Joyeusetés galantes et autres/I. — Vere novo
I. — Vere novo (1866)
I
VERE NOVO
En mai, le mois où l’on bande,
Les Désirs sortent par bande
Et vont battre les buissons ;
La plaintive Philomèle
Sait des horreurs, et les mêle
À ses plus tendres chansons.
La grotte s’ouvre et se ferme
Comme un con buveur de sperme ;
Les crapauds sur le chemin
Tirent quelques coups moroses ;
On voit courir dans les roses
Les Amours, la pine en main !
La vierge, dans le mystère
De sa chambre solitaire,
Caresse un godemichet ;
Le collégien imberbe
Trouve une mine superbe
À son vit qu’il éméchait ;
Et les pines centenaires,
Pareilles aux vieux tonnerres
Éventés depuis longtemps,
Crachent un reste foutre
Lentement formé dans l’outre
Des testicules flottants !