement. Quand je suis logé, j’enlève dans mes bras le corps de l’empalée, le détachant de celui de Cécile, pour retomber violemment, l’enlevant et retombant de nouveau, en donnant de vigoureux coups de reins. Chaque effort que je fais pour enfoncer la quille, repousse rudement la croupe que je fouille, et les cuisses de Mercédès viennent claquer sur les fesses de Cécile, communiquant la secousse au clitoris de l’enclouée, qui, à chaque voyage, est agréablement remuée. Bientôt, sentant que le canal se rétrécit, je dépose la comtesse sur le corps de Cécile, et fouillant la gaîne doucement, je sors et je rentre, laissant en place la croupe que je repousse des deux mains, et enfin, enfoncé jusqu’à la garde dans l’étui, j’y décharge, immobile, laissant la comtesse se frotter à son gré sur le cul qu’elle inonde d’une abondante rosée.

Le lendemain, nous regagnions Paris dans un sleeping-car, loué à notre intention.