Jours d’Exil, tome II/Las Coplas de los Ciegos

Jours d’Exil, tome II
Las Coplas de los Ciegos


LAS COPLAS DE LOS CIEGOS.




Madrid, Agosto 1853.



I


208 Le ciego fait danser la jeunesse aux accents de la guitare. Il récite des coplas toujours applaudies. Il chante :

« Ole ! Paquita, Dolores, Ysabel ! la petite Carmen ; Iñès, Lola et Pepa, les lutines ! Ole ! Concha, fille nonchalante, et toi, Ramona, l’infatigable, qui ne laisses pas dormir ton amant ! — Ole ! Ole !

« Bois vieux et jeune garçon facilement s’enflamment. Craignez 209 le feu de la résine et les prunelles des filles de quinze ans, plus ardentes que des charbons. — Ole !

« Que l’acier rougisse dans les forges de Burgos. Les gentils hommes de Valence, los ricos hombres, les compagnons du Cid sont partis pour la guerre. Chacun d’eux a promis deux têtes d’Abencerrages à la préférée de son cœur. Nous avons vu l’éclat de leurs armures ; elles éblouissaient le soleil. Ils reviendront vainqueurs avec des épées aiguisées sur les os des infidèles ! — Ole !

« Le sultan — el rey chico — le sultan Boabdil a fait un rêve, un rêve effrayant. Les voûtes de l’Alhambra se sont entr’ouvertes sur sa tête. Il a lu la perte de son khalifat dans les traits de la foudre. La main du Dieu fort s’est abaissée sur lui. — Ole !

« Depuis ce songe, son grand cimeterre est moins tranchant que la quenouille de nos grand-mères ; on ne l’a plus vu teint de sang. — Ole !

« Le Khalife de Grenade a de belles filles dans ses harems, mais la dernière bergère des Asturies est plus digne d’amour que la courtisane favorite du sultan Boabdil. — Ole !

« Malheur à la vierge chrétienne qui chercherait l’amour dans les yeux d’un Maure ; elle y trouverait la pointe d’un couteau catalan. — Ole !


« Le plus précieux privilège de nos reines est de choisir leurs galants parmi les beaux garçons des Espagnes. La royale fille de Naples, Marie-Christine la belle, a pris pour époux le très excellent seigneur Muñoz ; elle a passé l’anneau ducal à son doigt. La reine Christine a de bons yeux : il y a peu d’hommes aussi beaux plastiquement que le duc de Rianzares. — Ole !


« Le soleil trouve la terre d’Espagne plus belle que les autres terres. Il ouvre de grands yeux pour la voir tout le long du jour ; il l’incendie pour lui mieux prouver son amour. — Ole !

« Terrible le matin, il se reflète sur les aiguilles des monts et les arêtes des vagues qu’il rougit comme de jeunes filles. Le soir, elles pâlissent, verdissent, et semblent mourir, épuisées qu’elles sont par son amour. — Ole !

« Il est si riche et si beau, le roi du monde qu’il lui faut plusieurs maîtresses à l’année ! L’hiver, il s’étend sur la mer de Cadix, baisant de sa lèvre brûlante la cité magnifique. Au printemps 210 il s’enivre du parfum des fleurs d’Andalousie. L’été, il aime à prendre des bains de neige sur la gorge blanche des Sierras. Pendant l’automne, il se prélasse dans les allées de la Fontaine Castillane, souriant aux filles des grands d’Espagne, plus fier que le plus fier des hidalgos. — Ole !


« Les vins de France sont verts comme du vinaigre. Les Anglaises sont froides et blondes comme la progéniture des Albinos. Versez-moi le Jerès aux flots d’or ! que je morde aux crinières des jacas andalouses, noires comme le royal manteau de la nuit. — Ole !

« La Madrilègne est fière et dédaigneuse. Quel regard de mépris elle abaisse en passant sur tous ceux qui l’admirent ! Mais aussi comme elle aime celui qui sait gagner son cœur ! Un rayon de soleil s’est égaré dans ses yeux ; c’est la femme qu’on poursuit et qu’on adore malgré tout. — Ole !

« Puis, vole, souveraine de l’humanité ; serre-toi, frileuse, dans ta mantille. Marche seule en avant ; que ton amant te suive comme il pourra ; les hommes ne sont pas dignes de porter ton éventail. — Ole !


« Tout le long de la nuit les serenos chantent sous les balcons, les chats s’ébattent dans les gouttières, et les cailles amoureuses se répondent d’une fenêtre à l’autre. Cela réveille les maris ; mais tant que leurs femmes ne s’en plaindront pas, on conservera les serenos. — Ole !

« Le cavalier et son cheval vivent de la même vie. Mon cheval rouge hennit après la jument blanche. Et moi qui suis son maître, je hennis après la fille aux beaux yeux. — Ole !

« Pendant toute l’année, les pâtres et les porteurs d’eau de Galice attendent l’arrivée des mages. Et quand vient le jour de l’Épiphanie, ils courent trois à trois, comme des possédés. Ils courent d’une place à l’autre, à la plaza de la Constitution, à la plaza del Oriente, à la plaza San-Bernardo, pour les voir arriver. Ils courent avec des torches, ils courent à perdre haleine. Et quand ils s’arrêtent au milieu d’une place, ils dressent leur échelle en l’air ; le plus croyant appelle les rois du côté de l’Orient ; les deux qui le soutiennent, crient : Les rois viennent, les rois viennent, avec leurs belles robes d’or — vienen los reyes ! — Ole !

211 « Niña ! tes grands yeux étincellent sous la mantille comme l’éclair sur le sein de la tempête. Je croyais voir une goutte de sang dans ta chevelure d’ébène, mais c’est un œillet plus rouge que la liqueur des artères. Je veux puiser la vie dans l’éclat de tes yeux ; et si je meurs que tes cheveux me servent de linceul ! — Ole !

« Il court par Madrid une atmosphère de femme qui transporte l’homme de désirs. À la pointe du jour, quand s’éveillent les palomas caressantes, la manola paraît à son balcon. Les oiseaux d’amour connaissent sa voix sauvage ; ils y répondent par leurs roucoulements. Le soir, elle revient à la même place pour s’enivrer des soupirs de la sérénade. — Ole ! Ole !


« L’été, vous chercheriez en vain le Mançanares dans la campagne de Madrid. Il n’y a que les entrepreneurs de romans français qui l’aient découvert et décrit. Le pauvre ruisseau se cache tout honteux dans les sables pour échapper à la poursuite des lazzis castillans. Le magnifique pont de Toledo ressemble à un vieux fat bien attiffé qui ne trouve pas sa belle au rendez-vous. — Ole ! Ole !


« Hier, le grand taureau de Navare broutait la sauge amère sur les rives de l’Èbre impétueux. Aujourd’hui le voilà qui beugle dans l’arène. Il est fier de sa devise, de son poil luisant, de son large poitrail. Ses grands yeux pleins de bravoure ne font pas plus peur à nos filles que ceux de leurs novios. — Ole !

« Le taureau, le beau taureau, le taureau roux se précipite sur les épées brillantes, comme le guerrier téméraire sur les multitudes ennemies. La mort l’attend. Les mules au dos patient emporteront sa dépouille. Ainsi les domestiques obséquieux font valoir leurs services quand les vaillants sont morts. — Ole !


« Maintenant la sueur découle de vos fronts, vous n’avez plus d’haleine. Allez vous étendre sur les fleurs des prairies ou dans les coupes de marbre des fontaines. C’est la saison des fruits délicieux, des pêches de Sarragosse, des chufas de Valencia, des sandias aqueuses ; les eaux glacées courent sous les platanes. Rêvez en plein soleil comme des chattes voluptueuses : c’est ainsi qu’on rêve en Espagne. Du bout de vos doigts effilés prenez l’azucarille et jouez avec en le plongeant dans l’eau… Moi je chanterai :


II


212 « Je chante, je chante… Et pourtant je suis privé de la lumière des cieux !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !

« Je suis le vieux ménestrel, l’Apollon en cheveux blancs autour duquel fillettes et garçons se pressent dans les jours de fête. Je suis le Malheur qui fait danser la Joie, la tristesse qui ranime la Gaité, l’aveugle qui conduit ceux qui voient clair.

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Ma fidèle guitare, c’est ma maîtresse et ma fille, le seul bien qui me reste sur terre, la sensible, la sonore qui me permet d’échanger mes pensées avec les hommes, la seule corde qui me rattache encore à la vie !

« L’harmonieuse, la merveilleuse ! je lui fais redire tout ce que je veux, à ma guitare fidèle : les sermons des curés et les déclarations des amoureux, les vérités et les contes, les nouvelles et les légendes. Je la fais rire et pleurer ; chez les grands, je modère sa franchise ; chez les petits, je rends ses accords plus bruyants et plus libres. J’annonce la bonne aventure aux jeunes filles et la mauvaise aux maris.

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Je chante les combats et l’astre du jour qui les éclaire. Je chante les amours et l’astre des nuits qui leur prête sa discrétion bienveillante. Vous, jeunes filles que j’adorais, je vous chante. Et vous, marguerites des prés, joncs en fleur, flots du Guadalquivir qui les faites éclore… Et toi, ma belle Andalousie, terre de grâce et de bonheur que je ne reverrai plus… Et toi, la brune Séville : je vous chante aussi !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Rois des rois, soleil, je t’aimais tant ! Quand je vins au monde tu parus au sommet de la Sierra des neiges, tu brillas sur mon 213 front. Ma mère y vit un heureux présage et tout le jour suivit ta course dans les cieux. Quand tu fus au plus haut de la voûte, elle rêva que je deviendrais grand. Quand tu plongeas, tranquille, dans les vagues des mers, elle espéra que ma mort serait exempte de douleurs.

« Soleil ! tu ne m’as pas apporté la gloire. La déesse dédaigneuse n’agrée les hommages du pauvre que lorsqu’il a gagné des palais pour la recevoir. Mais tu m’as aveuglé, soleil ! et je traîne après moi la plus cruelle des morts !

« La Mort qui n’a plus ni rires ni pleurs dans ses yeux blancs ! La Mort qui s’assoupit le jour et veille la nuit ! La Mort qui ne connaît plus le Sommeil, son frère ! La Mort qui chante le soir pour gagner le pain du matin ! La Mort de l’aveugle maudit dans sa personne, dans celles de sa femme et de ses enfants ! La Mort de l’aveugle cheminant à tâtons vers une tombe qui recule toujours !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Et je te sens, soleil terrible ! Tu es là, sur mes yeux, sur mon cœur ; tu cours sur mes bras, sur les cordes de ma guitare. Toi qui embrases le nuage, calcines la poussière, fends pierre et terre ; toi qui dessèches les torrents et fais éclater l’olivier : rouvre mes yeux, soleil ! mes yeux sont moins durs que le fer.

« L’alcool est-il devenu froid comme la glace des pôles ? L’étincelle n’allume-t-elle plus la poudre ? Quand tout nage dans ta mer de feu, soleil ! moi seul, le plus ardent des êtres, t’invoquerai-je en vain ?

« Personne ne devrait être aveugle dans l’Espagne dorée, car nos yeux bruns sont le miroir de l’astre de lumière comme les yeux verts du Livonien sont le miroir des eaux. Pourquoi mes sourcils touffus et mes longs cils n’ont-ils pas été brûlés aussi ? Hélas ! parce qu’on n’arrache pas les cyprès qui protègent les tombes !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Jeunes filles qui pouvez lire dans les yeux de vos amants, profitez des beaux jours ! Les nuages accourent vite dans l’atmosphère limpide ! le Malheur recherche les existences souriantes pour égayer sa morne tristesse. À moi comme aux autres des vierges plus fraîches que l’Aurore ont tendu leurs lèvres avides ! Et maintenant……

214 « Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Jeunes garçons, brisez les couteaux aux lames meurtrières. Ce sont des armes trop courtes pour atteindre l’ennemi dans les batailles, et toujours trop longues quand vous les dirigez contre un ami. Croyez-moi : j’ai su trop bien aussi manier la navaja. Et je suis resté comme la Colère : aveugle, stupide, plein de remords !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Donnez ce que vous avez sur vous : argent ou cuivre, fleurs ou faveurs de soie. Gardez l’or pour la reine, et la monnaie fausse pour les Gitanos. Donnez un baiser à mon enfant, un morceau de pain au chien qui me guide. J’ai cet avantage sur les autres hommes que je ne puis voir ce qui brille ; ainsi je comprends mieux la pression des mains et le langage du cœur.

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


III


« Ole ! Ole ! reprenons la danse. Et je vous dirai ce que disent les fleurs.

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Cueillez-nous, disent les fleurs. Nous sommes belles à voir et nos haleines sont embaumées. Nous aimons que notre beauté soit rehaussée par les femmes qui nous portent. Quand nous sommes écloses, nous n’avons plus rien à puiser dans le sein de la terre, et les baisers des vents nous dispersent bientôt loin de ceux qui nous ont vu naître.

« Cueillez-nous ! La mort ignorée nous effraie. Portez-nous dans vos fêtes, admirez-nous un instant seulement. Car nous naissons par milliers sous les pas des hommes, et les pleurs de la nuit nous reproduisent en bien plus grand nombre qu’on ne saurait nous détruire.

215 « Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Aimez-nous, disent les jeunes filles. Nous sommes ravissantes, et la reine des haies, la rose églantine, n’est pas plus parfumée que nos cheveux. Quand nous avons quinze ans, nous ne savons plus que devenir sous les jupons de nos mères ; il nous faut des amants qui promènent nos grâces dans les pays lointains. Toute mort nous paraîtrait effrayante qui ne nous prendrait pas dans les transports d’amour !

« Le monde nous défend de parler, mais nous savons faire jaser les fleurs. Nous effeuillons la marguerite et la marguerite répond toujours selon nos désirs. Nous promettons beaucoup d’amour à qui sait nous comprendre. Nous portons des bouquets de pervenches et d’œillets rouges ; l’œillet rouge signifie passion, et la pervenche espoir : ne les laissez pas flétrir !

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Dans la saison bénie du printemps, quand l’amour fait frissonner la terre, les ruisseaux, le brin d’herbe, les branches embaumées du peuplier et la gorge du rossignol ; quand Phœbé, la chasseresse, mire ses doux yeux dans le feuillage du saule, son arbre favori ; quand l’air est agité par les soupirs des mondes....

« Nous, pauvres filles des hommes, enivrées par le bruit des concerts, par le luxe des toilettes ; nous qu’on étouffe avec l’encens des louanges, on voudrait nous voir mourir sans être aimées ! Oh non, rien ne tombe au printemps ; ni les feuilles, ni les poitrinaires. Rien ne pleure que la sève, la mère des fleurs. Et ce sont des larmes de joie !

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Les plaines poudreuses de la Castille sont chères à la déesse des moissons. Les plus belles pommes d’or croissent sur la terre andalouse où les femmes se disputent le prix de la beauté. Dans les montagnes du Basque s’élèvent le sapin, le premier-né des fils d’Europe, et le châtaignier dont les fruits nourrissent les hommes forts. Les plantes, les arbres et les fleurs célèbrent les harmonies universelles.

216 « Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Le blé veut dire or et richesses ; la rose, beauté ; le lys, grâce ; la rue, délire des sens ; l’anémone, caprice éphémère ; la violette, modestie trompeuse ; le narcisse, vanité ; la tulipe, beauté froide ; le chêne, force et simplicité ; l’olivier, paix ; la grenade, passion et constance ; le laurier, gloire ; l’oranger, blancheur, virginité, prémices d’amour ; la belle des jours est éclatante et fière, la belle des nuits est rêveuse et tendre. L’éclat et le parfum des fleurs nous invitent à les cueillir.

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Les pétales de l’amandier paraissent dans les premiers jours d’avril. Leur essence infinie fait pénétrer l’amour dans l’être. Le soleil sourit à la terre qui s’éveille. Ainsi l’amour des Espagnoles naît quand elles ont quatorze ans et remplit le cœur de l’homme d’espérances divines. L’amour est le soleil de la vie. La branche d’amandier est la promesse de la saison nouvelle.

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Sur les rives des fleuves du Nord vient le myosotis qui recherche l’ombre parmi les herbes glauques et ne répand point de senteur. Ainsi les filles d’Allemagne. Sur les rives des fleuves du Midi vient la menthe qui s’élance vers les astres et attire par son odeur. Elle élève fièrement sa belle chevelure au-dessus des plantes qui l’entourent. Ainsi la fille d’Espagne porte sa tête altière sur son cou gracieux. Laquelle choisirez-vous des deux fleurs azurées ?….

« La menthe est bleue comme l’œil des vierges ; ses feuilles sont soyeuses comme leurs mains. La menthe est la fleur des nuits de vervenas, celle que les garçons offrent aux filles en les regardant jusqu’au fond de l’âme, pour apprendre leurs secrets.

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Savez-vous ce que contait l’autre matin la Laurence à sa mère quand elles allaient toutes deux, comme de braves matrones, 217 chercher la sabine dans les buissons ? Et ce que lui répondait sa mère, la vieille Inësilla, qui jamais ne se laissa manquer de rien ? Écoutez leur intéressante conversation :

« — Ma mère, ma mère ! je suis enceinte !…
» — Ma fille, ma fille ! et de qui ?…
» — De M. le curé, Vierge sainte !…
» — Ma fille, ma fille !… moi aussi !!…[1] »

» Voilà ce que savent faire nos padrones !… Des malheureux de plus dans cette vallée de larmes !

» Heureux l’étudiant à qui sa maîtresse passe dans la boutonnière le premier rameau de l’aubépine fleurie ! L’aubépine est propice aux rendez-vous du soir. Eh ! si vous vous aimez bien, soyez heureux et moquez-vous de ce qu’on en dira ! Allez en vous pressant la taille, allez errer sous les tilleuls du Retiro royal ! Que V. V. M. M. se divierten muy bien ! Mais défiez-vous des gardes de Paquito, les plus moraux des hommes, et ne foulez pas trop les pauvres fleurs !

» Car les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre. »



  1. Traduction libre de cette chanson populaire :
    Madre mia, soy impreñada, etc., etc.