Journal (Eugène Delacroix)/30 avril 1858

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 329).

30 avril. — Mon pauvre Soulier[1] est venu me voir aujourd’hui ; j’en ai eu beaucoup de plaisir. Il est vieux, souffrant. Il est heureux de ses enfants ; mais il est bien isolé dans son coin ; point de distractions et de consolations.

  1. Delacroix écrivait à Soulier, le 6 décembre 1856 : « Quand boirons-nous à la santé de nos souvenirs ? Quand viendras-tu ? Comme j’ai à peu près renoncé à lire, surtout le soir, j’ai des moments d’inoccupation apparente, qui ne sont pas du tout cet ennui dont je parlais tout à l’heure : je ferme les yeux, ou je regarde le feu de la cheminée. Alors je rouvre un livre fermé déjà à beaucoup de chapitres dans ma mémoire, et je retrouve de délicieux moments, et en première ligne ceux que nous avons passés ensemble. Je ne passe jamais sur la place Vendôme sans lever les yeux vers cette mansarde que nous avons vue si joyeuse. Que d’années depuis tout cela, que de vides ! » (Covresp., t II, p. 151.)