Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 77-100).
Chapitre VII

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE VII


TABLEAUX VIVANTS


La comtesse avait fait établir dans le grand salon, pendant nos deux journées de solitude, sur une estrade, élevée de cinquante centimètres, une plaque tournante de trois mètres de diamètre, adhérente à une colonne, qu’on mettait en mouvement en poussant un ressort, et qui pivotait lentement, emportant le parquet, faisant le tour dans une minute. On pouvait au moyen d’un cran, où l’on mettait le ressort, monter la machine pour un ou plusieurs tours. Un rideau qui montait et descendait à volonté, au moyen d’un ressort, comme au théâtre, devait masquer la scène, pendant les préparatifs des tableaux vivants qu’on devait représenter sur l’estrade, et remonter dès que l’installation serait faite. Le travail achevé, on avait mandé les bayadères qui avaient figuré dans le ballet des almées, et qui vinrent sous la direction de Miss Pirouett, faire une répétition des tableaux qu’elles devaient nous offrir.

La répétition finie, les ballerines venaient de partir, quand le timbre résonna, violemment agité. La comtesse surprise de cette brusque annonce d’une visite inattendue, envoya Lola s’informer. Lola ne revint pas seule. Trois dames en tenue de voyage, le visage couvert d’un voile épais, qui nous dérobait leurs traits, entrèrent à sa suite. Nous nous regardions intrigués, pendant les révérences cérémonieuses des nouvelles venues, tandis que Lola, au courant sans doute, riait de tout son cœur. Enfin les inconnues se décidant à lever leurs voiles, toutes en même temps, nous arrachèrent un cri de joyeuse surprise en nous montrant les figures souriantes de nos trois charmantes amies de Paris, qui, lasses de languir loin de nous dans la capitale de la France, venaient tout simplement nous retrouver dans celle de l’Andalousie. On se saute au cou, on se mange de baisers, on s’accable de questions, qui s’entre-croisent sans réponses. Les mignonnes qui ont trouvé long le carême, pendant lequel elles viennent de jeûner, manifestent par leurs mines gourmandes la fringale qu’elles ont de caresses.

Mercédès veut qu’elles étrennent le tourniquet. On fait monter les trois voyageuses sur l’estrade ; chacune s’adosse à la colonne, relève ses jupes par devant, les laissant pendre par derrière ; Blanche de R. nous faisant face, Agnès de P. à sa gauche, la princesse Sophie de K… à sa droite ; toutes trois se donnent le bras et entourent le pilier. Lola s’agenouille devant Blanche, écarte le pantalon, enfouit sa tête dans la motte, et vient fourrager sous le verger de Cypris : Lison devant Agnès, et Mina devant Sophie, prennent les mêmes dispositions. La Comtesse, Cécile et moi, nous restons dans le salon en simples spectateurs. Dès que l’installation est achevée, la comtesse va dans la coulisse pousser le ressort, qui met la machine, en mouvement et revient prendre sa place devant le tableau tournant. On voit Lola en face, qui gamahuche Blanche, la tête renversée en arrière, puis de profil, puis en travers, laissant voir sa bouche fixée sur la grotte d’amour, collée sur les lèvres de la fente, qui disparaissent dans les siennes. Puis, c’est Mina qui montre son profil gauche, enfoui dans la toison de la princesse ; elle vient lentement, nous tourne le dos, nous présente la nuque, disparaît pour laisser voir son profil droit ; elle fait place à Lison qui fête le conin d’Agnès du bout pointu de sa langue rose, se montre de dos, puis de côté, et nous voyons enfin revenir Lola et sa gamahuchée, dont les traits expriment une douce béatitude. Lola semble accélérer la manœuvre, on voit le mouvement rapide de sa langue ; bientôt elle nous tourne le dos, les autres passent, et quand la machine va s’arrêter, après le deuxième tour, les trois amies, secouées de spasmes, lâchent leurs jupes, couvrant les aimables ouvrières, qui achèvent dans l’ombre leur mystérieuse besogne, pendant que le trio, divinement fêté, exhale des soupirs enchantés, que la comtesse, Cécile et moi, bondissant vers le groupe pâmé, nous venons boire sur leurs lèvres.

Les charmantes voyageuses nous expliquent ensuite, comment, ne pouvant vivre plus longtemps loin de nous, elles avaient dû imaginer mille ruses, pour obtenir de leurs seigneurs et maîtres l’autorisation de faire un petit voyage. Quant à la princesse, libre de ses actes, elle n’avait à prendre l’avis de personne, et elle n’avait eu qu’à vouloir. La comtesse les mit au courant de ce qui les attendait le soir. On distribua ensuite les voyageuses dans les divers appartements de l’hôtel.

À huit heures, les bayadères arrivent sous la conduite de Miss Pirouett, qui malgré la présence de trois étrangères, fait son entrée habituelle sur les mains, fort goûtée des nouvelles venues, qu’on ne peut empêcher de se précipiter sur les charmes à demi découverts, et se doutant qu’on ne les exhibe que pour celà, de leur souhaiter une aimable bien venue. La présentation se fit ainsi dans toutes les règles inconnues, et Miss Pirouett connurent leurs noms réciproques quand elles avaient déjà poussé fort loin leur intimité

À neuf heures ce fut le tour des nobles Andalouses. Ici le cérémonial changea, mais, de même qu’avec Miss Pirouett, la connaissance fut vite faite, et l’on fut tout de suite de bonnes amies

Celle-ci nous quitte et passe derrière le rideau, pour aller présider, dans les coulisses, aux préparatifs des tableaux vivants. Bientôt la sonnette s’agita, et après les trois coups réglementaires, comme au théâtre, le rideau se leva sur le premier tableau vivant annoncé à haute voix par un régisseur féminin.




1er TABLEAU.

JUPITER ET LÉDA (Mythologie)

Jupiter déguisé en cygne, s’avance vers Léda, toute nue, adossée à une pile de coussins. Le déguisement de Jupiter, représenté par Miss Pirouett, consiste uniquement en deux grandes ailes blanches, qui s’agitent, pendant que le cygne s’avance vers la belle mortelle, la verge au vent (la verge est un gros godmiché rempli de lait chaud, car nos tableaux doivent être vivants). Le dieu du tonnerre, tandis que la machine tourne, s’agenouille devant la merveilleuse beauté, et essaie de la pénétrer de son instrument. Léda semble s’y prêter, car elle serre tendrement l’oiseau dans ses bras, et quand le parquet a fait un demi tour, le cygne est maître de la position, ce que l’on devine aux violents coups de reins qu’il donne, en agitant ses ailes déployées. Bientôt les mouvements deviennent plus rares, plus lents, plus mesurés ; Léda lève ses beaux yeux langoureux vers son vainqueur, avec un air de pâmoison céleste. Quand nous le voyons de profil, le cygne a le bec cloué sur les lèvres de la belle, qu’il pigeonne en oiseau épris. Quand ils reviennent sous nos yeux pour la seconde fois, le maître de l’Olympe, étendu sur la belle mortelle, cesse ses mouvements, et reste pâmé sur le corps délicieusement remué de l’épouse de Tyndare, qui est ravie au septième ciel.

Le rideau se baisse lentement, nous laissant admirer pendant sa chute, ces deux beaux corps tordus par la volupté.




2e TABLEAU

L’ANNEAU DE HANS CARVEL. (Rabelais, et Lafontaine.)

Hans Carvel, représenté par une ballerine, armée d’une toute petite verge postiche, est couché dans un grand lit, et dort auprès de la jeune, belle, frisque, galante, avenante, gracieuse Babeau, sa gente épouse, rêvant qu’elle se fait labourer les fesses ailleurs. Les couvertures rejetées laissent voir les corps nus des deux époux. Le diable s’avance, le front orné d’une paire de cornes formidables, armé d’une autre non moins formidable qui se balance au bas de la superbe toison noire d’une ballerine, qui

joue le rôle de Satan, un diable bien engageant ma foi, et par lequel on se laisserait joliment tenter. Dès qu’il est auprès du couple, il étend le bras, et semble indiquer à Hans Carvel le conseil que l’on sait, pour que celui-ci ne soit pas cocu à son insu. Carvel allonge le bras machinalement, porte la main entre les cuisses de son épouse, qui les écarte, croyant, dans son rêve, que son amant vient la pénétrer. Carvel, qui croit se mettre au doigt l’anneau que lui donne le diable, l’enfonce et pousse vivement pendant que Satan se tord de rire, faisant sauter sur sa poitrine une paire de gros mamelons qui ne rappellent que de fort loin ceux de l’homme.

Quand le groupe repasse, le mari, qui a toujours le doigt où vous savez, comme dit le bonhomme Lafontaine, l’y remue avec dextérité. Babeau, toujours endormie, tortille des fesses, répondant à l’attaque de l’assaillant. Celui-ci croyant qu’on lui veut dérober l’anneau, enfonce le doigt jusqu’au fond, et quand le tableau revient pour la seconde fois, Babeau se trémousse et se réveille toute mouillée ; quand elle voit le cas de son mari, qui regarde ébahi la bague qu’il a au doigt, elle lui dit en se moquant, tandis que le diable fait des cornes au cocu :

Oui, nenny, ce n’est pas ce qu’il faut y mettre.




3e TABLEAU

VULCAIN PREND MARS ET VÉNUS DANS SON FILET
DEVANT L’OLYMPE ASSEMBLÉ
. (Mythologie.)


Au lever du rideau, Miss Pirouett, en Mars, portant pour tout attribut de la guerre une arme formidable, qui se balance entre ses cuisses, s’avance vers la blonde bayadère, qui représente la déesse de la beauté, et qui l’attend, un sourire divin sur les lèvres, et dans les yeux, dans une pose du plus provocant abandon, Mars se jette sur Vénus, et, en bouillant guerrier, sans s’amuser aux bagatelles de la porte, il enfonce, d’un seul coup de reins, son trait enflammé dans les profondeurs de la gaîne, et dès qu’il est maître de la place, il s’y comporte en vaillant soldat, secouant la blonde déesse, comme une simple mortelle ; jouant des reins en dieu, et en dieu des combats qu’il est.

Quand la plaque tournante ramène le couple amoureux, l’action est aux trois quarts consommée. Vulcain, le mari trompé, qui sort de la coulisse, s’avance sournoisement, d’un pied boiteux, le filet tendu, comme un pêcheur qui va jeter l’épervier ; et quand il est sûr de son coup il lance son filet aux mailles serrées, qui se déploie dans l’espace, comme les grandes ailes d’un oiseau géant. Le filet tournoie un moment, puis s’abat brusquement, emprisonnant le couple enlacé, un peu surpris par cette brusque attaque ; mais ils sont vraiment trop près de Cythère, pour s’arrêter en chemin, ils poursuivent imperturbablement leur aimable carrière, achevant leur tendre besogne, sous les yeux du cocu ahuri, et de l’Olympe, qui se tord dans la coulisse, à la vue du spectacle exhilarant.




4e TABLEAU

CUNÉGONDE VIOLÉE PAR LES BULGARES
(Épisode de Candide, Voltaire)

La toile se lève sur Cunégonde, fille de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, âgée de dix-sept ans, haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante, qui se débat au milieu de huit Bulgares. L’un d’eux est sur elle, tandis que deux de ses compagnons la tiennent par les jambes et par les cuisses, annihilant tous les efforts qu’elle fait pour se défendre, et la viole tranquillement, pendant que la victime hurle comme une écorchée. On la voit de profil maintenant, la figure contractée par la souffrance, et, à en juger par l’appendice formidable qui pend au bas du ventre de chaque Bulgare, on a dû choisir pour le rôle de la violée, la plus ouverte des ballerines, ce qui n’empêche pas Cunégonde de pousser des hurlements lamentables.

Quand le tableau revient, le Bulgare qui a fini son affaire, quitte la place, la cédant à un de ses compagnons qui se jette sur Cunégonde comme une bête fauve et la pénètre en un clin d’œil, pendant qu’un autre le remplace aux cuisses, pour maintenir la victime, qui a cessé de hurler pour gémir, tendrement rassurée, sans doute, par l’issue heureuse du premier assaut ; le second s’achève aussi heureusement pour elle et pour le jouteur qu’un troisième remplace aussitôt, car la machine remontée jusqu’au dernier cran, ne cesse pas de tourner. Mais la troisième, qui est Miss Pirouett, a retourné la patiente, et s’escrime dans le derrière où il parvient, après quelques rudes coups de cul ; à enfoncer sa grosse machine, non sans douleur pour la victime, qui recommence à pousser des cris à fendre l’âme, ce qui ne fait qu’exciter la fureur du pourfendeur, qui se démène comme un beau diable dans la lice, et, quand il abandonne le champ de bataille, après l’avoir labouré sans merci, il y laisse l’engin planté jusqu’à la garde, nous montrant, quand il se relève dépouillé de sa verge factice, les lèvres vermeilles qui coupent ses cuisses d’une fente propre à son sexe.

Toutes les bayadères viennent l’une après l’autre, armées de verges, tenir le rôle d’un Bulgare ; et quand la toile tombe, Cunégonde, qui a subi huit assauts, dont sept dans le ventre et un dans le cul, reste inanimée sous le dernier combattant.




5e TABLEAU

AVENTURE DU PÈRE GIRARD ET DE Mlle LA CADIÈRE
(Thérèse philosophe, et Voltaire, la Pucelle.)


Mlle La Cadière, agenouillée devant un prie-Dieu, la tête sur la marche, relève ses jupes au-dessus des reins sur l’ordre du père Girard, son confesseur, représenté par Miss Pirouett, revêtue pour la circonstance d’une longue robe de moine. À l’entrée de la coulisse, invisible pour les acteurs de la pièce, mais visible pour les spectateurs, Thérèse philosophe assiste à la scène, vivement intéressée. Quand la Cadière à découvert son beau postérieur, le père s’avance la main levée, brandissant une longue verge, dont il menace les fesses de sa pénitente ; la verge retombe rudement sur les globes, avec un bruit de chairs froissées pendant tout le tour que fait la plaque. Quand le groupe est revenu en face de nous, les fesses de la patiente sont toutes rouges, et comme elle les tient très élevées et écartées, elle laisse voir au-dessous, dans un fouillis de frisons noirs, les lèvres entrebaillées de son mignon d’amour.

Le père Girard jette sa verge, relève sa robe, et prend dans sa main le fameux cordon de Saint-François, qui doit purifier la naïve pénitente. Il s’agenouille devant la croupe qu’il vient de fustiger sévèrement et, s’aidant des deux mains, il pénètre peu à peu dans l’enfer, où il va renfoncer toutes les fautes de la pécheresse. Nous le voyons d’abord manœuvrer de profil, puis, à peine quand il est derrière la colonne ; puis quand il repasse, il va et vient dans l’asile, lentement, doucement ; la machine tourne toujours. Thérèse, qui n’a pas perdu un coup d’œil de cette scène lubrique, a glissé sa main sous sa jupe, nous laissant voir un bas de soie, un coin de cuisse nue, et à l’agitation de son bras, on devine avec quelle activité son doigt se démène dans le sanctuaire de l’amour. Le groupe revient, et quand la machine est près de s’arrêter, le confesseur assaille furieusement la mappemonde, nous entendons le claquement des chairs nues contre les chairs nues, et les soupirs étouffés de la pénitente qui est plongée dans une extase divine. Enfin, la plaque s’arrête, la toile descend sur le confesseur et la pénitente pâmés, tandis que Thérèse disparaît rouge du plaisir qu’elle s’est procurée avec le doigt.




6e TABLEAU

LUCRÈCE VIOLÉE PAR TARQUIN
(Histoire romaine)

Lucrèce, représentée par la plus jeune des bayadères, dort sur un lit à la romaine, toute nue. Tarquin s’avance sous les traits de Miss Pirouett, armé d’un membre formidable. Il s’agenouille devant la chaste romaine, qui dort les jambes écartées, se faufile subrepticement entre les cuisses, approchant tout doucement la pointe de son arme de la plaie qu’il veut forcer, et quand il est juste devant l’orifice, qu’on découvre entrebâillé au bas d’un fouillis de poils frisés, d’une main, il dirige la verge, de l’autre il élargit l’entrée, donne un vigoureux coup de cul, et rentre jusqu’au fond, tandis qu’il prend entre ses bras le corps de la victime l’écrasant sous son poids et la maintenant immobile.

La Romaine qui se réveille à ce brusque assaut, se sentant forcée, se défend énergiquement, se tordant sous son bourreau, et cherchant à s’en débarrasser ; mais celui-ci la maintient étroitement comprimée sous son corps, pendant qu’il joue furieusement des reins. Quand le tableau revient, les deux corps bondissent ensemble et retombent avec fracas ; les fesses de l’assaillant sont tellement serrées que les deux globes semblent n’en faire qu’un, troué à droite et à gauche d’une grande fossette. Lucrèce, toujours se défendant, pousse des cris désespérés, tentant toujours en vain de désarçonner l’assaillant. Ses veines se gonflent, ses muscles se tendent, mai elle s’est épuisée en stériles efforts, et quand le groupe revient sous nos yeux, Tarquin achève le plus tranquillement du monde sa besogne sur un corps inanimé.




7e TABLEAU

LA DISCIPLINE À L’ÉCOLE
(Mœurs anglaises.)

Miss Pirouett, en institutrice anglaise, des lunettes bleues sur le nez, entourée de deux sous-maîtresses et de deux jeune écolières, l’une en robe courte, la seconde en robe longue, figurées par les plus jeunes coryphées, qui vont recevoir, l’une, une correction manuelle, l’autre la verge. On étend la première en travers des genoux de Miss Pirouett, qui tient le haut du corps sous son bras gauche, pendant qu’une des sous-maîtresses relève les jupes de la patiente, retire la chemise du pantalon, la retrousse sur les reins, puis vient défaire le pantalon, et le rabat jusqu’aux talons, laissant le derrière de l’écolière bien à découvert pour recevoir le fouet.

La machine se met en mouvement ; la maîtresse lève la main, et la laisse retomber rudement, cinglant les fesses avec lenteur, comptant tout haut, un, deux, trois, les claques qu’elle accentue au fur et à mesure de la distribution. À la sixième gifle, la fustigée laisse échapper une plainte, à la septième elle crie, à la huitième, elle hurle, ne cessant de hurler lamentablement jusqu’à la fin de la seconde douzaine en criant : « Grâce ! », et en gigottant d’une façon désespérée. Quand la maîtresse cesse la fessée, ses doigts restent marqués en empreintes rouges sur toute la surface.

La plaque s’arrête après deux tours. Les sous-maîtresses se sont emparées de la seconde écolière, qu’elles dépouillent de tous ses vêtements, malgré son énergique résistance, ne lui laissant que la chemise, qu’on épingle aux épaules, et le pantalon qu’on lui retire bientôt, la laissant toute nue de la nuque aux genoux, car la mignonne reste chaussée de jolis bas roses et de petits souliers pointus. L’écolière est hissée sur les reins de la plus vigoureuse des sous-maîtresses, qui lui tient les bras, tandis que l’autre lui tient les jambes écartées, laissant entrevoir, sous les fesses bien épanouies, pour recevoir la verge, la fente vermeille de la grotte d’amour. La machine se met en mouvement. Miss Pirouett s’avance, la verge en l’air, menaçant le blanc postérieur, adorablement potelé, d’un satin éblouissant ; flic, flac, la verge retombe sur le gros fessier, y laissant à chaque coup une ligne rose ; mais malgré le bruit que fait la verge qui résonne sur les chairs tendues, on devine que la fausse institutrice ne met pas dans la correction qu’elle inflige, la rigueur ni la cruauté des véritables fouetteuses d’Outre-Manche. Cependant la fustigée gigotte plaisamment, comme une écolière qui sait bien sa leçon ; chaque coup de verge fait bondir le gros postérieur ; les fesses s’écartent, se referment brusquement, lorsque le tableau vivant repasse, car Miss Pirouett accentue la correction quand le spectacle est sous nos yeux, s’arrangeant à faire plus de bruit que de mal, quand on ne la voit pas ; la fouettée cependant demande grâce, en poussant des cris perçants, mais l’inflexible maîtresse ne lui fait pas grâce d’un coup. Quand le tableau revient, les fesses de l’écolière sont cramoisies, mais ses cris se sont apaisés et quand la plaque s’arrête, elle se frotte lascivement sur les reins de sa porteuse comme une chatte en rut.




8e TABLEAU

LA VÉNUS LESBIENNE. (Apothéose.)


Au lever du rideau, Miss Pirouett, debout, toute nue, la luxuriante chevelure blonde l’enveloppant comme d’un réseau de franges d’or, se tient sur un piédestal, représentent la déesse qu’on adore à Lesbos, la Vénus Lesbienne. Agenouillées devant le piédestal, les huit bayadères, toutes nues, le front dans la poussière, adorent la déesse. Les croupes élevées, laissant voir entre les cuisses écartées la fente aux lèvres vermeilles, qui bâille toute seule dans cette aimable posture. Vénus, les bras croisés sur la poitrine, au-dessous de la gorge, dont les pointes menacent le ciel, nous laisse admirer tout le corps, jusqu’au petits pieds blancs et roses ; au-dessous du nombril qui fronce le ventre blanc et poli, la belle toison aux poils d’or descend jusqu’à la fente qu’elle cache à nos yeux.

La machine, en tournant, nous offre tous ces beaux corps de profil, qui bientôt reviennent, se montrant sous un autre aspect ; et quand la plaque est revenue au point de départ, les adoratrices se lèvent, et se précipitent vers la blonde déesse, pour lui offrir leurs hommages. Quatre d’entre elles se partagent ses charmes ; celle-ci va sacrifier dans le temple de l’amour, celle-là dans l’humble église voisine ; les deux autres montent sur des escabeaux, l’une pour lui prendre les lèvres dans les siennes, l’autre les seins, chacune contribuant par ses tendres hommages à enchanter ce beau corps. Les quatre bayadères, inoccupées, s’enlacent deux à deux, et, étroitement unies, elles se frottent lascivement le bas du ventre, les yeux dans les yeux, la bouche sur la bouche. Quand le tableau revient les ineffables caresses, que prodiguent quatre bouches ardentes, ont mis le feu partout, et la Vénus Lesbienne, qui tremble de tous ses membres, est secouée par les plus doux transports.

C’est au tour des quatre autres de venir sacrifier sur les deux envers sacrés de l’autel à la romaine. Les deux adoratrices du milieu prient déjà avec ferveur, chacune dans son tabernacle ; les deux autres montent vers les seins et vers la bouche, pendant que les adoratrices, qui viennent de faire leurs dévotions, s’étendent l’une sur l’autre renversées, devant le piédestal, se léchant le clitoris réciproquement, brûlant ainsi au nez de la déesse de Lesbos, l’encens qu’elle préfère.

La plaque tourne toujours, nous ramenant le ravissant spectacle ; les adoratrices prient toujours avec la même ferveur, leur prière est un peu plus longue cette fois, mais quand elles la terminent, leurs hommages sont exaucés par une petite pluie de faveurs, qui tombent en perles de rosée du temple de l’amour sur les Lesbiennes en prière.



Lèvres de Velours, vignette fin de chapitre
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