Justice aux Canadiens-Français !/Chapitre XI

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XI


Vous me permettrez de ne pas partager votre manière de voir en ce qui touche la propreté intérieure des bâtiments de l’Université Laval, à Québec.

Là où vous avez constaté que tout était « sale et mal tenu, » j’ai admiré, pour ma part, l’ordre et la netteté des différentes salles que j’ai visitées.

Vous voulez à toute force représenter les Canadiens comme des êtres malpropres, leurs écoles comme des taudis, et vous semblez oublier que toute critique outrée frise de bien près l’invraisemblable.

Parlant de notre grande université canadienne-française, ou plutôt de sa succursale à Montréal, vous assurez que celle-ci a été établie pour « étouffer dans l’œuf l’Université Victoria, de la Province d’Ontario, laquelle y possède également une succursale. »

C’est là une erreur qu’il convient de relever.

L’Université Victoria, sous le contrôle de l’église méthodiste, est établie à Cobourg, dans la province d’Ontario. Elle ne possède pas de succursale à Montréal. L’École de Médecine et de Chirurgie de cette ville lui est simplement affiliée.

L’Université Laval ne pouvait donc songer à étouffer une rivale qui n’existait pas.

En 1876, une extension des facultés de Laval a été faite en faveur de Montréal, pour procurer à cette ville tous les avantages de cette université ; c’est-à-dire que l’on a augmenté le nombre des professeurs des différentes facultés, pour permettre de donner à Montréal le même enseignement qu’à Québec.

Depuis lors, des efforts ont été faits pour rendre la branche de l’Université Laval de Montréal indépendante de celle de Québec ; certaines réformes ont été également jugées nécessaires pour le plus grand bien de l’instruction supérieure dans la province.

Ces réformes ont été la cause d’une agitation qu’il ne convient pas d’apprécier ici, avec d’autant plus de raison que la question est loin d’être réglée. Le pape est intervenu, cela est parfaitement vrai, mais il n’a rien « prononcé d’office, » et les « légitimes mécontentements » que vous signalez, proviennent de divergences d’opinion qu’il convient, à tout le moins, de respecter, en tant qu’elles demeureront dans les limites de la bienséance, et du respect dû à l’autorité pontificale.


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