Journal de la comtesse Léon Tolstoï/Troisième partie/Chapitre XV

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27 février 1877.


Aujourd’hui, en relisant le journal de Liovotchka, j’ai acquis la conviction que je ne pouvais pas écrire sa biographie. Sa vie intime est si complexe. La lecture de ses cahiers me bouleverse à un tel point que mes idées et mes sentiments s’embrouillent et que je suis incapable de regarder tout cela d’un œil raisonnable. Il m’est pénible de renoncer à mon rêve. Je peux prendre des notes sur sa vie actuelle, enregistrer ses propos et ce qu’il me raconte de son activité intellectuelle. Je m’efforcerai de le faire consciencieusement et de n’être pas paresseuse. Il est à Moscou où il s’est rendu pour corriger les épreuves de la livraison de février et pour consulter Zakharine au sujet de ses maux de tête et des ses congestions.
Ces jours derniers, lorsque j’ai demandé à Liovotchka de me conter un épisode de sa vie, il m’a répondu : « Oh ! je t’en prie, ne me demande pas cela, les souvenirs me troublent infiniment et je suis déjà trop vieux pour revivre en pensée toute mon existence. »

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