Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 101-111).
Chapitre VIII

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
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CHAPITRE VIII


SCÈNES D’ENTR’ACTE


Le spectacle terminé, nous regagnons la chambre à coucher, où les bayadères nous rejoignent bientôt en habits de ville, conduites par Miss Pirouett, qui nous présente leur requête. Après s’être données en spectacle dans les scènes variées qu’elles viennent de jouer, elle ne seraient pas fâchées de se reposer un moment de leurs fatigues, en assistant à leur tour en simples spectatrices à quelque petite réjouissance. Dames et soubrettes, émoustillées par le croustillant spectacle auquel elles viennent d’assister, sont dans d’excellentes dispositions, et votre serviteur lui-même est très bien disposé.

L’infatigable Miss Pirouett distribue les rôles à toute la bande pour le divertissement dont elle règle la marche. Les quatre soubrettes, les trois parisiennes, les deux Sévillanes et la comtesse retirent leur pantalon, pour ne pas être gênées dans les exercices. Je retire également le mien et je m’installe sur une chaise, la queue en l’air. Miss Pirouett se tient auprès de moi ; au signal qu’elle donne, les dix beautés prennent leurs jupes à pleines mains, et les relèvent ainsi que la chemise, bien haut, sur les reins, découvrant le corps jusqu’à la ceinture par devant et par derrière ; et, partant de devant la chaise que j’occupe, elles font au pas le tour de la chambre à la file, montrant quand elles marchent en avant les deux hémisphères qui se déhanchent dans de plaisantes contorsions, puis le devant qui se dandine, quand elles reviennent. La première, qui est la comtesse, m’enjambe, se met à califourchon sur mes cuisses, retenant toujours ses vêtements dans ses mains ; Miss Pirouett entr’ouvre les bords de la grotte du bout des doigts, je tiens ma quille droite dans une main, de l’autre, je dirige la pointe vers l’orifice ; la comtesse s’assied dessus, et le membre s’enfonce jusqu’à la garde dans la gaîne brûlante. La cavalière se soulève sur la pointe des pieds, remonte et redescend par trois fois, pendant que la bande toujours troussée, continue sa promenade en rond. Quand la tête de la colonne revient auprès de nous, Miss Pirouett détache des claques sur les fesses de la comtesse, lui indiquant ainsi que le moment est venu de vider les arçons, ce qu’elle fait sans insister, pour prendre la queue de la colonne. La princesse Sophie prend sa place sur mes genoux, et, toujours avec l’aide de Miss Pirouett, elle enfourche sa monture, chevauche par trois fois, et reçoit les claques qui doivent terminer la leçon d’équitation. Après la princesse, c’est Agnès de P…, qui vient s’encheviller ; puis, c’est chacune des aimables écuyères qui viennent chevaucher à leur tour ; et quand la dernière vide les étriers, après les deux claques formidables dont l’a gratifiée Miss Pirouett, et que la comtesse se dispose à se remettre en selle, pour achever la manœuvre, la directrice des jeux, sans prendre la précaution de retirer sa culotte, bondit sur mes genoux, et tant bien que mal, s’embroche sur ma quille, chevauchant à la diable, se tordant comme une couleuvre, et arrivant en même temps que moi à Cythère en trois temps de trot, bien qu’elle soit partie en retard, et malgré l’avalanche de gifles que la comtesse lui distribue avec l’aide de la princesse qui a déchiré le pantalon pour la fesser plus à l’aise.

Tout ceci n’a fait que redoubler la rage d’amour qui brûle nos énamourées. Les bayadères se précipitent sur les grottes entrebâillées par le désir, et, agenouillées devant les beautés qui sont toujours troussées jusqu’au nombril, elles viennent essayer d’éteindre l’incendie qui dévore les régions Cythéréennes. Miss Pirouett gamahuche follement la princesse, j’offre ma langue à la comtesse, bien que ce soit un autre objet qui lui tire les yeux en ce moment ; elle le prend dans la main cet objet, mais il offre si peu de consistance, qu’elle se contente, faute de mieux, du pis aller que je lui offre, pis aller qu’elle préfère d’ordinaire ; mais sait-on jamais à quoi s’en tenir sur les caprices des femmes en général, et des tribades en particulier ? Je me conduis brillamment dans l’aimable asile, y dépensant tout mon talent, toute la dextérité de ma langue agile qui eut tôt fait de tirer des larmes au clitoris ravi de plaisir. Autour de nous, les besognées jouissaient en chœur ; et toutes insistaient pour qu’on recommençât sur-le-champ une besogne aussi bien, mais trop vite menée.

Maître Jacques a repris sa superbe prestance, Mercédès, à cette vue soudainement reprise de son appétit de mâle, m’entraîne vers le lit de repos. Elle monte sur la couchette, s’agenouille, et me montre qu’elle veut que je la prenne en levrette. Je grimpe sur le lit, je me glisse entre les cuisses écartées, je la pénètre vivement, et, quand je vais jouer des reins pour mener l’affaire à bien, la princesse, nous voyant unis, repousse Miss Pirouett qui recommençait son aimable manège, s’élance sur le lit s’installe sous la comtesse, la tête vers le pied du lit, de façon à gamahucher Mercédès, tout en lui offrant sa grotte pour qu’elle lui rende la pareille. La comtesse s’étend doucement sur son amie, je la suis dans son mouvement, sans sortir de l’étui qui emprisonne mon membre. Dès que Sophie a la grotte sur ses lèvres, je sens sa petite langue douce et chaude, qui s’insinue dans le réduit que j’occupe, entre le boutonnet d’amour et ma verge, dans un tout petit coin, si étroit, qu’il semble qu’il n’y aurait pas de place pour une épingle, car mon membre qui remplit exactement l’orifice, touche les bords tout autour. Mais la petite langue se fait si pointue, et le velours en est si doux, si moelleux, qu’elle se glisse dans l’imperceptible solution de continuité, où elle se démène rapide et légère, comme si elle était logée au large.

Miss Pirouett a vite pris son parti. Dès qu’elle nous voit installés, elle s’élance sur le lit, saute à cheval sur ma croupe, et, étreignant mes fesses entre ses cuisses, elle se met à bondir furieusement sur mon derrière, m’obligeant à la suivre dans ses bonds désordonnés. La verge et la langue, réunies dans le chaud repaire, pour la même affaire, ont tôt fait de l’émouvoir, et le vagin se tord depuis longtemps quand je le pénètre de mes brûlantes faveurs, en même temps que mon écuyère pisse de plaisir sur mes fesses, et que la princesse se pâme sous la comtesse, qui lui rend ses bienfaits avec usure. Les groupes, disséminés dans la chambre, ont laissé retomber leurs vêtements, et se tordent dans les plus plaisantes contorsions, les unes, le buste cambré, rejeté en arrière la gorge en arrêt, les yeux au ciel, les autres penchées en avant, inclinées vers la terre et toutes pressant fortement des deux mains la nuque des ouvrières de leur bonheur, ensevelies sous leurs jupes.

Après un repos de quelques instants, tout le monde se déshabille. Les ballerines qui n’ont eu qu’un rôle passif dans les derniers divertissements, grillent d’avoir un rôle actif. Les quatre soubrettes s’arment chacune d’un godmiché garni, et viennent s’asseoir sur quatre chaises disposées en carré d’un mètre de côté, chacune dans un angle, tournée vers l’intérieur. Quatre des bayadères viennent s’installer à califourchon sur les cuisses des soubrettes, et s’enferrent jusqu’à la garde ; les quatre autres qui sont les plus jeunes, viennent chacune auprès d’un groupe. Mercédès et Sophie s’emparent de l’une d’elles, la prennent par les cuisses, l’enlèvent, la mettant entre les deux poitrines de Lola et de la cavalière, la soutenant tandis qu’elle repose ses pieds sur les bords de la chaise qu’occupe la soubrette et qu’elle s’appuie de ses deux mains sur les épaules des porteuses, de façon à ce que Lola ait la fente de la mignonne sur les lèvres, et que la cavalière puisse la larder entre les fesses Blanche et Agnès soulèvent l’autre de la même façon, l’intercalent entre les deux figures de l’écuyère et de la monture, et la soutiennent par les cuisses, les pieds reposant sur les bords de la chaise. Conchita et Dolorès enlèvent et soutiennent de même la troisième ; Miss Pirouett et moi, nous avons enlevé la quatrième comme une plume ; nous la plaçons entre les deux aimables langues qui doivent fêter le double foyer de l’amour ; et, comme la mignonne est plus petite que ses compagnes, nous la maintenons en l’air, à bout de bras, un pied dans une main, l’autre main soutenant la cuisse.

Les écuyères chevauchent en cadence sur la pointe des pieds, tandis que monture et écuyère fêtent ensemble l’aimable entre-deux qui s’offre à leurs caresses, avec une ardeur sans seconde, sous nos yeux charmés. Tout en soutenant le léger fardeau, nous admirons l’agilité de ces petites langues pointues, fouettant ici le clitoris d’un rapide mouvement, lardant à côté l’humble joyau, tandis que monture et écuyère ne pouvant maîtriser leur ardeur, accélèrent la cadence ; nous sentons palpiter l’aimable fardeau que nous soutenons, secoué de vibrations spasmodiques, tandis que les deux habiles dispensatrices de son plaisir, goûtent elles aussi une félicité céleste, quoique muette, leurs lèvres fermées sur deux aimables pertuis, où leur langue est agréablement occupée retenant leurs soupirs, pendant qu’en revanche, les quatre gamahuchées éclatent en gémissements amoureux.

La nuit étant un peu avancée, les bayadères, après les plus tendres adieux, regagnent les voitures que la comtesse a mises à leur disposition, et qui les attendent en bas. Nous nous séparons aussi, les voyageuses ont besoin de repos, et je restai seul avec la comtesse, quand Lola se présentant dans la chambre, vint dire quelques mots à l’oreille de sa maîtresse. « Qu’elle entre », dit celle-ci en riant.

Aussitôt s’élance dans la chambre, comme une bombe, Miss Pirouett, qui saute au cou de Mercédès, la mange de baisers, la quitte, saute sur les mains, fait le tour de la chambre les jambes en l’air, s’embarrasse dans ses vêtements retournés, et s’étale de tout son long. Mercédès, toujours compatissante, craignant que la pauvrette ne se soit blessée dans sa chute, se précipite à son secours. Miss Pirouett, voyant venir la comtesse, sourit, se retourne sur le dos, relève la chemise, écarte la fente du pantalon, et montrant les lèvres roses de son four entrebâillé : « C’est ici, dit-elle, qu’est la blessure, et qu’il faut mettre un baume. » La comtesse s’étend devant la ballerine mal à l’aise dans cette position, mais disposée à aller jusqu’au bout, ce qu’elle fit d’ailleurs en quelques baisers bien appliqués, car la mignonne se trémoussait au second, et déchargeait au dixième.

Il fût entendu qu’on la garderait cette nuit. Lola s’en allait à regret, les yeux chargés d’électricité amoureuse. Sur un geste de sa maîtresse, elle resta un moment avec nous.



Lèvres de Velours, vignette fin de chapitre
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