Journal (Eugène Delacroix)/4 février 1850

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 411-412).

Lundi 4 février. — Faire à Saint-Sulpice[1] des cadres de marbre blanc, autour des tableaux ; ensuite cadres de marbre rouge ou vert, comme dans la chapelle de la Vierge, et le fond du tout en pierre avec ornements en pierre, et imitant l’or, comme les cuivres dorés de la même chapelle. (Si on pouvait faire les cadres en stuc blanc.)

La dimension du plafond est de 15 pieds[2].

— Magnifiques tons d’ombre reflétée dans une chair rouge : vert cobalt, vermillon Chine, ocre jaune ; je l’ai employé pour fondre les touches de terre de Sienne brûlée et autres tons chauds qui formaient la préparation des hommes qui regardent par le trou, dans le Daniel.

Les clairs, sur ces préparations, peuvent se faire et ont été faits avec laque fixe, ocre jaune et blanc.

L’ocre jaune pur, ton le plus vrai et le plus frappant pour les lions.

  1. Pour l’inauguration de la chapelle, Delacroix envoya une invitation datée du 29 juin 1861. Il expose ainsi les sujets de la décoration :
    « M. Delacroix vous prie de vouloir bien lui faire l’honneur de visiter les travaux qu’il vient de terminer, dans la chapelle des Saints-Anges, à Saint-Sulpice. Ces travaux seront visibles au moyen de cette lettre, depuis le mercredi 21 juin jusqu’au 3 août inclusivement, de une à cinq heures de l’après-midi. Première chapelle à droite en entrant par le grand portail.
    Plafond. L’archange saint Michel terrassant le démon.
    Tableau de droite. Héliodore chassé du temple. S’étant présenté avec ses gardes pour en enlever les trésors, il est tout à coup renversé par un cavalier mystérieux : en même temps, deux envoyés célestes se précipitent sur lui et le battent de verges avec furie, jusqu’à ce qu’il soit rejeté hors de l’enceinte sacrée.
    Tableau de gauche. La lutte de Jacob avec l’anqe. Jacob accompagne les troupeaux et autres présents à l’aide desquels il espère fléchir la colère de son frère Ésaü. Un étranger se présente qui arrête ses pas et engage avec lui une lutte opiniâtre, laquelle ne se termine qu’au moment où Jacob, touché au nerf de la cuisse par son adversaire, se trouve réduit à l’impuissance. Cette lutte est regardée par les Livres saints comme un emblème des épreuves que Dieu envoie quelquefois à ses élus.  »

    (Voir Corresp., t. II, p. 200 et 201.)

  2. Voir Catalogue Robaut, no 1341.