Joyeusetés galantes et autres/II. — Les Petites Filles
II
LES PETITES FILLES
Deux à deux, la main dans la main, petites,
Pleines de tapage et de cris, mêlant
La rose pourprée et les clématites
Sur leur joue où danse un rayon tremblant,
J’aime à voir passer les petites filles
Allant à l’école avec leur panier
Qui, de leur bras nu, pend sur leurs guenilles,
Essaim babillard frais et printanier !
Leur joue est malpropre, et des mèches folles
De cheveux épars tombent dans leurs yeux ;
Leurs bonnets déjà font des cabrioles
Qui charment le cœur sensible des vieux.
Je vous suis avec amour, ô gamines !
Mon nœud, que vos doigts vont tenir,
Frissonne devant vos petites mines,
Ô cons enfantins qu’ouvre l’avenir !
Toutes baiseront ! Ô saisons prochaines
Hâtez-vous ! gonflez ces frêles bourgeons,
Pour faire oublier les gorges malsaines
Aux plis effrontés, où nous pataugeons…