Joyeusetés galantes et autres/XIV. — Entr’acte

Joyeusetés galantes et autresA l’Enseigne du Beau Triorchis (Mlle Doucé) (p. 57-58).

XIV

ENTR’ACTE

Ô blonde ! cependant que vous éclaboussiez
Les bourgeoises, avec l’éclat de votre grâce,
Jeune, et pourtant au bras du plus vieux des huissiers
Moisis dans une étude où suinte la crasse ;

Pendant que vos cheveux secouaient ces aciers
Vivants, dont le reflet excitant embarrasse

Le regard curieux des fous extasiés
Qui, malgré votre époux, devinent votre race,

Saviez-vous qu’à l’écart, seul et vous contemplant,
Admirant votre bras superbe et nonchalant,
Qui posait sur le bord fané de votre loge,

Un poète lyrique aux ardeurs d’étalon,
Ivre, et ne sachant mieux formuler votre éloge,
Silencieusement mouillait son pantalon ?