Joyeusetés galantes et autres/XXXVII. — Musique militaire

Joyeusetés galantes et autresA l’Enseigne du Beau Triorchis (Mlle Doucé) (p. 127-128).

XXXVII

MUSIQUE MILITAIRE

Un rayon de soleil, à travers la croisée,
Est entré brusquement dans la chambre apaisée
Où nous avions baisé toute la nuit. Glissant
Sur le lit, il se vint arrêter, frémissant,
Sur ta cuisse imposante. Au même instant, musique
En tête, un régiment passait, doux, pacifique,

Allant à la manœuvre : un régiment belge. Or,
Cet orchestre guerrier et cette barre d’or
Que le soleil laissait, comme un filet de paille,
Zigzaguer, de ta fesse énorme à la muraille,
Ma fille ! tout cela m’émut profondément.
Je retrouvai soudain mon courage d’amant ;
Un même désespoir d’amour mit dans nos âmes
Une jumelle ardeur de foutre… et nous baisâmes,
Heureux et confiants, sous la clarté des cieux,
Cependant que montait dans l’éther spacieux,
Où chaque atome vibre, et palpite, et frissonne,
Le refrain cher à Rops, la mâle Brabançonne !