Journal (Eugène Delacroix)/28 janvier 1847

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 252-253).

28 janvier. — Que la nature musicale est rare chez les Français !

— Travaillé au Valentin et à la copie du petit portrait de mon neveu.

— Éclairs, tonnerre vers quatre heures, avec grêle violente.

— Dîner chez Mme Marliani[1] ; elle va passer un mois dans le Midi. J’ai revu chez elle Poirel, avec lequel je me suis plu. Chopin y était ; il m’a parlé de son nouveau traitement par le massage ; cela serait bien heureux. Le soir, un M. Ameilher a joué d’une guitare bizarre, qu’il a fait faire, suivant ses idées particulières. Il n’en tire pas, à mon avis, le parti nécessaire pour faire de l’effet, il joue trop faiblement. C’est la manière de tous les guitaristes de ne faire que de petits trilles, etc.

— Revenu avec Petetin[2], qui m’a parlé économie et placement d’argent. Il m’a dit qu’il est surprenant combien en peu de temps avec ces deux moyens, bien entendus, on peut augmenter sa fortune.

  1. Delacroix avait connu la comtesse Marliani chez George Sand. Son mari, le comte Marliani, compositeur et professeur de chant, fit représenter au théâtre Italien plusieurs opéras, notamment le Bravo.
  2. Anselme Petetin, administrateur et publiciste. Il fut successivement préfet et directeur de l’Imprimerie nationale.